La chronique des arts et de la curiosité (1907)

N° 25. - 1907.

BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)

13 Juillet.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES SEAUX-ARTS

PARAISSANT L K SAMEDI MATIN

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X-ie Numéro : O fr. 2 S

PROPOS DU JOUR

K vandalisme d’un fou a failli cau-
ser au Louvre une perte irrépa-
rallie. Le Déluge de Poussin a été
lacéré à plusieurs endroits. Il
faudra une réparation des plus délicates et
des plus minutieuses pour sauver le tableau
et lui permettre, malgré le grave dommage
subi, de faire figure clans notre galerie na-
tionale. Un pareil accident est venu rappe-
ler brutalement à tous la nécessité de prendre
des mesures pour la sauvegarde des œuvres
cl’art. Assurément, il est difficile de les pré-
server à jamais de tous les attentats, mais du
moins est-il indispensable de prendre toutes
les précautions qui peuvent aider à les y
soustraire.

Ces précautions ne sont pas encore prises.
Les conservateurs du Louvre ont cependant
réclamé à plusieurs reprises ; et les vols com-
mis cette année ne leur ont que trop donné
occasion de renouveler leurs demandes. Mais
l’administration est lente, et l’émotion sou-
levée par un accident est déjà un peu calmée
que rien encore n’a été fait. Il faut espérer
que cette fois, après une alerte aussi pénible,
on se décidera à intervenir et que l’on fera
droit sans tarder à la requête si légitime et
si pressante des musées nationaux.

Parmi les mesures réclamées, il en est deux
principales : l’une consiste à mettre dans le
Louvre des agents en uniforme, moins pour
la surveillance qu’ils exerceraient, car ils
seraient forcément en petit nombre, que pour
l’effet d’intimidation que leur présence pour-
rait produire sur les malfaiteurs. L’autre,
plus importante encore, est d’accroître le
nombre des gardiens, ainsi qu’on ne cesse de
le réclamer depuis plusieurs années. Il est

affligeant de constater que, de ce côté-là, rien
n’a encore été tenté. Si le roulement néces-
saire au repos a obligé à modifier les heures
d’ouverture, et si le sort des gardiens a pu
être amélioré, il n’a été pris aucune décision
pour améliorer le sort du musée lui-même.
Les crédits manquent-ils donc? Personne ne
pourrait le soutenir : l’abondance des achats,
la création de postes nouveaux, et d’une uti-
lité pour le moins discutable, prouvent que
les Beaux-Arts n’ont pas un budget assez
pauvre pour refuser une réforme indispen-
sable. Il faut enfin cette fois la vouloir et
comprendre qu’elle touche à l’intérêt vital de
notre Louvre.

NOUVELLES

*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :

Le dimanche 30 juin, à Tours, un buste du
poète Racan, œuvre du statuaire F. Sic-ard;

Le même jour, à Sceaux, un buste de Clovis
Hugues, œuvre de Mmc Clovis Hugues;

Le même jour, au cimetière de Fontenay-
aux-Roses, un monument à la mémoire du
facteur des Postes Létoile, qui s’était dis-
tingué pendant la guerre de 1870-1871 ;

Le dimanche 7 juillet, à Lyon, un buste
de Félix Mangini, ancien conseiller général
du Rhône ;

Le même jour, à Figeac, un monument à
la mémoire des combattants du Lot, œuvre
du sculpteur Seysse.

*** Par arrêté du ministre de l’Instruction
publique et des Beaux-Arts en date du
1er juillet 1907, M. Gabriel Faure, docteur en
droit, rédacteur à l’administration des Beaux-
Arts, est délégué dans les fonctions de chef
adjoint du cabinet du sous-secrétaire d’Etat
des Beaux-Arts.