N° 36. — 1906.
BORÉAUX : 8, RUE FAVART (2= Afr.)
24 Novembre
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A. LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à h Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 ilt
Le OSTurD-éro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
ç^/^î|JiàN annonce que le gouvernement
vEÎi^l. franÇa^s renonce à acheter le
vVC**/'^ palais Farnèse. Cette acquisition,
y&Czsï&l projetée il y a deux ans, était
considérée comme certaine. Les pourparlers
nécessaires avec le gouvernement italien
avaient été menés à bonne fin ; la Chambre
avait voté les crédits. Seul l'assentiment du
Sénat faisait encore défaut, et nul ne doutait
que la haute Assemblée voudrait, elle aussi,
donner à la France cette antique demeure
des Farnèse qui, avec son style sévère, sa
frise de Michel-Ange et sa galerie des Car-
rache, est le plus auguste palais de Rome.
Il est difficile do discerner les raisons véri-
tables de la brusque renonciation qui vient
d'être connue. Certains prétextent les suscep-
tibilités du gouvernement italien. Mais à qui
fera-t-on croire qu'une vente tolérée il y a
deux ans par l'Italie lui paraisse tout à coup
insupportable ? Le sentiment si légitime qui
invite nos voisins à garder jalousement leurs
trésors et aies défendre contre l'étranger n'est
pas étroit et aveugle. Ils s'insurgent contre
les transactions qui dépossèdent leur patrie
de chefs-d'œuvre faciles à emporter loin de
la terre d'Italie. Mais ils avaient compris que
le jour où la France, locataire du palais où
elle loge son ambassade, sa chancellerie et
son école d'archéologie serait propriétaire, il
n'y aurait rien de changé : non plus qu'à la
villa Médicis, à l'église Saint-Louis-des-
Français, à l'Escalier de la Trinité-des-Monts,
ces anciennes possessions françaises qui con-
tinuent d'être une partie du charme de Rome.
Peut-être faut-il avoir l'humiliation de
constater qu'en présence des difficultés bud-
gétaires nouvelles, le Parlement a considéré
que l'achat du palais Farnèse n'était pas une
assez belle opération, et qu'il l'a sacrifiée d'un
cœur léger. On n'hésite pas à grever le bud-
get de six millions pour donner plus d'argent
aux parlementaires; mais on n'en trouve pas
trois pour payer un palais que l'on avait
publiquement demandé à acheter. Ce sont
des méthodes qui manquent de noblesse, et
sans doute au loin paraîtront-elles peu dignes
d'une grande nation à qui une longue tradi-
tion prête un amour généreux de la beauté»
Il faut signaler, comme un exemple de la
mauvaise distribution des crédits des Beaux-
Arts, ce qui se passe au Musée d'ethnogra-
phie du Trocadéro. Cette galerie serait sur le
point d'être fermée parce qu'il n'y a pas assez
de gardiens. Alors qu'on multiplie les emplois
inutiles, ne pourrait-on pas trouver de quoi
laisser un musée d'études ouvert?
NOUVELLES
18 novembre, a été
inauguré à Ghàtenay (Seine) un buste do
Voltaire, œuvre de Mmc Sj'amour.
Le même jour a été inauguré dans la cour
d'honneur du lycée d'Amiens un médaillon
du jeune savant Louis Thuillier, collabora-
teur de Pasteur, œuvre du sculpteur Car vin.
*** Le musée du Louvre vient de recevoir
une collection de porcelaines de Chine for-
mée par le célèbre aéronaute Albert Tissan-
dier. Le legs est fait aux conditions suivan-
tes : « Je lègue à l'Etat français, pour le mu-
sée national du Louvre, une série d'objets en
porcelaine de Chine, dont le catalogue est an-
nexé à mon testament. Ces objets seront ex-
posés, autant que possible, dans une vitrine
spéciale. Cette exposition devra avoir lieu
dans une salle attenante au musée Grandi-
dier. » Pour justifier cette dernière condition,
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PROPOS DU JOUR
ç^/^î|JiàN annonce que le gouvernement
vEÎi^l. franÇa^s renonce à acheter le
vVC**/'^ palais Farnèse. Cette acquisition,
y&Czsï&l projetée il y a deux ans, était
considérée comme certaine. Les pourparlers
nécessaires avec le gouvernement italien
avaient été menés à bonne fin ; la Chambre
avait voté les crédits. Seul l'assentiment du
Sénat faisait encore défaut, et nul ne doutait
que la haute Assemblée voudrait, elle aussi,
donner à la France cette antique demeure
des Farnèse qui, avec son style sévère, sa
frise de Michel-Ange et sa galerie des Car-
rache, est le plus auguste palais de Rome.
Il est difficile do discerner les raisons véri-
tables de la brusque renonciation qui vient
d'être connue. Certains prétextent les suscep-
tibilités du gouvernement italien. Mais à qui
fera-t-on croire qu'une vente tolérée il y a
deux ans par l'Italie lui paraisse tout à coup
insupportable ? Le sentiment si légitime qui
invite nos voisins à garder jalousement leurs
trésors et aies défendre contre l'étranger n'est
pas étroit et aveugle. Ils s'insurgent contre
les transactions qui dépossèdent leur patrie
de chefs-d'œuvre faciles à emporter loin de
la terre d'Italie. Mais ils avaient compris que
le jour où la France, locataire du palais où
elle loge son ambassade, sa chancellerie et
son école d'archéologie serait propriétaire, il
n'y aurait rien de changé : non plus qu'à la
villa Médicis, à l'église Saint-Louis-des-
Français, à l'Escalier de la Trinité-des-Monts,
ces anciennes possessions françaises qui con-
tinuent d'être une partie du charme de Rome.
Peut-être faut-il avoir l'humiliation de
constater qu'en présence des difficultés bud-
gétaires nouvelles, le Parlement a considéré
que l'achat du palais Farnèse n'était pas une
assez belle opération, et qu'il l'a sacrifiée d'un
cœur léger. On n'hésite pas à grever le bud-
get de six millions pour donner plus d'argent
aux parlementaires; mais on n'en trouve pas
trois pour payer un palais que l'on avait
publiquement demandé à acheter. Ce sont
des méthodes qui manquent de noblesse, et
sans doute au loin paraîtront-elles peu dignes
d'une grande nation à qui une longue tradi-
tion prête un amour généreux de la beauté»
Il faut signaler, comme un exemple de la
mauvaise distribution des crédits des Beaux-
Arts, ce qui se passe au Musée d'ethnogra-
phie du Trocadéro. Cette galerie serait sur le
point d'être fermée parce qu'il n'y a pas assez
de gardiens. Alors qu'on multiplie les emplois
inutiles, ne pourrait-on pas trouver de quoi
laisser un musée d'études ouvert?
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18 novembre, a été
inauguré à Ghàtenay (Seine) un buste do
Voltaire, œuvre de Mmc Sj'amour.
Le même jour a été inauguré dans la cour
d'honneur du lycée d'Amiens un médaillon
du jeune savant Louis Thuillier, collabora-
teur de Pasteur, œuvre du sculpteur Car vin.
*** Le musée du Louvre vient de recevoir
une collection de porcelaines de Chine for-
mée par le célèbre aéronaute Albert Tissan-
dier. Le legs est fait aux conditions suivan-
tes : « Je lègue à l'Etat français, pour le mu-
sée national du Louvre, une série d'objets en
porcelaine de Chine, dont le catalogue est an-
nexé à mon testament. Ces objets seront ex-
posés, autant que possible, dans une vitrine
spéciale. Cette exposition devra avoir lieu
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