DOI issue:
Nr. 9 (3 Mars)
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.19761#0075
N° 9. - 1906
BUREAUX : 8, RUE FAVART (a« Arr.)
3 Mars.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à h Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fr.
Le ISTuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
^jjr^pr^NE exposition achève, en ce mo-
(ïiftft^ ment même, de consacrer un
^^tn^# artiste qui a été, il y a trente ans,
l'objet de discussions passion-
nées. Déjà, au dernier Salon d'Automne, Manet
avait pu, sans offusquer personne, prendre
place dans la salle où l'on voyait Ingres
triompher, et, dés lors, il avait bien paru
qu'il était, lui aussi, définitivement entré
dans l'histoire. La série des toiles qui vien-
nent d'être réunies confirme une telle conclu-
sion : les délais nécessaires sont décidément
révolus ; l'artiste est de ceux qui comptent
dans leur époque.
On est amené à se demander ce que les
musées, où il a sa place, possèdent de ses
œuvres, et l'on ne peut se défendre de re-
gretter leur pauvreté. Des rares tableaux que
le Luxembourg possède, un seul a fait date.
Mais est-ce assez quand il s'agit d'un artiste re-
connu désormais comme représentatif de son
temps ? Est-ce assez surtout si l'on songe à
la difficulté que nos galeries auront plus tard
à retrouver les œuvres qui leur manqueront?
Tels ensembles réunis aujourd'hui seront
demain disperses au hasard des ventes, et
l'on sait de reste combien de toiles ont été
ainsi perdues pour nos musées.
L'histoire des paysagistes de 1830 est un
avertissement qu'on ne saurait oublier. Tan-
dis que l'on polémiquait encore sur les mérites
des artistes, les œuvres disparaissaient une
à une, emportées jusqu'en Amérique. Le jour
où la gloire définitive leur est venue, on les
a recherchées en vain. Lors de l'Exposition
centennaledel900, on a pu connaître combien
il était devenu malaisé de trouver en France
les ouvrages de Théodore Rousseau, et
Louvre lui-même ne doit qu'à la générosité
d'un donateur de pouvoir montrer un bel en-
semble de notre école de paysagistes. C'est à
la prévoyance de l'Etat, c'est surtout à l'ini-
tiative des associations privées de nous pro-
téger contre de telles aventures et de retenir
chez nous, par des acquisitions opportunes,
les ouvrages qui seront un jour l'orgueil de
nos musées.
NOUVELLES
La Ville de Paris vient de décerner à
M. Formigé, architecte, le prix Lheureux
pour l'année 1905. Ce prix, fondé en 1900 par
la A'euve du sculpteur et architecte Lheureux,
et qui a pour objet de récompenser le talent
joint aux services rendus, est alternativement
attribué à un sculpteur et à un architecte. 11
a déjà été accordé à Dalou, qui l'obtint le
premier, et à MM. Charles Girault pour son
Petit-Palais ; Barrias, pour son monument
de Victor Hugo ; Pascal, pour les agrandisse-
ments de la Bibliothèque Nationale, et Antonin
Mercié, pour son monument d'Alfred de
Musset, inauguré le 24 février. C'est l'œuvre
entier de M. Formigé qu'on a voulu cette fois
récompenser.
Les élections du jury d'architecture
pour les années 1906, 1907 et 1908 ont eu lieu
la semaine dernière au Grand Palais des
Champs-Elysées. Ont été élus : MM. Raulin,
Vaudremer, Girault, Pascal, Daumet, Moyaux,
Laloux, Nénot, Mayeux, Julien, Guadet, De-
glane, Paulin, Redon, Bonnier, Lambert,
Esquié, Bœswilhvald, Cordonnier, Defrasse,
Bernier, Eustache, d'Espouy, J. Lisch, Bla-
vette, Tournaire, Louvet, Guilbert, Roussi,
Marcel, André, Yvon, Alfred Normand,
Ch.-A. Gautier, Hannotin, Sortais, Loviot.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (a« Arr.)
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^jjr^pr^NE exposition achève, en ce mo-
(ïiftft^ ment même, de consacrer un
^^tn^# artiste qui a été, il y a trente ans,
l'objet de discussions passion-
nées. Déjà, au dernier Salon d'Automne, Manet
avait pu, sans offusquer personne, prendre
place dans la salle où l'on voyait Ingres
triompher, et, dés lors, il avait bien paru
qu'il était, lui aussi, définitivement entré
dans l'histoire. La série des toiles qui vien-
nent d'être réunies confirme une telle conclu-
sion : les délais nécessaires sont décidément
révolus ; l'artiste est de ceux qui comptent
dans leur époque.
On est amené à se demander ce que les
musées, où il a sa place, possèdent de ses
œuvres, et l'on ne peut se défendre de re-
gretter leur pauvreté. Des rares tableaux que
le Luxembourg possède, un seul a fait date.
Mais est-ce assez quand il s'agit d'un artiste re-
connu désormais comme représentatif de son
temps ? Est-ce assez surtout si l'on songe à
la difficulté que nos galeries auront plus tard
à retrouver les œuvres qui leur manqueront?
Tels ensembles réunis aujourd'hui seront
demain disperses au hasard des ventes, et
l'on sait de reste combien de toiles ont été
ainsi perdues pour nos musées.
L'histoire des paysagistes de 1830 est un
avertissement qu'on ne saurait oublier. Tan-
dis que l'on polémiquait encore sur les mérites
des artistes, les œuvres disparaissaient une
à une, emportées jusqu'en Amérique. Le jour
où la gloire définitive leur est venue, on les
a recherchées en vain. Lors de l'Exposition
centennaledel900, on a pu connaître combien
il était devenu malaisé de trouver en France
les ouvrages de Théodore Rousseau, et
Louvre lui-même ne doit qu'à la générosité
d'un donateur de pouvoir montrer un bel en-
semble de notre école de paysagistes. C'est à
la prévoyance de l'Etat, c'est surtout à l'ini-
tiative des associations privées de nous pro-
téger contre de telles aventures et de retenir
chez nous, par des acquisitions opportunes,
les ouvrages qui seront un jour l'orgueil de
nos musées.
NOUVELLES
La Ville de Paris vient de décerner à
M. Formigé, architecte, le prix Lheureux
pour l'année 1905. Ce prix, fondé en 1900 par
la A'euve du sculpteur et architecte Lheureux,
et qui a pour objet de récompenser le talent
joint aux services rendus, est alternativement
attribué à un sculpteur et à un architecte. 11
a déjà été accordé à Dalou, qui l'obtint le
premier, et à MM. Charles Girault pour son
Petit-Palais ; Barrias, pour son monument
de Victor Hugo ; Pascal, pour les agrandisse-
ments de la Bibliothèque Nationale, et Antonin
Mercié, pour son monument d'Alfred de
Musset, inauguré le 24 février. C'est l'œuvre
entier de M. Formigé qu'on a voulu cette fois
récompenser.
Les élections du jury d'architecture
pour les années 1906, 1907 et 1908 ont eu lieu
la semaine dernière au Grand Palais des
Champs-Elysées. Ont été élus : MM. Raulin,
Vaudremer, Girault, Pascal, Daumet, Moyaux,
Laloux, Nénot, Mayeux, Julien, Guadet, De-
glane, Paulin, Redon, Bonnier, Lambert,
Esquié, Bœswilhvald, Cordonnier, Defrasse,
Bernier, Eustache, d'Espouy, J. Lisch, Bla-
vette, Tournaire, Louvet, Guilbert, Roussi,
Marcel, André, Yvon, Alfred Normand,
Ch.-A. Gautier, Hannotin, Sortais, Loviot.