DOI Heft:
Nr. 20 (18 Mai)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0183
N° 20. - 1907.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
18 Mai.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l’abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr. Étranger (Etats faisant partie de
Départements. 12 fr. l’Union postale).
Ue ISTuinéro : O fr, 26
15 fr.
PROPOS DU JOUR
(^5^'affaire du Mont-Saint-Michel est
4bv en mauvaise voie. La dernière vi-
site faite sur les lieux par les
plus hauts membres de l’Admi-
nistration des Beaux-Arts n’aura servi qu’aux
ennemis du Mont-Saint-Michel, toujours
prompts, depuis les débuts de cette aventure,
à profiter de la crédulité des autorités.
Il y a, comme on sait, deux questions en
suspens depuis longtemps. L’une est relative
à l’installation d’hôtels au pied même du
mont Saint-Michel; l’autre à l’ensablement
et à la digue. Sur le premier point, tous les
amis des paysages, toutes les Sociétés créées
pour la protection des sites sont intervenues.
Mais on se heurte à des intérêts locaux qui se
défendent très âprement, et en dépit des atté-
nuations qu’ils apportent à leurs projets, en
dépit des promesses déjà faites d’élever des
maisons basses et ne défigurant pas l’aspect
des lieux, on peut dire que les hôteliers de-
meurent maîtres de la place.
Mais il y a plus grave. La digue construite
naguère a pour effet d’empêcher la marée
d’arriver et prive le mont Saint-Michel de sa
ceinture d’eau. Il est à peine besoin de mar-
quer la déplorable transformation que cet en-
sablement fait subir au site traditionnel. Un
seul moyen serait sûr : ce serait d’abaisser la
digue, afin que les flots pussent passer. On
se gardera bien de le faire. Aux termes du
dernier projet, on ouvrira simplement la digue
à son point de départ. Quelques vagues vien-
dront peut-être, à cet endroit, jusqu’au pied
du mont, mais partout ailleurs la barrière
demeurera infranchissable, et c’est à brève
échéance la menace de l’ensablement... 1
Nos doléances au sujet des récentes nomi-
nations faites dans le personnel de l’inspec-
tion des Monuments historiques ont trouvé
un écho, ces jours derniers, au Parlement, au
cours d’une interpellation sur le favoritisme
dans les administrations de l’État. On a cité le
fait suivant : « Il y a quelques mois, on nom-
mait comme inspecteur adjoint des Monu-
ments historiques un jeune homme qui n’est
pas encore majeur (1). » Ce détail achève de
justifier les défiances que nous exprimions au
sujet du travail de classement confié à des
fonctionnaires très novices. Ajoutons qu’on
n’a pas encore osé publier à l'Officiel les no-
minations d’inspecteurs généraux ou adjoints
auxquelles nous avons fait allusion.
NOUVELLES
*** Dimanche dernier, 12 mai, a été inau-
guré à Paris, place Denfert-Rochereau, un
monument à la mémoire du sénateur Ludovic
Trarieux, œuvre du sculpteur Jean Boucher.
*** Un décret en date du 26 avril, publié le
9 mai à l'Officiel, règle la situation et les at-
tributions des divers personnels jusqu’ici
chargés du contrôle des travaux des bâtiments
civils, des palais nationaux, des monuments
historiques et des édifices cultuels,'réunis dé-
sormais en un service unique qui prend la
dénomination de « Contrôle des travaux d’ar-
chitecture de l’administration des Beaux-
Arts. »
**-La Société pour la Protection des
Paysages de France a émis, dans sa dernière
séance de comité, les vœux suivants :
1° Qu’il ne soit fait aucune exploitation au
lieu dit le Long Rocher (forêt de Fontaine-
(1) Journal Officiel du 9 mai, p. 930.
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2e Arr.)
18 Mai.
LA
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15 fr.
PROPOS DU JOUR
(^5^'affaire du Mont-Saint-Michel est
4bv en mauvaise voie. La dernière vi-
site faite sur les lieux par les
plus hauts membres de l’Admi-
nistration des Beaux-Arts n’aura servi qu’aux
ennemis du Mont-Saint-Michel, toujours
prompts, depuis les débuts de cette aventure,
à profiter de la crédulité des autorités.
Il y a, comme on sait, deux questions en
suspens depuis longtemps. L’une est relative
à l’installation d’hôtels au pied même du
mont Saint-Michel; l’autre à l’ensablement
et à la digue. Sur le premier point, tous les
amis des paysages, toutes les Sociétés créées
pour la protection des sites sont intervenues.
Mais on se heurte à des intérêts locaux qui se
défendent très âprement, et en dépit des atté-
nuations qu’ils apportent à leurs projets, en
dépit des promesses déjà faites d’élever des
maisons basses et ne défigurant pas l’aspect
des lieux, on peut dire que les hôteliers de-
meurent maîtres de la place.
Mais il y a plus grave. La digue construite
naguère a pour effet d’empêcher la marée
d’arriver et prive le mont Saint-Michel de sa
ceinture d’eau. Il est à peine besoin de mar-
quer la déplorable transformation que cet en-
sablement fait subir au site traditionnel. Un
seul moyen serait sûr : ce serait d’abaisser la
digue, afin que les flots pussent passer. On
se gardera bien de le faire. Aux termes du
dernier projet, on ouvrira simplement la digue
à son point de départ. Quelques vagues vien-
dront peut-être, à cet endroit, jusqu’au pied
du mont, mais partout ailleurs la barrière
demeurera infranchissable, et c’est à brève
échéance la menace de l’ensablement... 1
Nos doléances au sujet des récentes nomi-
nations faites dans le personnel de l’inspec-
tion des Monuments historiques ont trouvé
un écho, ces jours derniers, au Parlement, au
cours d’une interpellation sur le favoritisme
dans les administrations de l’État. On a cité le
fait suivant : « Il y a quelques mois, on nom-
mait comme inspecteur adjoint des Monu-
ments historiques un jeune homme qui n’est
pas encore majeur (1). » Ce détail achève de
justifier les défiances que nous exprimions au
sujet du travail de classement confié à des
fonctionnaires très novices. Ajoutons qu’on
n’a pas encore osé publier à l'Officiel les no-
minations d’inspecteurs généraux ou adjoints
auxquelles nous avons fait allusion.
NOUVELLES
*** Dimanche dernier, 12 mai, a été inau-
guré à Paris, place Denfert-Rochereau, un
monument à la mémoire du sénateur Ludovic
Trarieux, œuvre du sculpteur Jean Boucher.
*** Un décret en date du 26 avril, publié le
9 mai à l'Officiel, règle la situation et les at-
tributions des divers personnels jusqu’ici
chargés du contrôle des travaux des bâtiments
civils, des palais nationaux, des monuments
historiques et des édifices cultuels,'réunis dé-
sormais en un service unique qui prend la
dénomination de « Contrôle des travaux d’ar-
chitecture de l’administration des Beaux-
Arts. »
**-La Société pour la Protection des
Paysages de France a émis, dans sa dernière
séance de comité, les vœux suivants :
1° Qu’il ne soit fait aucune exploitation au
lieu dit le Long Rocher (forêt de Fontaine-
(1) Journal Officiel du 9 mai, p. 930.