La chronique des arts et de la curiosité (1907)

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LA CHRONIQUE DES ARTS'

M. de Selves, préfet de la Seine, l’acquisition
d’un certain nombre d’oeuvres de Falguière
pour le musée du Petit-Palais. Dans l’ensem-
ble de ces œuvres figurent trois tableaux : un
paysage, un portrait de femme et une Cène, où
les personnages ont été posés par des amis de
Falguière : Rodin, J.-P. Laurens, etc., et par
l’artiste lui-même. Ce sont ensuite : deux
groupes inédits, de grandeur nature, en cire,
Caïn et Abel et Combat de Bacchantes, cinq
bustes et des esquisses en terre cuite ou en cire
vierge au nombre de trente.

A ces œuvres de Falguière seront jointes
deux portraits de l’artiste : une peinture de
M. Carolus Duran, datée de 1870, et le buste
en bronze exécuté par M. Rodin il y a une
dizaine d’années.

*** Une maquette représentant la place de
Grève telle qu’elle était vers 1330, et qui
appartient actuellement au musée de l’Armée,
va passer au Musée Carnavalet.

Le concours de façades pour les mai-
sons construites en 1904 vient de donner les
résultats suivants ;

Cinq primes, au lieu de six, ont été accor-
dées aux immeubles édifiés rue François-Ier
par M. Benz, avenue Alphand par MM. Roger
Bouvard et Umbdenstock, rue Bellechasse
par M. Le Tourneau, rue Spontini par M. Louis
Parent, et rue de Luynes par M. Pradelle.

*+* Aujourd’hui samedi 6 avril, à 5 heures,
aura lieu, à l’Exposition des Artistes Indé-
pendants (Serres du Cours-la-Reine), une
conférence de M. Paul-Louis Garnier sur
L'Art à l'Ecole.

Le mardi 9 avril, à 5 heures, aura lieu à la
mairie du Luxembourg, place Saint-Sulpice,
une conférence de M. G. Quénioux sur Le
Dessin et son enseignement.

*** Un acte de vandalisme a été commis à
la mairie de Maisons-Alfort. Un panneau dé-
coratif du peintre Delbos a ôté barbouillé par
un inconnu d’un enduit noirâtre qu’on craint
de ne pouvoir enlever.

*** A Florence, un Comité de patronage
de différentes œuvres de bienfaisance vient
d’organiser une série de conférences, avec
projections, sur l’histoire de l’art.

L’année dernière, il avait été traité de Léo-
nard de Vinci; cette année, ces conférences,
auxquelles prennent part des littérateurs
français et des littérateurs italiens, auront
pour sujet : l’Art et les Ordres monastiques.
Notre compatriote et distingué collaborateur
M. Marcel Reymond vient de les inaugurer
avec succès en parlant de l’Art bénédictin.
Prochainement, M. Adolphe Venturi parlera
de l’Art franciscain ; M. Alexandre Chiapelli,
de l’Art dominicain au quatorzième siècle ;
M. Domenico Tumiati, de Beato xVngélico ;
M. Guido Biagi, des Miniaturistes et de Lo-
renzo Monaco ; M. Igno Supino, de l’Art
carmélite et de Fra Filippo ; M. Guido Maz-
zoni, de Savonarole et l’Art; M. Diego An-
geli, des Jésuites et du Style baroque.

Il est question d’organiser, sous le patro-
nage du même Comité, pour l’automne pro-
chain, des cours et excursions de vacances.

Au Musée du Louvre

Le département des Peintures, au Musée
du Louvre, s’est enrichi récemment d’un nou-
veau prêt temporaire, dont on ne saurait trop
se réjouir. Un amateur plein de goût, M. F.
Doistau, que le musée compte déjà parmi ses
plus généreux bienfaiteurs, a consenti, avec
autant d’amabilité que de bonne grâce, à se
dessaisir pour un temps de la presque totalité
de sa précieuse collection de miniatures du
xviii0 et du début du xixe siècle.

On en avait pu voir et admirer une partie,
l’an dernier, à la belle exposition de la Bi-
bliothèque Nationale. Ce magnifique ensemble
reparaît aujourd’hui, augmenté d’une soixan-
taine d’œuvres nouvelles, qui ne sont pas
parmi les moins remarquables de la série.
Plus de cent soixante pièces sont venues ainsi
se grouper dans les deux vitrines récemment
installées au centre de la salle des pastels.
Non seulement des maîtres comme ITall,
Fragonard, Lavreince, Sicardi, F. Dumont,
Lié Périn, Augustin, J. Guérin, Aubry, Ro-
chard, etc., y sont représentés par des chefs-
d’œuvre : mais encore de nombreuses œuvres
signées, souvent excellentes, y attirent la cu-
riosité et l’attention sur des artistes de valeur
à peu près oubliés ou même totalement in-
connus. Ce sera, tant que M. Doistau voudra
bien le permettre, un complément aussi utile
qu’attrayant aux collections du Louvre.

Le même département a recueilli, en outre,
en ces derniers temps un certain nombre de
dons ou de legs diversement intéressants.
C’est, ainsi que le Louvre doit à une généro-
sité posthume du baron de la Coste un curieux
Portrait de ParaceLe, réplique ancienne, si-
non même originale, d’une œuvre attribuable,
selon toute vraisemblance, àSchoorei, à la-
quelle Rubens s’est intéressé et dont il a exé-
cuté une brillante copie, aujourd’hui conser-
vée au musée de Bruxelles.

Les héritiers de Paul Meurice viennent
d’offrir en son nom le beau Portrait de
Mme Granger par le peintre Granger, ami et
contemporain d’Ingres, ettrès digne de lui être
comparé en cotte peinture qui fut, si l’on
s’en souvient, justement remarquée à la Cen-
tennale de 1900 (1).

M. Henry Lemonnier a donné, enfin, au
cabinet des dessins deux albums de croquis
et études d’après l’antique, recueillis par son
grand-père le peintre Gabriel-Anicet Le-
monnier, durant le séjour qu’il fit en Italie,
ayant obtenu le prix de Rome en 17/2, deux
ans avant David. On y trouve en puissance
et en germe, dès la fin du règne de Louis XV,
les tendances classiques dont les années qui
vont suivre marqueront le triomphe et l’épa-
nouissement définitif.

P. L.

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Le département des objets d’art du Moyen
âge vient d’acquérir, sur ie reliquat du fonds

(1) V. Gazette des Beaux-Arts, 1900, t. ii, p. 287.