N° 24. - 1907.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
29 Juin.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT L E SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l’abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr. Étranger (Etats faisant partie de
Départements. 12 fr. l’Union postale). 15 fr.
Xj© numéro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
davantage
parle depuis quelques jours de
w difficultés, d’ailleurs peu impor-
tantes, survenues dans les Sociétés
artistiques, et il n’en a pas fallu
pour remettre en circulation la
très ancienne idée du Salon officiel, admi-
nistré, organisé, jugé par l’État. En vieillis-
sant, le projet n’a pas cessé d’être détestable.
Cette manière de trancher un problème en
invoquant l’Etat tout puissant et en étouffant
la liberté est peut-être bien moderne; mais
elle va directement contre les intérêts qu’elle
prétend servir.
L’Etat lui-même a paru peu soucieux de la
mission nouvelle qu’on voulait lui donner.
Le sous-secrétaire des Beaux-Arts, interrogé
par un partisan du monopole artistique, s’est
déclaré l’adversaire résolu du système et en
a même aperçu l’absurdité. Il a donné deux
arguments d’inégale valeur. Le premier, qui
flattera agréablement les artistes, c’est que
« le nombre des artistes de valeur augmen-
tant tous les jours, leur groupement sous la
direction de l’État serait forcément restreint
Le second, qui est plus générale! à notre sens
plus sérieux, c’est que loin de souhaiter la
reprise des Salons par l'État, les artistes doi-
vent se grouper selon leurs affinités et en
appeler librement au public. C’est l’évidence
même. Le jour où l’État recueillerait les coti-
sations, gérerait les fonds, distribuerait les
secours, organiserait les expositions, fixerait
les emplacements des toiles, classerait, juge-
rait, récompenserait les œuvres, on aurait
organisé un corps de fonctionnaires nouveaux,
mais on aurait tué, avec la liberté des artistes,
les artistes eux-mêmes.
Si quelque modification doit être apportée
dans la constitution des Sociétés d’artistes, ce
n'est pas pour les rattacher davantage à l’État,
c'est, au contraire, pour les affranchir. Les
artistes ne sont pas des mineurs ayant besoin
d’être en tutelle, et d’appeler le gouvernement
pour inaugurer, consacrer et décorer. C’est à
eux-mêmes de régler les conditions de leur
travail et les conditions où ils se présentent
au public. Si des difficultés surviennent entre
eux, rien n’est plus propre à les régler que le
régime d’absolue liberté, la libre discussion,
le libre examen et le libre choix de leurs actes.
L’expérience a précisément montré, depuis
quelques années, les groupements se faisant
et se défaisant, non pas seulement selon les
intérêts communs, mais selon les tendances,
et finalement pour le plus grand bien des
'artistes sincères. Il est possible qu’avec le
nombre croissant des œuvres les manifesta-
tions amples et solennelles deviennent de
plus en plus difficiles et de plus en plus rares,
et fassent place à des expositions partielles
plus significatives. Les formes dans lesquelles
se traduit la vie changent sans cesse. Mais,
en dépit des difficultés et des querelles d’école,
les artistes originaux et laborieux trouvent
toujours moyen de se manifester.
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le 14 juin, à Étampes, au cimetière Saint-
Gilles, un médaillon de l’écrivain Pierre de
Querlon, œuvre du sculpteur F. Sicard ;
Le 15 juin, à Cosne, un monument à la
gloire de la République.
Le 23 juin, à Groslay (Seine-et-Oise), un
monument au constructeur Ferdinand Ber-
thoud;
Le même jour, à Gondé-sur-Escaut (Nord),
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
29 Juin.
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PROPOS DU JOUR
davantage
parle depuis quelques jours de
w difficultés, d’ailleurs peu impor-
tantes, survenues dans les Sociétés
artistiques, et il n’en a pas fallu
pour remettre en circulation la
très ancienne idée du Salon officiel, admi-
nistré, organisé, jugé par l’État. En vieillis-
sant, le projet n’a pas cessé d’être détestable.
Cette manière de trancher un problème en
invoquant l’Etat tout puissant et en étouffant
la liberté est peut-être bien moderne; mais
elle va directement contre les intérêts qu’elle
prétend servir.
L’Etat lui-même a paru peu soucieux de la
mission nouvelle qu’on voulait lui donner.
Le sous-secrétaire des Beaux-Arts, interrogé
par un partisan du monopole artistique, s’est
déclaré l’adversaire résolu du système et en
a même aperçu l’absurdité. Il a donné deux
arguments d’inégale valeur. Le premier, qui
flattera agréablement les artistes, c’est que
« le nombre des artistes de valeur augmen-
tant tous les jours, leur groupement sous la
direction de l’État serait forcément restreint
Le second, qui est plus générale! à notre sens
plus sérieux, c’est que loin de souhaiter la
reprise des Salons par l'État, les artistes doi-
vent se grouper selon leurs affinités et en
appeler librement au public. C’est l’évidence
même. Le jour où l’État recueillerait les coti-
sations, gérerait les fonds, distribuerait les
secours, organiserait les expositions, fixerait
les emplacements des toiles, classerait, juge-
rait, récompenserait les œuvres, on aurait
organisé un corps de fonctionnaires nouveaux,
mais on aurait tué, avec la liberté des artistes,
les artistes eux-mêmes.
Si quelque modification doit être apportée
dans la constitution des Sociétés d’artistes, ce
n'est pas pour les rattacher davantage à l’État,
c'est, au contraire, pour les affranchir. Les
artistes ne sont pas des mineurs ayant besoin
d’être en tutelle, et d’appeler le gouvernement
pour inaugurer, consacrer et décorer. C’est à
eux-mêmes de régler les conditions de leur
travail et les conditions où ils se présentent
au public. Si des difficultés surviennent entre
eux, rien n’est plus propre à les régler que le
régime d’absolue liberté, la libre discussion,
le libre examen et le libre choix de leurs actes.
L’expérience a précisément montré, depuis
quelques années, les groupements se faisant
et se défaisant, non pas seulement selon les
intérêts communs, mais selon les tendances,
et finalement pour le plus grand bien des
'artistes sincères. Il est possible qu’avec le
nombre croissant des œuvres les manifesta-
tions amples et solennelles deviennent de
plus en plus difficiles et de plus en plus rares,
et fassent place à des expositions partielles
plus significatives. Les formes dans lesquelles
se traduit la vie changent sans cesse. Mais,
en dépit des difficultés et des querelles d’école,
les artistes originaux et laborieux trouvent
toujours moyen de se manifester.
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le 14 juin, à Étampes, au cimetière Saint-
Gilles, un médaillon de l’écrivain Pierre de
Querlon, œuvre du sculpteur F. Sicard ;
Le 15 juin, à Cosne, un monument à la
gloire de la République.
Le 23 juin, à Groslay (Seine-et-Oise), un
monument au constructeur Ferdinand Ber-
thoud;
Le même jour, à Gondé-sur-Escaut (Nord),