N" 29. - 1907. BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.) 7 Septembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LI SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l’abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr. I Étranger (Etats faisant partie de
Départements. 12 fr. | l’Union postale). 15 fr.
X_i« Numéro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
epuis trois mois, voici le troisième
accident dont le Louvre est vic-
time. Après 1 e Déluge du Poussin,
un petit tableau de Berghem, et
tout récemment la Chapelle Sixtine d’Ingres
ont été lacérés par de malfaisants exaltés.
Cette série désastreuse a ému l’opinion et a
fini par attirer l’attention des pouvoirs pu-
blics. Mais il ne suffit pas que l’on fasse des
projets, ni que l’on procède à dis visites offi-
cielles dans les galeries : il faut enfin prendre
des mesures pratiques.
Ce n’est pas très facile sans doute, mais on
n’a pas du moins l’embarras de faire de lon-
gues recherches. L’Administration du Lou-
vre a depuis longtemps signalé le seul moyen
possible ; il est nécessaire d’accroître le nom-
bre des gardiens. On peut aussi recourir à
un certain nombre de moyens auxiliaires,
mettre des barrières, recouvrir les tableaux
de glaces. Mais la réforme indispensable ré-
side dans la surveillance qui doit être plus
active. A l’heure présente, il y a des gardiens
qui ont la charge de deux et trois salles à la
fois, et pour tous les petits cabinets où sont
exposés les Rubens et les Rembrandt, un seul
gardien se trouve avoir toute la responsabi-
lité. On ne s’étonnera pas que, dans ces con-
ditions, et malgré tout le zèle du personnel,
des accidents soient inévitables.
Peut-être devra-t-on, finalement, mettre à
l’étude la question du droit d’entrée. Ce n’est
un secret pour personne que le Louvre est
fréquenté par toute une clientèle que n’y at-
tire aucune préoccupation artistique. Elle au-
rait encore, pour ses exploits un jour gratuit
qui réclamerait une surveillance spéciale.
Mais le droit d’entrée l’écarterait le reste de
la semaine. Il aurait, en outre, l’avantage de
fournir à la caisse des musées des ressources
qui seraient fort utiles aux achats, et si be-
soin était, au personnel. Le choix des moyens
appartient, d’ailleurs, aux pouvoirs respon-
sables. A eux de prendre les plus efficaces ;
mais ce que le public a le droit d’exiger,
c’est la sécurité de nos richesses d’art natio-
nales.
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le dimanche 1er septembre, à Méricourt-
Village, un monument à la mémoire des victi-
mes de lacatastrophe des mines de Courrières;
Le 4 septembre, à Cavaillon (Vaucluse),
un buste de Gambetta, oeuvre du sculpteur
Félix Charpentier.
*** M. Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire
d’Etat des Beaux-Arts, vient d’être avisé par
Me Cottin, notaire à Paris, qu’un amateur
d’art distingué, M. Audéoud, mort récem-
ment au Caire, a légué toute sa fortune
— qui est de plusieurs millions — à l’Etat,
pour le musée du Louvre.
M. Audéoud avait déjà, il y a quelque
temps, donné au musée de Sèvres, tout en
en gardant l’usufruit, une superbe collection de
céramiques, et à la Bibliothèque Nationale sa
très riche bibliothèque, qui contient des ma-
nuscrits du plus vif intérêt.
Me Cottin, qui est l’exécuteur testamentaire
de M. Audéoud, a déclaré à M. Dujardin-
Beaumetz que toutes les formalités relatives
à la délivrance de ces dons et legs seraient
terminées d’ici à quelques mois.
*** Un paysage de Nicolas Berghem
qui se trouvait au Louvre, dans une des
petites salles consacrées aux œuvres de
l’école hollandaise, a été, la semaine dernière,
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X_i« Numéro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
epuis trois mois, voici le troisième
accident dont le Louvre est vic-
time. Après 1 e Déluge du Poussin,
un petit tableau de Berghem, et
tout récemment la Chapelle Sixtine d’Ingres
ont été lacérés par de malfaisants exaltés.
Cette série désastreuse a ému l’opinion et a
fini par attirer l’attention des pouvoirs pu-
blics. Mais il ne suffit pas que l’on fasse des
projets, ni que l’on procède à dis visites offi-
cielles dans les galeries : il faut enfin prendre
des mesures pratiques.
Ce n’est pas très facile sans doute, mais on
n’a pas du moins l’embarras de faire de lon-
gues recherches. L’Administration du Lou-
vre a depuis longtemps signalé le seul moyen
possible ; il est nécessaire d’accroître le nom-
bre des gardiens. On peut aussi recourir à
un certain nombre de moyens auxiliaires,
mettre des barrières, recouvrir les tableaux
de glaces. Mais la réforme indispensable ré-
side dans la surveillance qui doit être plus
active. A l’heure présente, il y a des gardiens
qui ont la charge de deux et trois salles à la
fois, et pour tous les petits cabinets où sont
exposés les Rubens et les Rembrandt, un seul
gardien se trouve avoir toute la responsabi-
lité. On ne s’étonnera pas que, dans ces con-
ditions, et malgré tout le zèle du personnel,
des accidents soient inévitables.
Peut-être devra-t-on, finalement, mettre à
l’étude la question du droit d’entrée. Ce n’est
un secret pour personne que le Louvre est
fréquenté par toute une clientèle que n’y at-
tire aucune préoccupation artistique. Elle au-
rait encore, pour ses exploits un jour gratuit
qui réclamerait une surveillance spéciale.
Mais le droit d’entrée l’écarterait le reste de
la semaine. Il aurait, en outre, l’avantage de
fournir à la caisse des musées des ressources
qui seraient fort utiles aux achats, et si be-
soin était, au personnel. Le choix des moyens
appartient, d’ailleurs, aux pouvoirs respon-
sables. A eux de prendre les plus efficaces ;
mais ce que le public a le droit d’exiger,
c’est la sécurité de nos richesses d’art natio-
nales.
NOUVELLES
*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le dimanche 1er septembre, à Méricourt-
Village, un monument à la mémoire des victi-
mes de lacatastrophe des mines de Courrières;
Le 4 septembre, à Cavaillon (Vaucluse),
un buste de Gambetta, oeuvre du sculpteur
Félix Charpentier.
*** M. Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire
d’Etat des Beaux-Arts, vient d’être avisé par
Me Cottin, notaire à Paris, qu’un amateur
d’art distingué, M. Audéoud, mort récem-
ment au Caire, a légué toute sa fortune
— qui est de plusieurs millions — à l’Etat,
pour le musée du Louvre.
M. Audéoud avait déjà, il y a quelque
temps, donné au musée de Sèvres, tout en
en gardant l’usufruit, une superbe collection de
céramiques, et à la Bibliothèque Nationale sa
très riche bibliothèque, qui contient des ma-
nuscrits du plus vif intérêt.
Me Cottin, qui est l’exécuteur testamentaire
de M. Audéoud, a déclaré à M. Dujardin-
Beaumetz que toutes les formalités relatives
à la délivrance de ces dons et legs seraient
terminées d’ici à quelques mois.
*** Un paysage de Nicolas Berghem
qui se trouvait au Louvre, dans une des
petites salles consacrées aux œuvres de
l’école hollandaise, a été, la semaine dernière,