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La chronique des arts et de la curiosité — 1906

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Nr. 4 (27 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19761#0035
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x" 4. — IOûj

BUREAUX ': 8, RUE FAVART (2' An.)

27 Janvier.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

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Le IT>rvi.:m.éro : O fr. 25

PROPOS DU JOUR

ne peut voir sans révolte ni sans
inquiétude la politique se mêler
■v de nouveau des affaires de notre
haut enseignement. C'est hier
qu'un savant, candidat à une chaire d'assy-
riologie du Collège de France, honoré du
suffrage de ses pairs, proposé par l'Institut,
s'est vu écarter brutalement par ordre minis-
tériel. Dans la noble maison où vit le sou-
venir des Renan et des Gaston Paris, il sem-
blait que le seul souci de la science dût
prévaloir. La politique, venue en intruse,
prétend instaurer dans l'asile par excellence
du haut enseignement libre on ne sait quelle
lamentable orthodoxie électorale.

Il a fallu subir, dans les quinze jours qui
ont précédé la décision gouvernementale, une
campagne où l'ignorance et l'envie s'en don-
naient à cœur joie. Des gens qui, la veille
encore, n'avaient jamais songé à l'assyriolo-
gie proclamaient doctoralement les qualités
requises pour l'enseigner ; on daubait avec
suffisance sur une erreur d'interprétation
commise par le candidat ; on louait la sûreté
de son heureux rival qui, lui, ne s'est jamais
trompé par la raison qu'il n'a jamais déchif-
fré d'inscription ; on faisait de la critique
philologique à l'usage des antichambres de
ministère ; on grossoyait des dissertations
où l'écriture cunéiforme était mise à la portée
des journaux à un sou. Et pourquoi aurait-on
donné d'autres explications au public puis-
que c'est d'elles que les gouvernements se
contentent ?

lie Collège de France semblait, jusqu'à
présent, à l'abri de ces coups misérables ; on

voulait bien admettre que le mérite personnel
en ouvrait seul les portes. Voici que le mé-
rite ne parait plus suffire, et déjà, par un
progrès naturel, on aperçoit que beaucoup
souhaitent qu'il ne soit même plus nécessaire.
Le savoir est une inégalité qui commence
d'être offusquante ; de mystérieux brevets
décernés par les partis au pouvoir feraient
bien mieux l'affaire. Pareil abaissement ne
répugnera-t il pas au bon sens du grand
nombre? Et si le Collège de France, méconnu
et ravalé par ceux-là mêmes qui devraient le
mieux respecter, a besoin d'être défendu,
n'aura-t-il pas pour lui l'opinion de tous
ceux qui veulent conserver intact notre haut
enseignement comme un patrimoine de notre
pays et comme une parure?

Il est question dans la presse, depuis
plusieurs jours, d'une reproduction du Was-
hington de Iloudon, conservé en Amérique,
qu'on s'obstine à vouloir faire accepter par
le Louvre. Outre que cette reproduction en
bronze est peu faite pour servir la cause de
l'œuvre originale, « pensée » et exécutée en
marbre par son auteur, il ne nous semble
pas que le Louvre soit destiné à recevoir une
fonte d'art moderne, qui d'ailleurs, étant
donné le caractère historique de l'oeuvre,
conviendrait mieux à Versailles. Sinon de-
main quelque somptueux Mécène pourra se
croire autorisé à doter le Louvre de fac-
similés en bronze des chefs d'œuvre de l'anti-
quité ou de la Renaissance qui nous man-
quent... « Seigneur, pourrait dire le malheu-
reux conservateur, gardez-moi de mes

amis
 
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