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LA CHRONIQUE DES ARTS
bleau) compris dans la partie domaniale de
l’Etat ;
2° Que, dans l’exécution d’un chemin de
hâlage faisant partie de travaux projetés le
long de la Marne, près de Charenton, on
s’abstienne d’enlever des arbres et de déposer
des remblais nuisibles à leur développement,
sauf cas d’absolue nécessité.
*** Le gouvernement italien vient de se
rendre acquéreur,pour la somme de450.000fr.,
d’une très belle statue antique appartenant à
la famille Aldobrandini, qui la conservait
jalousement dans sa villa de Porto d’Anzio.
Découverte en 1878, elle est presque ignorée
du public, mais les savants ont beaucoup dis-
serté déjà à son sujet, sans pouvoir se mettre
d’accord ni sur ses origines ni sur ce qu’elle
représente. C’est une figure de jeune femme
enveloppée d’un ample chiton qui tombe de
son épaule droite et d’une draperie plus
mince qui laisse transparaître les formes
d’un corps admirable; le bras droit manque,
la main gauche tient un large disque brisé sur
lequel on voit les restes d’une couronne d’oli-
vier et d’un écrin qui devait être supporté
par de petites griffes. Ces accessoires assez
vagues ne permettent pas de décider si cette
statue est celle d’une prêtresse ou la person-
nification d’un être mythique La même incer-
titude plane sur l’époque et sur le style de la
statue : tandis que M. Klein la rattache à
l’atelier de Praxitèle, M. Altmann à un atelier
d’Asie-Mineure, d’autres archéologues en font
honneur à un artiste romain des premiers
temps de l’Empire, et d’autres l’ont comparée
à la Victoire de Scnnothrace.
*** Le professeur Dante Vaglieri, annonce-
t-on de Ruine, vient.de découvrir au Palatin,
sous la vieille muraille considérée depuis long-
temps comme l’enceinte de la Roma quaclrala
dont parlent tous les historiens romains, des
sépulcres semblables à ceux que M. Giacomo
Boni avait découverts au Forum il y a quelques
années et que les objets qui y furent trouvés
firent dater d'une époque très reculée, anté-
rieure de plusieurs siècles à la fondation de
Rome. On a trouvé dans ceux du Palatin un
vase qui, d’après les plus minutieux examens
faits par les archéologues compétents, ne re-
monte pas au delà du commencement du
quatrième siècle ou de la fin du cinquième
siècle après J.-G.
Gette découverte modifie plusieurs données
admises jusqu’ici sur l’histoire de Rome. En
effet, si le vase trouvé dans la nécropole mise
au jour ne remonte pas plus haut que le cin-
quième siècle, c’est évidemment que l’antique
muraille considérée comme l’enceinte de la
Roma quaclrala qui, suivant les annalistes
de Rome, datait de la fondation même de la
ville, est encore postérieure au cinquième
siècle avant J.-G. De plus (et c’est là le point
le plus important, semble-t-il) si l’on enseve-
lissait des morts sur l’emplacement de la
Roma quaclrala au cinquième siècle avant
J.-G., c’est qu’à cette époque le Palatin n’était
pas encore une cité, car les lois romaines
défendaient expressément l’inhumation des
morts dans l’enceinte cl’une cité habitée.
Par conséquent, à cette date, le Palatin était
encore en dehors de Rome. Gela semble con-
firmer l’opinion de la nouvelle école historique
d’après laquelle, avant le pillage de Rome
par les Gaulois, aucun endroit de Rome
n’était fortifié, sauf le Capitole.
*** Il s’est fondé récemment une Société
liollando-belge, les Amis de la médaille d’art,
qui compte déjà 221 adhérents. C’est à
Bruxelles qu’ils se sont réunis en dernier
lieu, sous la présidence de M. de Dompierre
de Ghaufepié, conservateur du Cabinet de
numismatique de la Haye.
La Société fera frapper prochainement,
pour ses membres, trois médailles commé-
morant le 300e anniversaire de la mort de
l’amiral Ruyter, la mort de la reine Marie-
Henriette, et le Congrès de la Paix; elles
seront dues à MM. Van der Goor, J. Jourdain
et IL Le Roy.
Au Musée de Sculpture comparée
DU TROC A.DÉRO
Le dernier numéro de la revue Mimées et Mo-
numents de France contient un article où Al. Ca-
mille Enlart, conservateur du Musée de sculpture
comparée du Tocadéro, expose les améliorations
accomplies depuis deux ans dans ces galeries et
les enrichissements de ces collections.
Les nouvelles galeries extérieures ont ôté aména-
gées : on y trouve, du côté de Passy, la sculpture
antique, terminée par l'art gallo-romain, et à sa
suite l’art chrétien primitif, mérovingien, byzantin,
carolingien, puis les modèles d’architecture et les
relevés de peintures, auxquels viendra s’ajouter
prochainement une série de vitraux anciens. Du
côté de Paris, on a continué jusqu’au xvi6 siècle
l’exposition méthodique des moulages et photogra-
phies de l’étranger, qui s’arrêtait au xiv° siècle.
Une seule grande pièce reste à montrer : la statue
équestre du Golleone, à qui une place d’honneur a
été réservée au centre d’un des pavillons.
Dans la galerie principale, on a léuni les exem-
plaires les plus typiques de la statuaire qui inau-
gure la dernière phase de l’art gothique : le portail
de Champmol, 1 e Puits de Moïse, les statues delà
chapelle Saint-Jean-Baptiste d’Amiens et de la
grande salle de Poitiers, le tympan du château de
la Ferté-Milon, le? Apôtres de la chapelle des Rieux,
du musée de Toulouse, et le buste de Charles V
de l’ancienne église des Gélestins.
A Amiens, des moulages ont été faits des admi-
rables chapiteaux romans de l’abbatiale de Dom-
martinet d’un chapiteau double à figures du cloître
de Corbie ; au musée de Lille, on a pris le cé-
lèbre encensoir de la fin du xna siècle, deux frag-
ments de statuaire de l’ancienne cathédrale de
Cambrai, dont un torse du Christ qui révèle une
observation très sincère de la nature.
La série des modèles du xnie siècle s’est enrichie
delà statue tombale de sainte Ozanne, qui est dans
la crypte de Jouarre, ainsi que d’un petit bas-
relief du Couronnement de la Vierge de Metz, et
d’une charmante tête de femme venant de Reims,
don de M. Thiria et de M. Pol Neveux. On y
LA CHRONIQUE DES ARTS
bleau) compris dans la partie domaniale de
l’Etat ;
2° Que, dans l’exécution d’un chemin de
hâlage faisant partie de travaux projetés le
long de la Marne, près de Charenton, on
s’abstienne d’enlever des arbres et de déposer
des remblais nuisibles à leur développement,
sauf cas d’absolue nécessité.
*** Le gouvernement italien vient de se
rendre acquéreur,pour la somme de450.000fr.,
d’une très belle statue antique appartenant à
la famille Aldobrandini, qui la conservait
jalousement dans sa villa de Porto d’Anzio.
Découverte en 1878, elle est presque ignorée
du public, mais les savants ont beaucoup dis-
serté déjà à son sujet, sans pouvoir se mettre
d’accord ni sur ses origines ni sur ce qu’elle
représente. C’est une figure de jeune femme
enveloppée d’un ample chiton qui tombe de
son épaule droite et d’une draperie plus
mince qui laisse transparaître les formes
d’un corps admirable; le bras droit manque,
la main gauche tient un large disque brisé sur
lequel on voit les restes d’une couronne d’oli-
vier et d’un écrin qui devait être supporté
par de petites griffes. Ces accessoires assez
vagues ne permettent pas de décider si cette
statue est celle d’une prêtresse ou la person-
nification d’un être mythique La même incer-
titude plane sur l’époque et sur le style de la
statue : tandis que M. Klein la rattache à
l’atelier de Praxitèle, M. Altmann à un atelier
d’Asie-Mineure, d’autres archéologues en font
honneur à un artiste romain des premiers
temps de l’Empire, et d’autres l’ont comparée
à la Victoire de Scnnothrace.
*** Le professeur Dante Vaglieri, annonce-
t-on de Ruine, vient.de découvrir au Palatin,
sous la vieille muraille considérée depuis long-
temps comme l’enceinte de la Roma quaclrala
dont parlent tous les historiens romains, des
sépulcres semblables à ceux que M. Giacomo
Boni avait découverts au Forum il y a quelques
années et que les objets qui y furent trouvés
firent dater d'une époque très reculée, anté-
rieure de plusieurs siècles à la fondation de
Rome. On a trouvé dans ceux du Palatin un
vase qui, d’après les plus minutieux examens
faits par les archéologues compétents, ne re-
monte pas au delà du commencement du
quatrième siècle ou de la fin du cinquième
siècle après J.-G.
Gette découverte modifie plusieurs données
admises jusqu’ici sur l’histoire de Rome. En
effet, si le vase trouvé dans la nécropole mise
au jour ne remonte pas plus haut que le cin-
quième siècle, c’est évidemment que l’antique
muraille considérée comme l’enceinte de la
Roma quaclrala qui, suivant les annalistes
de Rome, datait de la fondation même de la
ville, est encore postérieure au cinquième
siècle avant J.-G. De plus (et c’est là le point
le plus important, semble-t-il) si l’on enseve-
lissait des morts sur l’emplacement de la
Roma quaclrala au cinquième siècle avant
J.-G., c’est qu’à cette époque le Palatin n’était
pas encore une cité, car les lois romaines
défendaient expressément l’inhumation des
morts dans l’enceinte cl’une cité habitée.
Par conséquent, à cette date, le Palatin était
encore en dehors de Rome. Gela semble con-
firmer l’opinion de la nouvelle école historique
d’après laquelle, avant le pillage de Rome
par les Gaulois, aucun endroit de Rome
n’était fortifié, sauf le Capitole.
*** Il s’est fondé récemment une Société
liollando-belge, les Amis de la médaille d’art,
qui compte déjà 221 adhérents. C’est à
Bruxelles qu’ils se sont réunis en dernier
lieu, sous la présidence de M. de Dompierre
de Ghaufepié, conservateur du Cabinet de
numismatique de la Haye.
La Société fera frapper prochainement,
pour ses membres, trois médailles commé-
morant le 300e anniversaire de la mort de
l’amiral Ruyter, la mort de la reine Marie-
Henriette, et le Congrès de la Paix; elles
seront dues à MM. Van der Goor, J. Jourdain
et IL Le Roy.
Au Musée de Sculpture comparée
DU TROC A.DÉRO
Le dernier numéro de la revue Mimées et Mo-
numents de France contient un article où Al. Ca-
mille Enlart, conservateur du Musée de sculpture
comparée du Tocadéro, expose les améliorations
accomplies depuis deux ans dans ces galeries et
les enrichissements de ces collections.
Les nouvelles galeries extérieures ont ôté aména-
gées : on y trouve, du côté de Passy, la sculpture
antique, terminée par l'art gallo-romain, et à sa
suite l’art chrétien primitif, mérovingien, byzantin,
carolingien, puis les modèles d’architecture et les
relevés de peintures, auxquels viendra s’ajouter
prochainement une série de vitraux anciens. Du
côté de Paris, on a continué jusqu’au xvi6 siècle
l’exposition méthodique des moulages et photogra-
phies de l’étranger, qui s’arrêtait au xiv° siècle.
Une seule grande pièce reste à montrer : la statue
équestre du Golleone, à qui une place d’honneur a
été réservée au centre d’un des pavillons.
Dans la galerie principale, on a léuni les exem-
plaires les plus typiques de la statuaire qui inau-
gure la dernière phase de l’art gothique : le portail
de Champmol, 1 e Puits de Moïse, les statues delà
chapelle Saint-Jean-Baptiste d’Amiens et de la
grande salle de Poitiers, le tympan du château de
la Ferté-Milon, le? Apôtres de la chapelle des Rieux,
du musée de Toulouse, et le buste de Charles V
de l’ancienne église des Gélestins.
A Amiens, des moulages ont été faits des admi-
rables chapiteaux romans de l’abbatiale de Dom-
martinet d’un chapiteau double à figures du cloître
de Corbie ; au musée de Lille, on a pris le cé-
lèbre encensoir de la fin du xna siècle, deux frag-
ments de statuaire de l’ancienne cathédrale de
Cambrai, dont un torse du Christ qui révèle une
observation très sincère de la nature.
La série des modèles du xnie siècle s’est enrichie
delà statue tombale de sainte Ozanne, qui est dans
la crypte de Jouarre, ainsi que d’un petit bas-
relief du Couronnement de la Vierge de Metz, et
d’une charmante tête de femme venant de Reims,
don de M. Thiria et de M. Pol Neveux. On y