N° 10. — 1907.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
9 Mars.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l’abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr. Étranger (Etats faisant partie de
Départements. 12 fr. l’Union postale). 15 fr.
I_iO Wuméro O fr. 25
PROPOS DU JOUR
es incidents récents ont appelé
l’attention sur les risques de vol
que peuvent courir les bibliothè-
ques. Les dangers de cette sorte
étaient bien' connus déjà pour les musées et
les leçons de l’expérience n'avaient malheu-
reusement pas fait défaut. Mais les bibliothè-
ques, en raison de leur nature, de leur orga-
nisation, de leur public, semblaient moins
menacées. Si le péril n’est pas pour elles
tout à fait le même, il faut bien reconnaître
qu’il existe.
A la vérité, on s’explique assez mal que
des vols importants et répétés soient si faciles.
Ce n’est pas les règlements qui manquent
dans notre pays, et ce n’est pas non plus
les fonctionnaires. Il faudrait n’ôtre jamais
entré dans une bibliothèque pour ne pas con-
naître la série d’épreuves à laquelle le simple
lecteur est soumis. On n’obtient pas généra-
lement communication d’un ouvrage sans
avoir rempli un bulletin, décliné son nom et
son adresse, inscrit le volume désiré ; on ne
sort pas sans avoir rendu les livres et fait
viser ledit bulletin. Ces formalités seraient
incompréhensibles et vexatoires si elles
n’avaient pas précisément pour fin d’assurer
le patrimoine de la bibliothèque contre les
malveillances. Faut-il donc croire qu’elles
sont juste assez remplies pour être ennuyeu-
ses et pas assez pour être efficaces?
Quant aux prêts, ils sont entourés de plus
•de garanties encore. Tous les travailleurs
savent que ce n’est pas peu de chose de faire
sortir un livre d’une bibliothèque publique.
Une fois hors du sanctuaire, est-il aban-
donné? Il doit y avoir, il y a des registres
contenant les noms et qualités de l’emprun-
teur, la date de l’emprunt, les délais au bout
desquels le livre doit être revenu. Des pres-
cription s pareilles ne sont pas difficiles à suivre,
et si elles le sont, on se demande comment
des ouvrages précieux peuvent disparaître.
Sans doute des rapports personnels de conser-
vateur à emprunteur rendent parfois délicats
des rappels à l’ordre nécessaires : c’est là que
les fonctionnaires ont à faire paraître leur
tact et leur fermeté. Les bibliothèques étran-
gères sont régies par des règlements aussi
sévères que respectés. On en pourrait citer
une qui n’a consenti à prêter un livre en
E’rance que si la Bibliothèque Nationale se
reconnaissait responsable. Assurément, c’est
une extrémité; mais elle révèle une bonne
méthode. Nos règlements, à nous, sont suffi-
sants : il faut seulement qu’ils soient stricte-
ment appliqués, et c’est là, du plus humble au
plus élevé des fonctionnaires, affaire de
conscience professionnelle.
Nous sommes heureux d’apprendre que
notre réclamation au sujet de la restauration
des fresques du palais des Papes a porté ses
fruits. On a congédié le pein tre en bâtiment
qui se livrait à l’enlèvement des badigeons et
réclamé le concours de spécialistes italiens.
Puis on s’est adressé, à Paris, à M. Yperman,
l’artiste qui a relevé avec tant de talent les
vieilles peintures murales des églises de
France, et on l’a chargé d’examiner quelles
mesures il convient de prendre pour remettre
au jour et conserver les peintures du palais
des Papes. Félicitons les architectes des
Monuments historiques d’avoir pris enfin ces
mesures indispensables.
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BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
9 Mars.
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I_iO Wuméro O fr. 25
PROPOS DU JOUR
es incidents récents ont appelé
l’attention sur les risques de vol
que peuvent courir les bibliothè-
ques. Les dangers de cette sorte
étaient bien' connus déjà pour les musées et
les leçons de l’expérience n'avaient malheu-
reusement pas fait défaut. Mais les bibliothè-
ques, en raison de leur nature, de leur orga-
nisation, de leur public, semblaient moins
menacées. Si le péril n’est pas pour elles
tout à fait le même, il faut bien reconnaître
qu’il existe.
A la vérité, on s’explique assez mal que
des vols importants et répétés soient si faciles.
Ce n’est pas les règlements qui manquent
dans notre pays, et ce n’est pas non plus
les fonctionnaires. Il faudrait n’ôtre jamais
entré dans une bibliothèque pour ne pas con-
naître la série d’épreuves à laquelle le simple
lecteur est soumis. On n’obtient pas généra-
lement communication d’un ouvrage sans
avoir rempli un bulletin, décliné son nom et
son adresse, inscrit le volume désiré ; on ne
sort pas sans avoir rendu les livres et fait
viser ledit bulletin. Ces formalités seraient
incompréhensibles et vexatoires si elles
n’avaient pas précisément pour fin d’assurer
le patrimoine de la bibliothèque contre les
malveillances. Faut-il donc croire qu’elles
sont juste assez remplies pour être ennuyeu-
ses et pas assez pour être efficaces?
Quant aux prêts, ils sont entourés de plus
•de garanties encore. Tous les travailleurs
savent que ce n’est pas peu de chose de faire
sortir un livre d’une bibliothèque publique.
Une fois hors du sanctuaire, est-il aban-
donné? Il doit y avoir, il y a des registres
contenant les noms et qualités de l’emprun-
teur, la date de l’emprunt, les délais au bout
desquels le livre doit être revenu. Des pres-
cription s pareilles ne sont pas difficiles à suivre,
et si elles le sont, on se demande comment
des ouvrages précieux peuvent disparaître.
Sans doute des rapports personnels de conser-
vateur à emprunteur rendent parfois délicats
des rappels à l’ordre nécessaires : c’est là que
les fonctionnaires ont à faire paraître leur
tact et leur fermeté. Les bibliothèques étran-
gères sont régies par des règlements aussi
sévères que respectés. On en pourrait citer
une qui n’a consenti à prêter un livre en
E’rance que si la Bibliothèque Nationale se
reconnaissait responsable. Assurément, c’est
une extrémité; mais elle révèle une bonne
méthode. Nos règlements, à nous, sont suffi-
sants : il faut seulement qu’ils soient stricte-
ment appliqués, et c’est là, du plus humble au
plus élevé des fonctionnaires, affaire de
conscience professionnelle.
Nous sommes heureux d’apprendre que
notre réclamation au sujet de la restauration
des fresques du palais des Papes a porté ses
fruits. On a congédié le pein tre en bâtiment
qui se livrait à l’enlèvement des badigeons et
réclamé le concours de spécialistes italiens.
Puis on s’est adressé, à Paris, à M. Yperman,
l’artiste qui a relevé avec tant de talent les
vieilles peintures murales des églises de
France, et on l’a chargé d’examiner quelles
mesures il convient de prendre pour remettre
au jour et conserver les peintures du palais
des Papes. Félicitons les architectes des
Monuments historiques d’avoir pris enfin ces
mesures indispensables.
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