N* 31. — 1907.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2' Arr.)
5 Octobre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAVX-ARTS
PARAISSANT LC SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l’abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr. I Étranger (Etats faisant partie de
Départements. 12 fr. | l’Union postale). 15 fr -
Xi* Numéro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
n a eu, depuis quelque temps, la
satisfaction d’apprendre à diffé-
rentes reprises que des œuvres
d’art du xviu et du xvme siècle
ornant les ministères avaient été transpor-
tées au Louvre. Ce sont des bustes, des secré-
taires, de grands bureaux en marqueterie ou
décorés de cuivres. D’autres ouvrages, qui
demeurent encore dans les appartements
ministériels, doivent eux aussi, dit-on, pren-
dre le chemin du musée du Louvre, et ce
sera là une heureuse réforme.
La présence de ce mobilier dans les minis-
tères avait bien des inconvénients. De tous le
plus grand est qu’il risquait de sa détériorer.
En dépit de la sollicitude qu’il pouvait ins-
pirer, il était exposé à tout ce que comportent
les déménagements, aménagements nouveaux,
déplacements rendus inévitables par l’ar-
rivée et le départ des hôtes successifs d’un
ministère. Il se trouvait en outre soustrait aux
regards du public, et le petit nombre de ceux
•qui, par obligation professionnelle ou par
occasion, vivaient dans son entourage, avait
nécessairement des préoccupations d’un autre
ordre. Au Louvre, ce mobilier historique se
trouvera placé dans son milieu naturel : il
appartiendra à tous ceux qui auront le désir
ou le besoin de le voir, aux historiens, aux
amateurs, aux artistes, aux ouvriers d’art.
Quant aux ministères dépossédés, ils trou-
veront aisément à se meubler. Pour ceux dont
la décoration forme un certain ensemble et a
quelque style, on a déjà pensé à leur donner
de belles copies des meubles anciens. Pour les
autres, la question sera plus facile encore à
régler. Il était beau sans doute de travailler
sur le bureau de Colbert : mais il est possible
de travailler sur un autre bureau et il n’au-
rait pas été possible de remplacer celui de
Colbert.
Vandalisme officiel :
L’Administration des Beaux-Arts avait fait
annoncer — et nous nous étions empressés
de publier cette information — que, de concert
avec le ministère de la Guerre, la démolition
commencée par l’autorité militaire du cloître
de la Trinité de Vendôme serait arrêtée et
que l’on conserverait tout le reste de l’édifice.
Or, malgré ces promesses formelles et malgré
la loi qui protège les monuments historiques
classés, il n’en a rien été ; aujourd’hui il ne
reste plus rien de toute la partie du cloître
dépendant de l’Administration militaire.
Essayons dès maintenant de prévenir un
autre vandalisme. L’Etat met en vente le
monastère de Valloires (Somme), dont la loi
de Séparation vient de le rendre maître. La
décoration de l’église est un pur chef-d’œuvre
de l’art du dix-huitième siècle. On a réussi
dernièrement à en obtenir le classement ;
mais nous venons de voir combien est illu-
soire une pareille garantie, et l’on sait avec
quelle facilité s’obtiennent les arrêts de dé-
classement. Devrait-il être permis à l’Etat de
« liquider » des œuvres d’art? Du jour où
elles entrent dans le patrimoine delà nation,
elles doivent être inaliénables, au même titre
que les tableaux et les sculptures des musées.
NOUVELLES
*** La Société « Le Vieux Honlleur » a
inauguré le 22 septembre, dans son musée, le
buste de l’historien Albert Sorel.
Le dimanche 29 septembre a été inauguré
à Royan un monument à la mémoire de l’an-
cien sénateur Frédéric Garnier.
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PROPOS DU JOUR
n a eu, depuis quelque temps, la
satisfaction d’apprendre à diffé-
rentes reprises que des œuvres
d’art du xviu et du xvme siècle
ornant les ministères avaient été transpor-
tées au Louvre. Ce sont des bustes, des secré-
taires, de grands bureaux en marqueterie ou
décorés de cuivres. D’autres ouvrages, qui
demeurent encore dans les appartements
ministériels, doivent eux aussi, dit-on, pren-
dre le chemin du musée du Louvre, et ce
sera là une heureuse réforme.
La présence de ce mobilier dans les minis-
tères avait bien des inconvénients. De tous le
plus grand est qu’il risquait de sa détériorer.
En dépit de la sollicitude qu’il pouvait ins-
pirer, il était exposé à tout ce que comportent
les déménagements, aménagements nouveaux,
déplacements rendus inévitables par l’ar-
rivée et le départ des hôtes successifs d’un
ministère. Il se trouvait en outre soustrait aux
regards du public, et le petit nombre de ceux
•qui, par obligation professionnelle ou par
occasion, vivaient dans son entourage, avait
nécessairement des préoccupations d’un autre
ordre. Au Louvre, ce mobilier historique se
trouvera placé dans son milieu naturel : il
appartiendra à tous ceux qui auront le désir
ou le besoin de le voir, aux historiens, aux
amateurs, aux artistes, aux ouvriers d’art.
Quant aux ministères dépossédés, ils trou-
veront aisément à se meubler. Pour ceux dont
la décoration forme un certain ensemble et a
quelque style, on a déjà pensé à leur donner
de belles copies des meubles anciens. Pour les
autres, la question sera plus facile encore à
régler. Il était beau sans doute de travailler
sur le bureau de Colbert : mais il est possible
de travailler sur un autre bureau et il n’au-
rait pas été possible de remplacer celui de
Colbert.
Vandalisme officiel :
L’Administration des Beaux-Arts avait fait
annoncer — et nous nous étions empressés
de publier cette information — que, de concert
avec le ministère de la Guerre, la démolition
commencée par l’autorité militaire du cloître
de la Trinité de Vendôme serait arrêtée et
que l’on conserverait tout le reste de l’édifice.
Or, malgré ces promesses formelles et malgré
la loi qui protège les monuments historiques
classés, il n’en a rien été ; aujourd’hui il ne
reste plus rien de toute la partie du cloître
dépendant de l’Administration militaire.
Essayons dès maintenant de prévenir un
autre vandalisme. L’Etat met en vente le
monastère de Valloires (Somme), dont la loi
de Séparation vient de le rendre maître. La
décoration de l’église est un pur chef-d’œuvre
de l’art du dix-huitième siècle. On a réussi
dernièrement à en obtenir le classement ;
mais nous venons de voir combien est illu-
soire une pareille garantie, et l’on sait avec
quelle facilité s’obtiennent les arrêts de dé-
classement. Devrait-il être permis à l’Etat de
« liquider » des œuvres d’art? Du jour où
elles entrent dans le patrimoine delà nation,
elles doivent être inaliénables, au même titre
que les tableaux et les sculptures des musées.
NOUVELLES
*** La Société « Le Vieux Honlleur » a
inauguré le 22 septembre, dans son musée, le
buste de l’historien Albert Sorel.
Le dimanche 29 septembre a été inauguré
à Royan un monument à la mémoire de l’an-
cien sénateur Frédéric Garnier.