DOI Heft:
Nr. 9 (2 Mars)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0075
N° 9. - 1907.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (ze Àrr.)
2 Mars.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr. Étranger (Etats faisant partie de
Départements. 12 fr. l’Union postale). 15 fr.
3Le ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
a) ^
R'SC-ijg» a Galerie des Machines, nous 1 avons
dit, a. été condamnée. A cliffé-
rentes reprises, depuis un an, sa
JRA v-A destinée a été remise en cause; on
a même- pu croire un instant son avenir
assuré. Mais, soit que ses défenseurs aient
relâché leur zèle, soit que ses adversaires
aient montré plus de résolution, elle semble
menacée d’une disparition prochaine.
Qu'il soit ici permis de la défendre. Les
raisons de sauver cette vaste galerie ne man-
quent point. Elle tient de ses dimensions
même un avantage peu commun et qui lui
donnait une utilité assez démontrée par l’ex-
périence même. Si cette considération prati-
que était la seule à faire valoir, elle serait
digne d’un sérieux examen. Mais elle n’est
que le moindre argument dont on dispose.
Le grand titre de la Galerie des Machines à
l’attention du public, c’était d’être le témoi-
gnage de l’audace et de l’effort de notre ar-
chitecture. N’avait-elle pas à sa naissance été
exaltée comme une merveille? On vantait
alors la hardiesse de la conception et l’utili-
sation toute nouvelle de l’armature métalli-
que; on admirait l’art avec lequel la matière
même d’un immense édifice s’était trouvée
allégée et presque spiritualisée; on la tenait
pour le symbole de l’ouvrage moderne. Cet
enthousiasme n’aura pas duré vingt ans.
La Galerie, même si elle ne méritait pas
l’excès d’honneur de jadis, ne mérite pas
assurément l’excès d’indignité d’aujourd’hui.
11 est bien vrai, qu’elle représente un effort
intéressant et qu’elle apprend quelque chose
sur l’art de notre époque. Et quand on voit les
épaisses et banales constructions que l’admi-
nistration et l’art officiel ont fait surgir du
soi à l’Exposition qui a suivi, on est tenté de
reconnaître à la Galerie des Machines toutes
sortes de titres à notre respect. Pourquoi la
Ville, si elle ne peut la laisser sur son empla-
cement actuel, n’essaie-t-elle pas dû moins
de la transporter sur quelqu’un de ces vastes
espaces qu’elle possède dans des quartiers si
péniblement déserts? C’est le projet qui, aux
dernières nouvelles, doit être examiné. Souhai-
tons qu’il aboutisse : ce sera un acte de sa-
gesse et de goût.
—------=-
NOUVELLES
*** M. Osiris, mort dernièrement, a laissé
à l’Etat les œuvres d'art qu’il possédait et
qu’il désire voir figurer dans un musée por-
tant son nom.
Il avai t fait également un legs de 5.000 francs
de rente au profit du Conservatoire de musi-
que, pour la création de différents prix.
*** M. Redon, architecte du Louvre, a
conçu tout un plan de transformation de la
place du Carrousel et nous avons déjà parlé
du prolongement jusqu’aux pavillons de Ro-
han et de la Trémoïile, des parterres du jar-
din des Tuileries. Ce pian, que M. Dujarciin-
Beaumetz vient d’adopter définitivement,
comporte l’établissement, aux deux extrémi-
tés du terre-plein central, de deux bassins oü
miroirs d’eau, dans le goût de ceux qui sont
sur la terrasse de Versailles, devant le château.
Ces miroirs d’eau seront, comme ceux de Ver-
sailles, ornés au milieu de groupes assez bas
pour ne pas masquer la perspective, et dont
M. Injalbert a reçu la commande. Puis, com-
plétant le décor, des pelouses et des boulin-
grins s'étendront, autour desquels seront dis-
posés des candélabres à feux électriques, avec
piédestaux de marbre et fûts de bronze.
D’autre part, en avant de l’arc de triomphe,
dans l’hémicycle qui le sépare du terre-plein
BUREAUX : 8, RUE FAVART (ze Àrr.)
2 Mars.
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3Le ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
a) ^
R'SC-ijg» a Galerie des Machines, nous 1 avons
dit, a. été condamnée. A cliffé-
rentes reprises, depuis un an, sa
JRA v-A destinée a été remise en cause; on
a même- pu croire un instant son avenir
assuré. Mais, soit que ses défenseurs aient
relâché leur zèle, soit que ses adversaires
aient montré plus de résolution, elle semble
menacée d’une disparition prochaine.
Qu'il soit ici permis de la défendre. Les
raisons de sauver cette vaste galerie ne man-
quent point. Elle tient de ses dimensions
même un avantage peu commun et qui lui
donnait une utilité assez démontrée par l’ex-
périence même. Si cette considération prati-
que était la seule à faire valoir, elle serait
digne d’un sérieux examen. Mais elle n’est
que le moindre argument dont on dispose.
Le grand titre de la Galerie des Machines à
l’attention du public, c’était d’être le témoi-
gnage de l’audace et de l’effort de notre ar-
chitecture. N’avait-elle pas à sa naissance été
exaltée comme une merveille? On vantait
alors la hardiesse de la conception et l’utili-
sation toute nouvelle de l’armature métalli-
que; on admirait l’art avec lequel la matière
même d’un immense édifice s’était trouvée
allégée et presque spiritualisée; on la tenait
pour le symbole de l’ouvrage moderne. Cet
enthousiasme n’aura pas duré vingt ans.
La Galerie, même si elle ne méritait pas
l’excès d’honneur de jadis, ne mérite pas
assurément l’excès d’indignité d’aujourd’hui.
11 est bien vrai, qu’elle représente un effort
intéressant et qu’elle apprend quelque chose
sur l’art de notre époque. Et quand on voit les
épaisses et banales constructions que l’admi-
nistration et l’art officiel ont fait surgir du
soi à l’Exposition qui a suivi, on est tenté de
reconnaître à la Galerie des Machines toutes
sortes de titres à notre respect. Pourquoi la
Ville, si elle ne peut la laisser sur son empla-
cement actuel, n’essaie-t-elle pas dû moins
de la transporter sur quelqu’un de ces vastes
espaces qu’elle possède dans des quartiers si
péniblement déserts? C’est le projet qui, aux
dernières nouvelles, doit être examiné. Souhai-
tons qu’il aboutisse : ce sera un acte de sa-
gesse et de goût.
—------=-
NOUVELLES
*** M. Osiris, mort dernièrement, a laissé
à l’Etat les œuvres d'art qu’il possédait et
qu’il désire voir figurer dans un musée por-
tant son nom.
Il avai t fait également un legs de 5.000 francs
de rente au profit du Conservatoire de musi-
que, pour la création de différents prix.
*** M. Redon, architecte du Louvre, a
conçu tout un plan de transformation de la
place du Carrousel et nous avons déjà parlé
du prolongement jusqu’aux pavillons de Ro-
han et de la Trémoïile, des parterres du jar-
din des Tuileries. Ce pian, que M. Dujarciin-
Beaumetz vient d’adopter définitivement,
comporte l’établissement, aux deux extrémi-
tés du terre-plein central, de deux bassins oü
miroirs d’eau, dans le goût de ceux qui sont
sur la terrasse de Versailles, devant le château.
Ces miroirs d’eau seront, comme ceux de Ver-
sailles, ornés au milieu de groupes assez bas
pour ne pas masquer la perspective, et dont
M. Injalbert a reçu la commande. Puis, com-
plétant le décor, des pelouses et des boulin-
grins s'étendront, autour desquels seront dis-
posés des candélabres à feux électriques, avec
piédestaux de marbre et fûts de bronze.
D’autre part, en avant de l’arc de triomphe,
dans l’hémicycle qui le sépare du terre-plein