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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 16 (16 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0137
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ET DE LA CURIOSITÉ

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de l’architecte luttant pour la réalisation d’un idéal
qui est d’ailleurs commun à celui de ses compatrio-
tes. Ses façades, opposées à celles de Michel-Ange,
ont un caractère de simplicité : un portique centrai
en rehausse l’unité et domine les ailes, qui ont une
tendance à se détacher du noyau par la physio-
nomie originale de leurs articulations.

Dans la distribution de l’espace, Palladio est
loin d’agir en classiciste froid et calculateur. Il a
un senliment très vif des nuances et des effets. Son
« leitmotiv » est celui qui aveugle la République
vénitienne pendant la période qu’un de ses récents
biographes a appelée avec raison « lo Splendore ».
Partout il est dominé par l’idée de faire grand,
solennel et riche. Mais, chez lui, le sentiment de
l’opulence ne se traduit pas par l’accumulation du
décor. Il s’affirme dans l’importance des espaces et
dans la beauté des proportions.

Reprenant la définition du « pittoresque » appli-
quée par M. Wœlfflin à l’architecture du style ba-
roque, M. Burger dégage avec soin, des oeuvres de
Palladio, ce sentiment qui a dominé si fort dans
tout l’art vénitien. En dernier ressort, le besoin du
pittoresque trouve son expression dans le lien étroit
établi entre l’art et la nature, entre l’édifice et le
paysage. La Rotonde de Vicence ne répond à
aucun bisoin pratique. Elle ne semble avoir été
éiifiée que pour servir d’abri aux admirateurs du
paysage qui l’entoure et dont elle est, en quelque
sorte, le prolongement drus le domaine austè re
de l’architecture classique.

En terminant, M. Burger rappelle l’éloge mérité
que Quatremère de Quiucy a décerné à l’architecte
d? Vicoace si éminent par l’originalité de sa
pensée et par l’équilibre de son esprit.

D’excellentes planches accompagnent ce volume
qui, sur un sujet ancien, nous apporte des lumières
nouvelles.

G. de Mandach.

Wie man vor Hohenküngsperg gezogen ist
uid wie es gewunmen warf (Strassburg,
P. Heitz, 1909j. In-8°, 53 p. avec grav. et vi-
gnettes.

Die Hohk onigsburg un Wasgenwald und ihre
Einweihung. 16 Bilder von Hansi. Text von
Prof. Dr Knatsgi-ike. Mulhausen i. Elsass, Ch.
Baliy. In-4°, 16 planches.

On n’a pas oublié l’édifiante histoire de la re-
construction du Hohkœnigsburg ; nous l’avons
résumée ici même en son temps (1). Tandis qu’on
admirait de confiance la savante reconstitution de
l’architecte impérial Bodo Ebhardt, un érudit
strasbourgeois, le libraire P. Heitz, découvrait
une vieille estampe représentant le château tel
qu’il était avant sa destruction, et oetie vue uiffé-
rau esse tiellement de. iLspect du nouvel édifice.
Des controverses s’ensuivirent, au cours desquelles
de nouveaux documents, apportés par M. P. Heitz
et le Dr E. Major, de Bâle (2), vinrent ruiner les
arguments du monde officiel en faveur de l’œuvre
de M. Ebhardt. M. P. Heitz a jugé bon, pour
l’enseignement des entrepreneurs de restaurations
et l’édification de la postérité, de rassembler en
volume tous ces documents. On aura plaisir à les
retrouver dans cette élégante brochure qu’illus-

(1) V. Chronique des Arts, 1903, p. 185.

(2) Y. Chronique des Arts, 1909, p. 70.

trent avec infiniment de goût les reproductions des
vieilles gravures apportées en témoignage.

Après les dissertations savantes, le commentaire
humoristique. Il nous est fourni par le spirituel
dessinateur alsacien Hansi (M, J.-J.Waltz) dans un
album amusant où nous sont décrits Le Hohkœ-
nigsburg et son inauguration. Le baptême géné-
reusement octroyé au nouveau manoir par les eaux
du ciel le jour de cette inauguration, et le défilé des
lansquenets moyenâgeux entre les rangées de pa-
rapluies qui indiquent les délégations officielles ;
le piquant contraste entre la poésie romantique des
vieilles ruines dans la vaste paysage où l’on errait
librement, et la sécheresse du site nouveau, ratissé,
hérissé de poteaux indicateurs conduisant à l’é-
norme et puéril bibelot, aux salles meublées de
vieux neuf où le troupeau dos touristes défile, sous
la conduite du gardien leur détaillant les beautés
d’une restauration savante qui n’a pas épargné
un vieux fer à cheval et a poussé le scrupule
jusqu’à imiter la mousse sur les toits, — tout cela
nous est conté d’une plume alerte et fine, satirique
sans lourdeur, aux trouvailles extrêmement savou-
reuses, jusque dans le texte accompagnant ces
planches où est joyeusement pastichée la solen-
nelle pédanterie du jargon pangermaniste.

Puissent ces deux brochures, en incitant nos
modernes bâtisseurs à plus de modestie, les guérir
à jamais de leur funeste et enfantine manie des
« restaurations historiques » !

A. M.

NECROLOGIE

Le sculpteur allemand Johannes Schilling,
dont on avait à tort annoncé la mort il y a deux
ans, est décédé le 22 mars à Klotzsche-Kœnigswald,
près Dresde. Né le 23 juin 1828, à Mittweida (Saxe),
il fut élève, à l’Académie de Dresde, de Rietschelet
de Iiæhnel, puis de Drake à Berlin, et acheva ses
études par un séjour en Italie, de 1854 à 1856. En
1858, il fut nommé professeur à l’Académie de
Desde. Dans ses œuvres survit le goût classique
de Raucli, tempéré par une certaine tendance au
réalisme. Ses principales créations sont : les Quatre
parties du jour et le monument de Rietscliel pour
la terrasse de Brühl, à Dresde: dans cette même
ville, la statue équestre du roi Jean et le quadrige
bachique qui couronne l’Opéra; les monuments cle
l’empereur Maximilien du Mexique à Trieste, de
Schiller à Vienne, de Luther et Mélancliton à
Leipzig; des statues de l’empereur Guillaume I"
et de Bismarck; et surtout son monument colossal
du Niederwald, en commémoration des victoires
allemandes de 1870-71, inauguré en 1883.

Schilling était resté actif et laborieux jusqu’à
ces dernières années, où malheureusement il fut
atteint de cécité. En 1906, il publiait encore un vo-
lume de Considérations artistiques.

Il avait obtenu toutes les distinctions honorifi-
ques qu’un artiste pût recueillir : médailles, déco-
rations, titre d’Excellence, docteur honoris causa
de l’Université de Leipzig, etc.

On annonce également la mort, à Londres, le 16
mars, à l’âge de trente-huit ans, du lithographe et
dessinateur Tom Browne.
 
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