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LA CHRONIQUE DES ARTS
travail qu’il prépare sur la numismatique constan-
tinienne.
M. Destrée, associé correspondant étranger,
présente la photographie d’un magnifique reliquaire
en or exécuté à Paris vers la fin du xiv6 siècle et
qui a été donné assez récemment au Musée Bri-
tannique.
M Monceau présente à la Société une nouvelle
série de sceaux byzantins trouvés à Carthage.
M. Chenan dépose sur le bureau des reproduc-
tions de deux bas-reliefs préhistoriques découverts
à Pauonas (Isère).
Une Tapisserie du Musée de Valenciennes
Il nous semble intéressant de donner sur une
tapisserie du musée de Valenciennes, représen-
tant un « tournois » au xve siècle, certains détails
inédits tirés d’un travail entrepris par nous de-
puis plusieurs années.
Les érudits ne sont point d’accord sur l’origine
de cette remarquable œuvre d’art : il en est un
certain nombre, cependant, qui la croient sortie des
ateliers de Bruxelles.
Il est certain, toutefois, qu’au moment de la Ré-
volution, elle occupait une place d'honneur dans
l’une des salles de l’hôtel de ville de Valenciennes,
mais on ne sait encore quand et comment elle y
prit place.
Avant de devenir la possession de la ville de
Valenciennes, elle appartint, en 1525, aux princes
de la maison de Saxe, dont les armoiries, toutes
identifiées aujourd’hui, se voient sur la bordure
qui sert d’encadrement à la tapisserie (1). Cette
bordure, ajoutée au commencement du xvie siècle,
remplaça, vraisemblablement, celle où le premier
possesseur avait fait tisser ses armoiries.
Mais, ce qui fait surtout le grand intérêt de cette
pièce unique, ce sont les personnages qui, placés
dans une galerie, voient se dérouler, à leurs pieds,
toutes les péripéties du « tournoi ». Ceux qui figu-
rent au premier plan sont des personnages histo-
riques qui, après de longues et difficiles recher-
ches, viennent d’être identifiés sans conteste. On y
voit Charles VIII, Phihqrpe le Beau, sa femme
Jeanne la Folle et Maximilien jeune. Quant aux
personnages secondaires, on les retrouve presque
tous reproduits dans d’autres tapisseries connues
et classées.
M. Hénault.
(1) Les 20 blasons de la bordure sont : 1° La di-
gnité électorale et le grand-maréchalat de Saxe ;
2° Duché de Saxe (Ascanie) ; 3° Landgraviat de
Thuringe; 4° Margraviat de Meissen; 5° Marche
de Landsberg; 6° Saxe palatine; 7° Thuringe pa-
latine; 8° Comté de Brena ou Brelma; 9° Comté
de Orlamunde; 10° Pays de Pleissen ou Osterland;
11° Burgraviat d’Altenburg; 12° Comté d’Eisen-
berg; 13° Duché de Sagan; 14° Burgraviat de
Meissen; 15° Comté d’Eilenbourg; 16° Burgraviat
de Leisnig; 17° Burgraviat de Dohna ; 18° Sei-
gneurie de Biberstein; 19° Seigneurie de Colditz;
20° Ecusson régalien du sang.
CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE
EXPOSITION DE MAITRES ANCIENS
A LA ROYAL ACADEMY
La Royal Acadcmy vient, pour la trente-hui-
tième fois, d’ouvrir ses portes à une exposition
d’anciens maîtres qui ne le cède nullement à ses
devancières. Les trésors des collections privées
d’Angleterre sont vraiment inépuisables ; cette
fois, plusieurs toiles de valeur sont montrées pour
la première fois au public. C’est, par exemple, un
portrait de femme par Ilolbein, de dimensions
modestes, mais d'une facture de premier ordre,
dont, jusqu’ici, on ne soupçonnait pas l’existence.
Voici encore un Pacheco signé, qui passerait pres-
que pour un Velâzquez (dont l’artiste fut, comme
on sait, le beau-père et le maître), toile envoyée
tout dernièrement de Séville. Parmi les Italiens,
citons un Bartolommeo Veneto : une Circoncision
avec neuf figures, qui porte sur un cartellino la
date de 1506 ; une Madone de Boccaccino ; un por-
trait de femme de la cour de Ludovic le More,
peint par Ambrogio de Prédis (provenant d’Ir-
lande), une Sainte Famille d’Andrea del Sarto, et
un Concert attribué simplement à l’école véni-
tienne, mais qui iiaraît être une œuvre assez re-
marquable de Calisto da Lodi, peinte dans la tra-
dition giorgionesque.
Tout cela fournit matière aux études des
érudits ; quant au public, un vrai festin d’art lui
est offert dans une longue série de Reynolds,
Gainsborough, Ronmey et Iloppner. Ces peintres
sont représentés par des pièces célèbres des gale-
ries du comte de Spencer, du duc deRutland, du
vicomte Iveagh et de M. Wertheimer.
Une salle entière est consacrée à l’art hollan-
dais : là Irillent des Rembrandt (des collections
Spencer, Fleischmann et Donaldson), des Jan
Steen de premier ordre (à MM. Charles Morrison
et Neumann) et des paysages de van der Neer,
van der Velde, van der Cappelle, etc., de la galerie
de lady Avantage.
L’école contemporaine est enfin représentée, elle
aussi, par un Leighton, un Alfred Stevens (Por-
trait de M. Spence, un vrai chef-d’œuvre de
distinction) et plusieurs œuvres du peintre anglais
Charles, en qui la mort nous a ravi en pleine ma-
turité un talent artistique des plus remarquables.
Malgré la présence d’un faux Cuyp et de
quelques autres pièces douteuses qui n’arrivent
pas à gâter l’effet d’ensemble de l’exposition, il
faut féliciter la Royal Academy de cette nou-
velle et belle manifestation d’art.
II. C.
REVUE DES REVUES
— Burlington Magazine (janvier 1906). — La
livraison débute par un « éditorial » sur La Leçon
du Velâzquez Rokeby, article énergique qui avait
pour motif la crainte que le tableau représentant
Vénus et L'Amour ne fût perdu pour la National
Gallery, où l'on sait qu’il est entré (1 pl.) (1).
(1) V. Gazeüe des Beaux-Arts du l8r juin 1906,
LA CHRONIQUE DES ARTS
travail qu’il prépare sur la numismatique constan-
tinienne.
M. Destrée, associé correspondant étranger,
présente la photographie d’un magnifique reliquaire
en or exécuté à Paris vers la fin du xiv6 siècle et
qui a été donné assez récemment au Musée Bri-
tannique.
M Monceau présente à la Société une nouvelle
série de sceaux byzantins trouvés à Carthage.
M. Chenan dépose sur le bureau des reproduc-
tions de deux bas-reliefs préhistoriques découverts
à Pauonas (Isère).
Une Tapisserie du Musée de Valenciennes
Il nous semble intéressant de donner sur une
tapisserie du musée de Valenciennes, représen-
tant un « tournois » au xve siècle, certains détails
inédits tirés d’un travail entrepris par nous de-
puis plusieurs années.
Les érudits ne sont point d’accord sur l’origine
de cette remarquable œuvre d’art : il en est un
certain nombre, cependant, qui la croient sortie des
ateliers de Bruxelles.
Il est certain, toutefois, qu’au moment de la Ré-
volution, elle occupait une place d'honneur dans
l’une des salles de l’hôtel de ville de Valenciennes,
mais on ne sait encore quand et comment elle y
prit place.
Avant de devenir la possession de la ville de
Valenciennes, elle appartint, en 1525, aux princes
de la maison de Saxe, dont les armoiries, toutes
identifiées aujourd’hui, se voient sur la bordure
qui sert d’encadrement à la tapisserie (1). Cette
bordure, ajoutée au commencement du xvie siècle,
remplaça, vraisemblablement, celle où le premier
possesseur avait fait tisser ses armoiries.
Mais, ce qui fait surtout le grand intérêt de cette
pièce unique, ce sont les personnages qui, placés
dans une galerie, voient se dérouler, à leurs pieds,
toutes les péripéties du « tournoi ». Ceux qui figu-
rent au premier plan sont des personnages histo-
riques qui, après de longues et difficiles recher-
ches, viennent d’être identifiés sans conteste. On y
voit Charles VIII, Phihqrpe le Beau, sa femme
Jeanne la Folle et Maximilien jeune. Quant aux
personnages secondaires, on les retrouve presque
tous reproduits dans d’autres tapisseries connues
et classées.
M. Hénault.
(1) Les 20 blasons de la bordure sont : 1° La di-
gnité électorale et le grand-maréchalat de Saxe ;
2° Duché de Saxe (Ascanie) ; 3° Landgraviat de
Thuringe; 4° Margraviat de Meissen; 5° Marche
de Landsberg; 6° Saxe palatine; 7° Thuringe pa-
latine; 8° Comté de Brena ou Brelma; 9° Comté
de Orlamunde; 10° Pays de Pleissen ou Osterland;
11° Burgraviat d’Altenburg; 12° Comté d’Eisen-
berg; 13° Duché de Sagan; 14° Burgraviat de
Meissen; 15° Comté d’Eilenbourg; 16° Burgraviat
de Leisnig; 17° Burgraviat de Dohna ; 18° Sei-
gneurie de Biberstein; 19° Seigneurie de Colditz;
20° Ecusson régalien du sang.
CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE
EXPOSITION DE MAITRES ANCIENS
A LA ROYAL ACADEMY
La Royal Acadcmy vient, pour la trente-hui-
tième fois, d’ouvrir ses portes à une exposition
d’anciens maîtres qui ne le cède nullement à ses
devancières. Les trésors des collections privées
d’Angleterre sont vraiment inépuisables ; cette
fois, plusieurs toiles de valeur sont montrées pour
la première fois au public. C’est, par exemple, un
portrait de femme par Ilolbein, de dimensions
modestes, mais d'une facture de premier ordre,
dont, jusqu’ici, on ne soupçonnait pas l’existence.
Voici encore un Pacheco signé, qui passerait pres-
que pour un Velâzquez (dont l’artiste fut, comme
on sait, le beau-père et le maître), toile envoyée
tout dernièrement de Séville. Parmi les Italiens,
citons un Bartolommeo Veneto : une Circoncision
avec neuf figures, qui porte sur un cartellino la
date de 1506 ; une Madone de Boccaccino ; un por-
trait de femme de la cour de Ludovic le More,
peint par Ambrogio de Prédis (provenant d’Ir-
lande), une Sainte Famille d’Andrea del Sarto, et
un Concert attribué simplement à l’école véni-
tienne, mais qui iiaraît être une œuvre assez re-
marquable de Calisto da Lodi, peinte dans la tra-
dition giorgionesque.
Tout cela fournit matière aux études des
érudits ; quant au public, un vrai festin d’art lui
est offert dans une longue série de Reynolds,
Gainsborough, Ronmey et Iloppner. Ces peintres
sont représentés par des pièces célèbres des gale-
ries du comte de Spencer, du duc deRutland, du
vicomte Iveagh et de M. Wertheimer.
Une salle entière est consacrée à l’art hollan-
dais : là Irillent des Rembrandt (des collections
Spencer, Fleischmann et Donaldson), des Jan
Steen de premier ordre (à MM. Charles Morrison
et Neumann) et des paysages de van der Neer,
van der Velde, van der Cappelle, etc., de la galerie
de lady Avantage.
L’école contemporaine est enfin représentée, elle
aussi, par un Leighton, un Alfred Stevens (Por-
trait de M. Spence, un vrai chef-d’œuvre de
distinction) et plusieurs œuvres du peintre anglais
Charles, en qui la mort nous a ravi en pleine ma-
turité un talent artistique des plus remarquables.
Malgré la présence d’un faux Cuyp et de
quelques autres pièces douteuses qui n’arrivent
pas à gâter l’effet d’ensemble de l’exposition, il
faut féliciter la Royal Academy de cette nou-
velle et belle manifestation d’art.
II. C.
REVUE DES REVUES
— Burlington Magazine (janvier 1906). — La
livraison débute par un « éditorial » sur La Leçon
du Velâzquez Rokeby, article énergique qui avait
pour motif la crainte que le tableau représentant
Vénus et L'Amour ne fût perdu pour la National
Gallery, où l'on sait qu’il est entré (1 pl.) (1).
(1) V. Gazeüe des Beaux-Arts du l8r juin 1906,