La chronique des arts et de la curiosité (1906)

^f» 23. — 1906.

BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)

16 Juin-.

la

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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PROPOS DU JOUR

. a polémique dont la Danse de Car-
peaux était récemment le sujet a
fait paraître combien l'opinion
publique était encore incertaine
de la destination des sculptures. Les uns
émettaient la prétention singulière d'arracher
le groupe de la Danse à l'Opéra pour le relé-
guer dans un musée. Les autres combattaient
légitimement ce projet, mais se croyaient au-
torisés par là même à réclamer contre le
transfert ancien de VUgolin de Carpeaux au
Louvre. Ici, c'était la thèse absolue du musée
pour toute sculpture; là c'était l'école du
plein air obligatoire.

Il semble qu'il y aurait lieu de distinguer
entre nos œuvres. L'idée de détacher d'un
monument comme l'Opéra un groupe sculp-
tural composé en vue d'un ensemble, étudié
sur place par l'artiste, conçu par lui pour une
fin aussi précise a soulevé tout de suite et de
tous côtés les protestations les plus vives.
C'est trahir un ouvrage et lui retirer quelque
chose de sa vie originale que de l'isoler du
tout pour lequel il a été créé. L'opinion sur ce
point s'est prononcée nettement, et donnera
sans doute à l'administration la force de
prendre toute seule un parti sans attendre
les travaux de la commission qui devait
choisir à sa place.

Mais le même raisonnement ne saurait
s'appliquera ÏUgolin. Lorsqu'il y a quelque
temps on a décidé do l'enlever des Tuile-
ries, on devait s'y résoudre pour le protéger
contre des dangers qui menacent beaucoup
moins la Danse à l'Opéra; on le pouvait aussi,
sans inconvénient, pour lui faire prendre
rang dans les séries de notre galerie natio-
nale. L'œuvre n'a été créée ni pour les Tuile-

ries, nipour aucun autre jardin. Elle n'est pas
une partie intégrante d'un ensemble ; elle se
suffit à elle-même. Et, si l'on songe à l'inté-
rêt qui s'y attache pour l'histoire de Car-
peaux, ou, plus généralement, pour l'histoire
de la sculpture française, on ne fera pas dif-
ficulté do reconnaître que sa place était au
Louvre. Les partis pris pour ou contre les
musées risquent d'être aussi injustes les uns
que les autres : c'est l'œuvre elle-même qui
doit décider de sa destination.

NOUVELLES

*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :

Le mardi 5 juin, à Rouen, au lycée,
une reproduction de la statue de Corneille,
par David d'Angers ; au Palais de Justice,
salle des Pas-Perdus, un médaillon du poète,
œuvre du sculpteur Guilloux, et. au Musée
départemental d'Antiquités, un autre médail-
lon, œuvre du sculpteur Jadoulle ;

Le mercredi G juin, à l'école communale de
la rue Félix-Pécault, à Paris, un buste de
l'éducateur Félix Pécault ;

Le lundi 11 juin, à Paris, dans le jardin du
Luxembourg, une statue de Le Play, œuvre
du sculpteur Allar;

Le mardi 12 juin, à Paris, place Males-
berbes, un monument d'Alexandre Dumas
fils, œuvre du sculpteur Saint-Marceaux;

Le jeudi 14 juin, à Paris, square Lamar-
tine, un monument de Benjamin Godard,
œuvre du sculpteur Champeil;

Le vendredi 15 juin, dans la forêt de Fon-
tainebleau, un monument élevé au peintre
Mcnvart, orné d'un médaillon du sculpteur
Ernest Dubois.

*** Par arrêté du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts, pris sur la pro-
position du sous-secrétaire d'Etat des Beaux-