N° 22. — 1906.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
2 Juin.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 it<
Le ISTiarcxéro : O fr. 25
A partir d'aujourd'hui, la CHROXIQUIi ne
paraîtra plus que tous les quinze jours,
suivant l'usage adopté pendant la saison
d'été.
Le prochain numéro portera la date du
1 (! juin.
PROPOS DU JOUR
)n artiste vivant a écrit récemment
sur un maître disparu une étude
où il déclarait que pour l'homme
de lettres les opérations intellec-
tuelles du peintre restent toujours assez im-
pénétrables. Cette sentence, pour peu qu'on la
presse, renouvelle l'antique récusation oppo-
sée à tout juge qui n'est pas du métier; elle
refuse tout droit à la critique. Une aussi belle
intransigeance serait de mise s'il s'agissait
de protester avec quelque hauteur contre la
multiplication de ces esthéticiens improvisés
qui tiennent boutique d'oracles et d'ajectifs.
Mais elle paraît prétendre à bien davantage,
et proclame le peintre seul juge possible de
son semblable.
Ce serait restreindre singulièrement un art
que lui retirer tout ce que les historiens, les
philosophes et les simples amateurs y trou-
vent d'enseignement, de . sens et de beauté
pour n'y plus voir qu'un ensemble de moyens
techniques. On nous dit qu'un homme très
intelligent peut passer à côté d'un peintre
pur sans même s'en douter. Voilà, en vérité,
une « pureté » bien hermétique, et nous refu-
sons de croire qu'elle soit l'essentiel d'un art.
Si les initiés seuls se flattent de faire en
secret leurs délices de raretés inaccessibles
aux profanes, les critiques, en face de l'œu-
vre elle-même, ne prennent pas un moindre
plaisir, et ils ont la supériorité d'en pouvoir
Qui sait même s'ils ne doivent pas à leur
culture spéciale leur liberté d'esprit, leur don
de sympathie, leur force de pénétration ? Sans
risque de paradoxe, on peut douter qu'un
peintre soit un exact critique do peinture. Les
refus mémorables des jurys sont là pour
attester les partis pris des techniciens et De-
lacroix nous a parlé en termes significatifs
de P « intolérance extrême » des artistes entre
eux. De quelles étroitesses notre insuffisance
technique ne nous affranchit-elle pas '.' Quelle
souplesse l'habitude d'idées variées et de spé-
culations différentes ne donnc-t-elle pas au
jugement ? L'auteur de l'aphorisme rapide
qui tend à nier la critique est venu sur ce
point fournir un argument contre lui : pein-
tre devenu critique, il a fait preuve d'esprit,
surtout do subtilité; peut-être lui a-t-il man-
qué un peu de cette faculté de comprendre et
d'admirer dont les historiens ont donné tant
de beaux exemples, et qu'un philosophe a
défini la partie divine du goût.
-^."/O^T^fXV---
NOUVELLES
*** Dimanche dernier, 27 mai, a été inau-
guré à Taris, sur la place du Panthéon, un
monument de Pierre Corneille, œuvre du
sculpteur Allouard et de l'architecte Latour.
Le même jour a été inauguré à Aix-en-Pro-
vence dans la salle d'exposition de la Biblio-
thèque Méjancs, un buste d'Emile Zola,
œuvre du sculpteur Solari.
Le même jour a eu lieu à Alger l'inaugu-
ration d'un monument élevé au commandant
Lamy, explorateur du Sahara, œuvre du
sculpteur Gaudissart.
Le dimanche précédent avait été inauguré
au cimetière de Préville, à Nancy, un buste
du Dr Friot, conseiller général de Meurthe*
déduire les raisons. ,1 et-Moselle, œuvre du sculpteur Bussière.
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PROPOS DU JOUR
)n artiste vivant a écrit récemment
sur un maître disparu une étude
où il déclarait que pour l'homme
de lettres les opérations intellec-
tuelles du peintre restent toujours assez im-
pénétrables. Cette sentence, pour peu qu'on la
presse, renouvelle l'antique récusation oppo-
sée à tout juge qui n'est pas du métier; elle
refuse tout droit à la critique. Une aussi belle
intransigeance serait de mise s'il s'agissait
de protester avec quelque hauteur contre la
multiplication de ces esthéticiens improvisés
qui tiennent boutique d'oracles et d'ajectifs.
Mais elle paraît prétendre à bien davantage,
et proclame le peintre seul juge possible de
son semblable.
Ce serait restreindre singulièrement un art
que lui retirer tout ce que les historiens, les
philosophes et les simples amateurs y trou-
vent d'enseignement, de . sens et de beauté
pour n'y plus voir qu'un ensemble de moyens
techniques. On nous dit qu'un homme très
intelligent peut passer à côté d'un peintre
pur sans même s'en douter. Voilà, en vérité,
une « pureté » bien hermétique, et nous refu-
sons de croire qu'elle soit l'essentiel d'un art.
Si les initiés seuls se flattent de faire en
secret leurs délices de raretés inaccessibles
aux profanes, les critiques, en face de l'œu-
vre elle-même, ne prennent pas un moindre
plaisir, et ils ont la supériorité d'en pouvoir
Qui sait même s'ils ne doivent pas à leur
culture spéciale leur liberté d'esprit, leur don
de sympathie, leur force de pénétration ? Sans
risque de paradoxe, on peut douter qu'un
peintre soit un exact critique do peinture. Les
refus mémorables des jurys sont là pour
attester les partis pris des techniciens et De-
lacroix nous a parlé en termes significatifs
de P « intolérance extrême » des artistes entre
eux. De quelles étroitesses notre insuffisance
technique ne nous affranchit-elle pas '.' Quelle
souplesse l'habitude d'idées variées et de spé-
culations différentes ne donnc-t-elle pas au
jugement ? L'auteur de l'aphorisme rapide
qui tend à nier la critique est venu sur ce
point fournir un argument contre lui : pein-
tre devenu critique, il a fait preuve d'esprit,
surtout do subtilité; peut-être lui a-t-il man-
qué un peu de cette faculté de comprendre et
d'admirer dont les historiens ont donné tant
de beaux exemples, et qu'un philosophe a
défini la partie divine du goût.
-^."/O^T^fXV---
NOUVELLES
*** Dimanche dernier, 27 mai, a été inau-
guré à Taris, sur la place du Panthéon, un
monument de Pierre Corneille, œuvre du
sculpteur Allouard et de l'architecte Latour.
Le même jour a été inauguré à Aix-en-Pro-
vence dans la salle d'exposition de la Biblio-
thèque Méjancs, un buste d'Emile Zola,
œuvre du sculpteur Solari.
Le même jour a eu lieu à Alger l'inaugu-
ration d'un monument élevé au commandant
Lamy, explorateur du Sahara, œuvre du
sculpteur Gaudissart.
Le dimanche précédent avait été inauguré
au cimetière de Préville, à Nancy, un buste
du Dr Friot, conseiller général de Meurthe*
déduire les raisons. ,1 et-Moselle, œuvre du sculpteur Bussière.