t-3
LA CHRONIQUE DES ARTS
PETITES EXPOSITIONS
DÉSIKÉ LUCAS — ANTOON VAN WELIE
14° EXPOSITION DES FEMMES ARTISTES
M. Désiré Lucas est un artiste conscien-
cieux, épris de son art. Cantonné en Bre-
tagne, il s'attache aux intimités rustiques et
décrit avec amour les pierres, les choses et
les gens. Son métier est précieux, raffiné.
Devant les murailles qu'il brosse «m se sou-
vient parfois de Decamps ; tel intérieur de
ferme rappelle les coins de grenier de Théo-
dore Rousseau. Le Benedicile, le Repas des
Paysans sont les plus complètes de ces ima-
ges d'une harmonie indécise, peu puissantes,
mais d'un agrément délicat. L'artiste tra-
verse, en ce moment, une crise : il sort des
pénombres où il se complaisait pour aborder
la lumière franche du jour. De très sérieuses
études au pastel marquent cette évolution,
d'une marche toute logique, toute naturelle, et
dontles résultats scronteertainement heureux.
Les portraits de M. Antoon van Welio of-
frent une intéressante contribution à l'icono-
graphie de notre temps. Le pape, le cardinal
Merry del Val, l'état-major bocr, Do Wet,
Botha, Delaroy, des chambellans, des mi-
nistres et M. Deschanel y figurent, et l'intérêt
de ces modèles est assez grand pour dis-
penser d'analyser le mérite de l'artiste devant
lequel ils ont consenti à poser.
Chez les Femmes artistes, Mmc Galticr Bois-
sière présente des intérieurs d'une notation
délicate et très sûre; Mlie Duranton,dcs inti-
mités originales; M"0 Elisabeth Nourse, des
Bretonnes ; Mmo Séailles, des études ita-
liennes. ,
Léon ROSENTHAIi.
Académie des Inscriptions
Séance du 5 janvier
Fac-similés de miniatures. — M. Dolislo com-
munique les fac-similés des miniatures du second
volume de l'historien Josôphe, ouvrage copié poul-
ie duc do Berry et complété au temps do Louis XI
le célèbre peintre do Tours, Jean Fouquet.
Les miniatures dont il s'agit sont conservées au
par
château de Windsor
Notes sur le Musée de peinture de Turin
Ce musée remarquable n'a qu'un fort; c'est d'être
placé sur le chemin qui conduit à des musées en-
core plus riches et plus célèbres. On no s'y arrête
guère a l'aller ; au retour, on est suturé do ehefs-
d'cuiivrc, et l'on passe vite pour aller so reposer ou
mettre en ordre ses impressions. Mais, quand on
s'y arrête, on est amplement récompensé. Les no-
tes suivantes concernent quelques tableaux dont les
attributions sont à discuter.
— N» 195 « Scuola fiaminga, secolo 1G ». Trip-
tyque. Centre, Adoiation des Bergers; volet
doxtre, Annonciation ; volet senestre, Circonci-
sion.
La couleur générale do ce triptyque est un peu
« papier peint » ; elle fait valoir, par contraste, celle
du grand van Orley voisin (n° 195). Mais le fond
du paysage du panneau central n'est pas a dédai-
gner, avec ses masses d'arbres modelés par des
points lumineux assez bien placés et un lointain do
montagnes pittoresques. La Vierge, et surtout
1 ange do Y Annonciation rappellent d'assez près
les personnages correspondants du triptyque du
musée do Gènes, qui nous a servi de protolvpe
pour baptiser lo Maitre des Adorations. Mais le
tableau de Turin est l'œuvre d'un simple élève do
cet artiste secondaire, dont nous avons rencontré
un bon nombre d'ouvrages dans notre dernière
tournée d'Europe.
— N° 3GG. Jeune femme jouant de la mando-
line, attribué à J. Mostaert.
Les cheveux châtains â raie large, la robe décol-
letée en velours rouge, les mains aux doigts poin-
tus et lo reste conduisent tout droit l'esprit vers le
Maitre des femmes à mi-corps ; lo doute nous pa-
rait impossible.
— N° 331. Portrait d'homme en buste. « Scuola
francese, sccole 1G ».
On lit dans le fond l'inscription : conte de leox-
coim('r) ajoutée sur une autre dont le mot: cardal
est encore déchiffrable. C'est un homme en bonnet
rouge carmin, en manteau à manches vert olive et
à revers de fourrure jaune à taches brunes. Che-
veux châtain-foncé, longue barbe de mémo couleur
en éventail, et longues moustaches châtain presque
clair. Fond châtain assez clair avec transparences
dorées. Celte seule desciiption ferait songer à un
ouvrage de Corneille de Lyon. Ce qui ajoute à la
certitude, c'est: l'impression d'une œuvre peinte
directement d'après nature ; les tons bleuâtres des
ombres dans les chairs ; les cheveux faits do traits
un peu gros, mais doux ; les yeux, dont les pau-
pières supérieures sont indiquées par deux arcs pa-
rallèles ; enlinet surtout les sourcils, assez grasse-
ment exécutés par traits de pinceau obliques, sans
grand souci de la régularité des bords, et prolongés
par les lignes d'ombre de la racine du nez et des ar -
cades sourcilièrcs. Les musées de France et de
l'étranger possèdent un bon nombre d'ouvrages
do ce petit maitre savoureux, cachés sous les ru
briques : « François Clouet » et « Ecole do
Clôuet ». Nous y reviendrons à l'occasion.
N° 380. Les Bulles de savon par « Gérard Don ».
Les fabricants de bulles sont un garçonnet et une
lillette; un chien est endormi sur le rebord de la
fenêtre, à coté d'un pot à fleurs en terre rouge.
Les regards levés, les tons un peu trop rouges
des joues, la distinction moindre et l'exécution
moins fine des chairs, etc., font penser tout de
suite à un bon Slingelandt, dont les ligures sont
plus solidement construites, par exemple, que celle
d'un Gérard Don authentique du même musée : la
Jeune fille à la fenêtre (n° 377), où l'on trouve, en
revanche, plus d'enveloppe et des ombres plus
blondes.
_ 193. Adoration des Mages, par « Jcronimo
Bosch » Nous ne voyons pas en quoi ce grand
tableau (larg. 1 m. 80) a pu suggérer le nom de
Jérôme Bosch. Mais il nous est impossible! do
mettre un nom déterminé à la place do celui-la. Le
LA CHRONIQUE DES ARTS
PETITES EXPOSITIONS
DÉSIKÉ LUCAS — ANTOON VAN WELIE
14° EXPOSITION DES FEMMES ARTISTES
M. Désiré Lucas est un artiste conscien-
cieux, épris de son art. Cantonné en Bre-
tagne, il s'attache aux intimités rustiques et
décrit avec amour les pierres, les choses et
les gens. Son métier est précieux, raffiné.
Devant les murailles qu'il brosse «m se sou-
vient parfois de Decamps ; tel intérieur de
ferme rappelle les coins de grenier de Théo-
dore Rousseau. Le Benedicile, le Repas des
Paysans sont les plus complètes de ces ima-
ges d'une harmonie indécise, peu puissantes,
mais d'un agrément délicat. L'artiste tra-
verse, en ce moment, une crise : il sort des
pénombres où il se complaisait pour aborder
la lumière franche du jour. De très sérieuses
études au pastel marquent cette évolution,
d'une marche toute logique, toute naturelle, et
dontles résultats scronteertainement heureux.
Les portraits de M. Antoon van Welio of-
frent une intéressante contribution à l'icono-
graphie de notre temps. Le pape, le cardinal
Merry del Val, l'état-major bocr, Do Wet,
Botha, Delaroy, des chambellans, des mi-
nistres et M. Deschanel y figurent, et l'intérêt
de ces modèles est assez grand pour dis-
penser d'analyser le mérite de l'artiste devant
lequel ils ont consenti à poser.
Chez les Femmes artistes, Mmc Galticr Bois-
sière présente des intérieurs d'une notation
délicate et très sûre; Mlie Duranton,dcs inti-
mités originales; M"0 Elisabeth Nourse, des
Bretonnes ; Mmo Séailles, des études ita-
liennes. ,
Léon ROSENTHAIi.
Académie des Inscriptions
Séance du 5 janvier
Fac-similés de miniatures. — M. Dolislo com-
munique les fac-similés des miniatures du second
volume de l'historien Josôphe, ouvrage copié poul-
ie duc do Berry et complété au temps do Louis XI
le célèbre peintre do Tours, Jean Fouquet.
Les miniatures dont il s'agit sont conservées au
par
château de Windsor
Notes sur le Musée de peinture de Turin
Ce musée remarquable n'a qu'un fort; c'est d'être
placé sur le chemin qui conduit à des musées en-
core plus riches et plus célèbres. On no s'y arrête
guère a l'aller ; au retour, on est suturé do ehefs-
d'cuiivrc, et l'on passe vite pour aller so reposer ou
mettre en ordre ses impressions. Mais, quand on
s'y arrête, on est amplement récompensé. Les no-
tes suivantes concernent quelques tableaux dont les
attributions sont à discuter.
— N» 195 « Scuola fiaminga, secolo 1G ». Trip-
tyque. Centre, Adoiation des Bergers; volet
doxtre, Annonciation ; volet senestre, Circonci-
sion.
La couleur générale do ce triptyque est un peu
« papier peint » ; elle fait valoir, par contraste, celle
du grand van Orley voisin (n° 195). Mais le fond
du paysage du panneau central n'est pas a dédai-
gner, avec ses masses d'arbres modelés par des
points lumineux assez bien placés et un lointain do
montagnes pittoresques. La Vierge, et surtout
1 ange do Y Annonciation rappellent d'assez près
les personnages correspondants du triptyque du
musée do Gènes, qui nous a servi de protolvpe
pour baptiser lo Maitre des Adorations. Mais le
tableau de Turin est l'œuvre d'un simple élève do
cet artiste secondaire, dont nous avons rencontré
un bon nombre d'ouvrages dans notre dernière
tournée d'Europe.
— N° 3GG. Jeune femme jouant de la mando-
line, attribué à J. Mostaert.
Les cheveux châtains â raie large, la robe décol-
letée en velours rouge, les mains aux doigts poin-
tus et lo reste conduisent tout droit l'esprit vers le
Maitre des femmes à mi-corps ; lo doute nous pa-
rait impossible.
— N° 331. Portrait d'homme en buste. « Scuola
francese, sccole 1G ».
On lit dans le fond l'inscription : conte de leox-
coim('r) ajoutée sur une autre dont le mot: cardal
est encore déchiffrable. C'est un homme en bonnet
rouge carmin, en manteau à manches vert olive et
à revers de fourrure jaune à taches brunes. Che-
veux châtain-foncé, longue barbe de mémo couleur
en éventail, et longues moustaches châtain presque
clair. Fond châtain assez clair avec transparences
dorées. Celte seule desciiption ferait songer à un
ouvrage de Corneille de Lyon. Ce qui ajoute à la
certitude, c'est: l'impression d'une œuvre peinte
directement d'après nature ; les tons bleuâtres des
ombres dans les chairs ; les cheveux faits do traits
un peu gros, mais doux ; les yeux, dont les pau-
pières supérieures sont indiquées par deux arcs pa-
rallèles ; enlinet surtout les sourcils, assez grasse-
ment exécutés par traits de pinceau obliques, sans
grand souci de la régularité des bords, et prolongés
par les lignes d'ombre de la racine du nez et des ar -
cades sourcilièrcs. Les musées de France et de
l'étranger possèdent un bon nombre d'ouvrages
do ce petit maitre savoureux, cachés sous les ru
briques : « François Clouet » et « Ecole do
Clôuet ». Nous y reviendrons à l'occasion.
N° 380. Les Bulles de savon par « Gérard Don ».
Les fabricants de bulles sont un garçonnet et une
lillette; un chien est endormi sur le rebord de la
fenêtre, à coté d'un pot à fleurs en terre rouge.
Les regards levés, les tons un peu trop rouges
des joues, la distinction moindre et l'exécution
moins fine des chairs, etc., font penser tout de
suite à un bon Slingelandt, dont les ligures sont
plus solidement construites, par exemple, que celle
d'un Gérard Don authentique du même musée : la
Jeune fille à la fenêtre (n° 377), où l'on trouve, en
revanche, plus d'enveloppe et des ombres plus
blondes.
_ 193. Adoration des Mages, par « Jcronimo
Bosch » Nous ne voyons pas en quoi ce grand
tableau (larg. 1 m. 80) a pu suggérer le nom de
Jérôme Bosch. Mais il nous est impossible! do
mettre un nom déterminé à la place do celui-la. Le