La chronique des arts et de la curiosité (1907)

N° 35. - 1907.

BUREAUX : 8, RUE FAVART (2' Arr.)

16 Novembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LI SAMEDI MATIN

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PROPOS DU JOUR

eux questions importantes ont été
soulevées au cours de la discus-
sion du budget des Beaux-Arts
et elles méritent d’autant plus de
retenir l’attention qu’elles ne sont pas encore
réglées et qu’on a paru peu s’v arrêter. L’une
est relative à la protection de la beauté de
Paris, l’autre aux mesures propres à assurer
la sécurité du Louvre.

Ce n’est plus seulement la place des Vic-
toires, ni la partie de la rue de Rivoli faisant
face aux Tuileries, ni la place Vendôme, ni
-le coin de l’avenue de l’Opéra qui sont me-
nacés : c’est la place de l'Etoile elle-même.
D’énormes bâtisses semblent défier l’Arc-
de-Triomphe, et toute l'harmonie d'un en-
semble illustre entre tous se trouve compro-
mise. A défaut de la loi sur les monuments
historiques, qui ne peut pas tout protéger,
•car tout ne saurait être classé, il y avait
des règlements de police. Mais ils ont été
légèrement changés, et il a suffi de quelque
licence pour que s’élèvent tout à coup des
maisons américaines où les propriétaires
trouvent leur compte, mais où la beauté de
Paris a beaucoup à perdre. Là où le mal est
fait il semble bien difficile de rien tenter, et
il n’y a qu’à subir, mais ne prendra t-011 au-
cune mesure pour qu’il ne puisse s’étendre,
et les exemples que tout le monde a déplorés
ne conseilleront-ils pas quelque moyen de
préservation ?

Pour la question du Louvre, elle a du
moins le mérite d’être plus simple. Au lende-
main des accidents qui ont fait souffrir plu-
sieurs toiles, l’idée a tout de suite été mise
en circulation d’établir un droit d’entrée. Un
jour par semaine le musée resterait gratuit,
et réclamerait une surveillance plus grande

encore que de coutume. Les autres jours, le
droit d’entrée servirait peut-être à écarter
quelques visiteurs dangereux, et il permet-
trait, en tout cas, de payer des gardiens sup-
plémentaires. Il ne paraît pas, jusqu’à pré-
sent du moins, que de grandes objections
aient été soulevées. Le rapporteur du budget
s’est déclaré favorable à cette réforme ; le
gouvernement, de son côté, a promis d’étu-
dier la question ; on a même parlé d'un
projet de loi. Il n’y a plus qu’à souhaiter que
cette étude et la rédaction de ce projet ne
réclament pas trop de délai : le Louvre, en
attendant, reste ouvert à tout venant et n’a
pas le moyen de se garder comme il mérite-
rait de pouvoir le faire.

NOUVELLES

*** Grâce aux bons offices du général Niox,
directeur du Musée de l’Armée, le ministre de
la Guerre vient de mettre à la disposition du
Louvre le beau bureau en marqueterie et
bronzes dorés du gouverneur des Invalides. Au
moment du transfert, on a trouvé, au revers de
ce meuble, la signature du grand ébéniste
,T.-F. Ocbcn, qui lut l’aïeul de Delacroix et
qui commença le célèbre bureau de Louis XV,
achevé après sa mort par Riesener et Du-
plessis.

En même temps, M. Clemenceau faisait
remettre au musée une charmante pendule en
marbre et bronze doré, ornée de deux figures,
qui se trouvait au ministère de l’intérieur,
dans le cabinet d’un chef de bureau.

*** Le président du Conseil a remis à M. G.
Berger, président de l’Union centrale des Arts
décoratifs, pour être déposées au Musée des
Arts décoratifs où elles demeureront expo-
sées deux superbes pendules appartenant au
Domaine. L’une, garnie de plaques de porce-
laine de Sèvres, avec des figures et des orne-