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La chronique des arts et de la curiosité — 1907

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Nr. 14 (6 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0125
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ET DE LA CURIOSITE

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d’installation de la donation Adolphe de
Rothschild, pour être ajoutée à cette collec-
tion, une charmante Vierge en ivoire du xive
siècle, qui s’y trouve dès maintenant exposée.

M. Radzersdorfer a fait don au même
département d’un très beau bronze représen-
tant une paysanne occupée à traire une
vache. Ce genre de bronze, d’un réalisme
très flamand et assez rare, n’était pas repré-
senté dans les collections du Louvre, et
marque un intéressant moment dans l’art
français au commencement du xvn° siècle.

PETITES EXPOSITION"!

EXPOSITIONS HENRI ZUBER ET J.-J. GABRIEL

(Galerie Georges Petit
et Galerie des Artistes modernes)

Le hasard des expositions, en ces premiers jours
d’avril, rapproche deux artistes qui sont aussi dis-
semblables qu’il est possible do l’être à deux pay-
sagistes de notre temps, et qui cependant peuvent
suggérer, parallèlement, des réflexions analogues.

Il ne semble pas permis de douter que les aqua-
relles de M. Zuber ne lui assurent une place très
honorable, à côté de M. Harpignies, parmi ceux
qui on t voulu continuer l’inimitable, le divin Co-
rot, en s’imposant une discipline sévère, plus con-
forme peut-être à la lettre qu’à l’esprit des exem-
ples donnés par le maître. Très modestement, il
intitule « dessins à l’aquarelle et, au pastel »
quelque soixante-dix paysages d’Alsace, du Jura et
du Midi; et ce sont bien, en effet, avant tout, des
dessins, qui s’imposent à l’attention par la probité
des plans, le sûr établissement, l’équilibre, la sim-
plicité d’effet. Et l’efficacité des bonnes valeurs-est
telle que ces grisailles arrivent, surtout dans les
séries plus particulièrement heureuses des vallées
de l’Ill et du Doubs, à exprimer l’essentiel de l’at-
mosphère et de la couleur.

L’idéal de M. Gabriel est tout autre, comme les
moyens qu’il emploie, et ses admirations vont
ailleurs. Mais n’est-il pas vrai qu’il mérite d’être
classé, très près de M. Gustave Colin, au nombre
des paysagistes qui ont élu pour maître le peintre
d’Ornans ? Et son labeur d’artiste scrupuleux, fidèle
à lui-même, ne doit-il pas à Courbet pi’écisément ce
que M. Zuber doit à Corot ? Le couteau à palette,
qui lui est cher, ne laisse pas de lui fournir parfois
des effets assez savoureux, surtout quand il s’agit
de rendre, sous des nuages gris que la lumière
transperce, la vivacité presque acide des verdures
d’un jardin à Auvers ou de la vallée de l’Oise. Un
dessin aigu, qui dénonce l’aqnafortiste, grave le
réseau des mâtures dont se peuplent les ports flu-
viaux de Nantes ou de Rouen et l’illustre bas-
sin de la Sainte à Venise. Mais les couleurs et les
brumes du Noi’d conviennent mieux au pcinti’c que
la diaprure vénitienne. Cependant un des meilleurs
tableaux de la présente exposition affirme l’éclat de
la lumière sur les eaux bleues et sur la blanche
bastide qu’ombrage ixn gigantesque olivier ; le
temps a revêtu du plus bel émail cette toile, qui
conserve pour nous la mémoire de l’atelier de M.
Ziern, au bord de l’étang de Caronte.

EXPOSITION PIERRE WAIDMANN
(Galerie Georges Petit)

La Hollande rivalise avec la Bretagne dans la
faveur des artistes. Les pêcheurs do Zaandam et
les filles de Marken requièrent les pinceaux de
nos contemporains presque à l’égal des gai’s tré-
gorrois et des Bigoudènes; et les paysagistes se
partagent volontiers entre les clochers do p;erro
de la lande bi’etonne et les'moulins des Pays-Bas.
Cette double attraction a sans doute des causes qui
ne sont pas différentes. 11 suffira ici de remarquer
que, si beaucoup trop de peintres ont vu la Bretagne
à travers les originales interprétations qui nous en
furent données par M. Lucien Simon ou par
M. Charles Cottet, M. Waidmann semble êti’e de
ceux à qui les succès de Thaulow ont montré le
chemin de la Hollande. De tels exemples s’accor-
daient chez lui avec un goût naturel du pitto-
resque : il a aimé, à son tour, les eaux qui reflè-
tent les façades à pignons ou qu’encadrent les
berges neigeuses.

Paul Jaaiot.

CORRESPONDANCE D’ITALIE

Florence, 20 mars 1907.

Mon cher Directeur,

En hâte, après une matinée à travers les nies de
Florence, je vous envoie quelques notes qui, peut*
être, intéresseront vos lecteurs :

I. — Au palais Capponi, via dé Bardi, dans le
corlile, dont les beaux chapiteaux très fouillés
rappellent la manièro de Giuliano da San Gallo, il
y a, encastré à l’entrée de l’escalier une sculpture
en porphyre représentant un lion dont la tête sort
d’une masse de feuillage, avec un effet décoratif de
la plus grande originalité. On l’atti’ibue à Donatello ;
mais le fait seul que l’œuvre est en porphyre de-
vrait faire écarter cette attribution, car la taille du
porphyre, dans l’âge moderne, n’a été retrouvée
qu’au xvx’ siècle. Un simple coup d’œil sur cette
œuvi’e prouve qu’elle est du xve siècle. C’est le
même art, ce sont les mêmes ornements, les mêmes
rinceaux grêles que dans la tombe de sainte Cons-
tance au Yaticau.

II. — Le cortile du palais Canigiani, via dé
Bardi, est une œuvre du début de la Renaissance.
L’escalier est du plus grand intérêt. On y voit de
petites colonnes surmontées de chapiteaux ioniques,
comme à l’escalier do la chaire de Brunellesclii,
à Sainte-Marie-Nouvelle. Ce qu’il y a de plus cu-
rieux, c’est une figure de femme à moitié nue, re-
présentant l’Abondance, qui est placée au pied de
l’escalier. Au premier abord, on serait tenté de la
prendre, en raison d’une certaine épaisseur des
nus, pour une œuvre du xvi° siècle. Ce n’est rien
moins cependant qu’une œuvre de Micbelozzo,
ainsi que le prouve le style nerveux de la cheve-
lure et la forme de la main tenant la corne d’abon-
dance, mais dont les deux doigts sont repliés
et dont les deux autres s’allongent en s’écartant.
■Comparer avec les figui’es de la tombe du pape
Jean XXIII (cardinal Balthazar Coscia) faites par
Michelozzo et Donatello.

III. — Au deuxième étage d’une maison, 7, via
Pietra Piana, sous le crépi moderne, on a re-
 
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