DOI issue:
Nr. 33 (3 Novembre)
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.19761#0295
N° 33. — 1906.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2= Àrr.)
3 Novembre.
' 1 ■"'
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉAIENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la CuriosU*
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seme-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Etranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 izt
!_.© ISTurcéro : O fr. 35
PROPOS DU JOUR
N remarque, au foyer de la Comé-
die-Française, un buste de Victor
Hugo qui n'est pas fait pour don-
$£&Ctft ner une grande idée de la sculp-
ture contemporaine, en dépit du grand nom
dont il est signé. Peut-être retiendrait-il
moins l'attention et semblerait-il d'une hon-
nête moyenne s'il se trouvait ailleurs : mais
il souffre fort du voisinage de Houdon et de
Caffieri; il provoque la comparaison et la
supporte mal.
Il est sans doute naturel qu'on ait songé à
mettre dans la maison de Molière une effigie
de Victor Hugo. Elle devait prendre rang clans
la suite des tragiques : après Corneille, après
Rotrou, après Voltaire, comment n'aurait-on
pas voulu rappeler aux regards du spectateur
l'image du poète KÈernanil Mais il parait
bien que si l'on a tenu à s'acquitter de ce de-
voir, on ne s'est pas assez demandé comment
il convenait de le faire. Ce n'était pas tout que
d'installer au foyer un buste de Victor Hugo.
Un écrivain qui a occupé une telle place dans
la poésie et dans le théâtre de son temps, qui
a accompli une révolution, fondé une école,
fixé les règles et donné l'exemple, doté la
scène française du drame lyrique, méritait
un monument qui rappelât quelque chose do
sa puissante personnalité : notre école de
sculpture n'est heureusement pas si pauvre
qu'il fût impossible d'en espérer la création.
Mais il existe chez nous une facilité, que
nous avons souvent déplorée, à négliger les
ensembles et la convenance des ouvrages à
leur ambiance. Les mœurs administratives
qui, depuis longtemps, déjà se sont introdui-
tes dans les arts, ne sont pas de nature à y
remédier. Et cependant, quand une œuvre
contemporaine tient à être placée parmi des
ouvrages illustres, témoins éloquents de leur
époque, ne serait-il pas souhaitable qu'on se
demandât comment elle témoignera à son
tour pour la nôtre?
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés, pendant la dernière
quinzaine :
Le dimanche 21 octobre, à Fresselines
(Creuse), un monument du poète Rollinat,
œuvre du sculpteur A. Rodin ;
Le mercredi 31 octobre, à Paris, sur le
Cours-la-Reine, le monument, dont nous
avions annoncé prématurément l'inaugura-
tion, du poète et critique d'art Armand Syl-
vestre, œuvre du sculpteur Autonin Même.
*** Le Journal Officiel du 28 octobre a pu-
blié 'un rapport où M. Dujardin-Beaumelz,
sous-secrétaire d'Etat des Beaux-Arts, pro-
pose au ministre qu'une somme de 3.000 fr.
soit prélevée sur la dotation inscrite annuel-
lement au budget des Beaux^Arts pour achats
aux Salons, et attribuée, sous forme d'encou-
ragements spéciaux, à des œuvres « conçues
dans un but de décoration ou d'ornementa-
tion______ dessins ou projets de tapisseries et
modèles de vases ou de figurines destinés à
être traduits en porcelaine ou en grès. Une
série de récompenses attribuée à ces dessins
ou modèles doit créer un courant de produc-
tion art:stique et un mouvement d'émulation
dont l'administration des Beaux-Arts sera
finalement appelée à bénéficier pour les ma-
nufactures nationales de Sèvres, des Gobehns
et de Beauvais ».
Le ministre a donné son approbation a
cette proposition.
*** Par arrêtés du 30 octobre 1906, le mi-
nistre de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts a nommé membres du conseil supérieur
de l'enseignement des Arts décoratifs : M. Le-
gastelois, président du comité de 1 Union
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2= Àrr.)
3 Novembre.
' 1 ■"'
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!_.© ISTurcéro : O fr. 35
PROPOS DU JOUR
N remarque, au foyer de la Comé-
die-Française, un buste de Victor
Hugo qui n'est pas fait pour don-
$£&Ctft ner une grande idée de la sculp-
ture contemporaine, en dépit du grand nom
dont il est signé. Peut-être retiendrait-il
moins l'attention et semblerait-il d'une hon-
nête moyenne s'il se trouvait ailleurs : mais
il souffre fort du voisinage de Houdon et de
Caffieri; il provoque la comparaison et la
supporte mal.
Il est sans doute naturel qu'on ait songé à
mettre dans la maison de Molière une effigie
de Victor Hugo. Elle devait prendre rang clans
la suite des tragiques : après Corneille, après
Rotrou, après Voltaire, comment n'aurait-on
pas voulu rappeler aux regards du spectateur
l'image du poète KÈernanil Mais il parait
bien que si l'on a tenu à s'acquitter de ce de-
voir, on ne s'est pas assez demandé comment
il convenait de le faire. Ce n'était pas tout que
d'installer au foyer un buste de Victor Hugo.
Un écrivain qui a occupé une telle place dans
la poésie et dans le théâtre de son temps, qui
a accompli une révolution, fondé une école,
fixé les règles et donné l'exemple, doté la
scène française du drame lyrique, méritait
un monument qui rappelât quelque chose do
sa puissante personnalité : notre école de
sculpture n'est heureusement pas si pauvre
qu'il fût impossible d'en espérer la création.
Mais il existe chez nous une facilité, que
nous avons souvent déplorée, à négliger les
ensembles et la convenance des ouvrages à
leur ambiance. Les mœurs administratives
qui, depuis longtemps, déjà se sont introdui-
tes dans les arts, ne sont pas de nature à y
remédier. Et cependant, quand une œuvre
contemporaine tient à être placée parmi des
ouvrages illustres, témoins éloquents de leur
époque, ne serait-il pas souhaitable qu'on se
demandât comment elle témoignera à son
tour pour la nôtre?
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés, pendant la dernière
quinzaine :
Le dimanche 21 octobre, à Fresselines
(Creuse), un monument du poète Rollinat,
œuvre du sculpteur A. Rodin ;
Le mercredi 31 octobre, à Paris, sur le
Cours-la-Reine, le monument, dont nous
avions annoncé prématurément l'inaugura-
tion, du poète et critique d'art Armand Syl-
vestre, œuvre du sculpteur Autonin Même.
*** Le Journal Officiel du 28 octobre a pu-
blié 'un rapport où M. Dujardin-Beaumelz,
sous-secrétaire d'Etat des Beaux-Arts, pro-
pose au ministre qu'une somme de 3.000 fr.
soit prélevée sur la dotation inscrite annuel-
lement au budget des Beaux^Arts pour achats
aux Salons, et attribuée, sous forme d'encou-
ragements spéciaux, à des œuvres « conçues
dans un but de décoration ou d'ornementa-
tion______ dessins ou projets de tapisseries et
modèles de vases ou de figurines destinés à
être traduits en porcelaine ou en grès. Une
série de récompenses attribuée à ces dessins
ou modèles doit créer un courant de produc-
tion art:stique et un mouvement d'émulation
dont l'administration des Beaux-Arts sera
finalement appelée à bénéficier pour les ma-
nufactures nationales de Sèvres, des Gobehns
et de Beauvais ».
Le ministre a donné son approbation a
cette proposition.
*** Par arrêtés du 30 octobre 1906, le mi-
nistre de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts a nommé membres du conseil supérieur
de l'enseignement des Arts décoratifs : M. Le-
gastelois, président du comité de 1 Union