La chronique des arts et de la curiosité (1907)

N° 34. — 1907.

BUREAUX : 8, RUE FAVART (2' Arr.)

9 Novembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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15* 'u.m.ôro : O fr. 2 B

PROPOS DU JOUR

la suite des vols commis dans les
églises, on avait parlé à la légère
d’une législation nouvelle fixant,
sans coup férir, la destinée des
trésors d’art religieux. A croire les réforma-
teurs trop pressés, il était question de démé-
nager sur l’heure les édifices du culte, et de
transporter statues, reliques et orfèvre-
ries dans des musées moins bien instal-
lés et parfois aussi mal gardés. Ce projet,
n’avait pas seulement le tort d’être con-
traire à la loi. Au seul point de vue de
l’art, il opérait un transfert d’un goût contes-
table, et ôtait des ouvrages à leur décor
traditionnel, pour les dépayser à l’aventure.

Au cours d’une récente séance de la Cham-
bre, le ministre de l’Instruction publique a
fait justice de ces fantaisies absurdes. Il a
rappelé que la loi de 1907, qui allecta aux
■églises le mobilier les garnissant, gardait
toute sa vigueur, et qu’il n’était pas question
■de distraire les objets ornant actuellement
les édifices du culte. Le seul projet du gou-
vernement, c’est de proposer plus tard une
Ici générale sur toutes les richesses artisti-
ques de France, sur la conservation de toutes
les œuvres d’art contenues dans tous les édi-
fices publics. Il est certain qu’une loi de ce
genre est utile, ne serait-ce que pour réunir
et, s’il y a lieu, renforcer les dispositions con-
tenues dans la loi sur les monuments histo-
riques et dans la loi de séparation. Mais elle
ne saurait s’improviser ; elle demande,
comme l’a dit le ministre, une étude com-
plète et nous aurons plus d’une occasion d’y
revenir.

En l’attendant il y a, sans qu’il soit besoin
de légiférer, deux résultats principaux à

atteindre : l’un, c’est de décourager non seu-
lement les A'oleurs, mais aussi les acheteurs,
en appliquant rigoureusement les peines pi é-
vues par les lois existantes; l’autre, c’est
d’assurer, en les classant, le bon entretien
des édifices intéressants pour l’art, — entretien
auquel les communes, devenues proprie-
taires à la place des fabriques supprimées
par voie législative, n’ont pas le moyen de
pourvoir.

NOUVELLES

*** On a inauguré dimanche dernier, à
l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, la statue
d’une carmélite, Marie-Anne Piedcourt, guil-
lotinée en 1794 ;

Jeudi dernier, 7 novembre, a été inau-
guré à Paris, sur le terre-plein de l’Ambigu,
le monument du baron Taylor, œuvre du
sculpteur Tony Noël et de l’architecte
Moyaux.

*** Le Musée du Louvre vient de s’enrichir
d’une charmante statue en bois de La Vierge
avec L'Enfant, œuvre française du xrve siècle,
originaire, pense-t-on, de Picardie, et qui
offre, en effet, beaucoup de parenté avec la
Vierge de la Porte Dorée de la cathédrale
d’Amiens.

*** M. Curbaz-Marmontel, fils de 'SI. Mar-
montel, ancien professeur au Conservatoire
de musique, qui est récemment décédé, a lé-
gué au musée de cet établissement plusieurs
tableaux, notamment un portrait de son père,
par M. Léon Donnât, et un buste du même,
par Barrias, des portraits de Gluck, de Cho-
pin et de Heller. Le défunt fonde, en outre,
un prix Marmontel, qui sera décerné chaque
année, à un artiste méritant, par la Société
des Compositeurs de musique.