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La chronique des arts et de la curiosité — 1912

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Nr. 10 (9 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19769#0086
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7G

LA CHRONIQUE DES ARTS

Académie des Beaux-Arts

Séance du S mars
Communication. — M. Henry Lemonnier, pro-
fesseur à la Sorbonne, présente à l'Académie un
recueil provenant de la bibliothèque de l'Univer-
sité de Paris, qui contient quelques-uns des plans
et dessins fails pour les constructions entreprises
à Dijon à partir de 1682, et appelées tantôt le « pa-
lais des Etats de Bourgogne », tantôt le « logiz du
Roy ». Ces documents mentionnent le nom des trois
architectes : Daniel Gittard, de Noirville et Jules-
Hardouin Mansart, et font voir la part qui revient
à chacun d'eux dans l'exécution des plans. Ce re-
cueil comprend aussi un dessin du plan du jardin
revu et corrigé par Le Nôtre.

Académie des Inscriptions

Séance du 1" mars

Missions d'Afrique. — M. Henri Cordier an-
nonce qu'il a reçu deux lettres de M. de Giron-
court datées de Tombouctou, le 17 et le 20 janvier.
Il devait quitter Tombouctou le lendemain pour
se rendre à Gao, Kidal, Es-Souk, Talaya, l'objet
principal de sa mission étant d'y étudier les né-
cropoles de cette région, surtout entre Bamba et
Bantia, entre Kidal et Telaya. En attendant, M.
de Gironcourt envoie 73 copies de manuscrits re-
cueillis à Djenné et dans le Macina dont l'histoire
est si peu connue. M. de Gironcourt a en outre
recueilli quelques traditions de la ville de Dia, qui
serait vieille d'un millier d'années et qui garde
quelques témoins de cet art spécial do sculpture
sur bois encore en honneur actuellement dans les
pays sarakolles. Leurs échantillons, qui provien-
nent de Dia, tirent leur valeur de leur antiquité
car, depuis le xi" siècle auquel se rapporte la tra-
dition locale, ces objets ne semblent plus avoir été
fabriqués dans cette ville.

Election. — L'Académie procède ensuite à l'élec-
tion d'un membre libre en remplacement de M.
Soglio, décédé. M. Radot, doyen de la Faculté des
Lettres de Bordeaux ayant déclaré retirer sa can-
didature, les candidats qui restent en présence
sont (par ordre d'inscription) : MM. le chanoine
Ulysse Chevalier; A. Bayet; le Dr Gapitan; Adrien
Blanchet; le comte Alexandre de Laborde ; le com-
mandant Espérandieu. Au 4* tour de scrutin,
M. le chanoine Ulysse Chevalier est élu par
25 voix contre 19 à M. Bayet et 1 à M. Blanchet.

Correspondant de l'Académie depuis 1887, le nou-
vel élu est né en 1841 à Rambouillet, et habite
Romans, dans la Drôme. Il s'est fait connaître et
apprécier du monde savant tout entier pour ses
deux répertoires «bio-bibliographique» et « topo-
bibliographique » où il a amoncelé tous les rensei-
gnements qu'au cours de ses études il a recueillis
sur les hommes marquants et sur les localités de
quelque importance mis en lumière depuis l'ère
chrétienne jusqu'à la fin du Moyen âge : travail
colossal dont se trouvent munies les bibliothèques
du monde entier ; puis la collection des cartulaires
du Dauphiné ; la réédition revue et augmentée de
la Gallia christiana ; des volumes consacrés à élu-
cider l'origine du Saint Suaire de Turin et de la
Santa Casa de Lorette ; etc.

Direction de l'Ecole d'Athènes. — L'Académie
désigne à M. le ministre de l'Instruction publique,
comme candidats aux fonctions de directeur de
l'Ecole française dAthènes, en remplacement de
M. Holleaux, démissionnaire : en première ligne,
M. Homolle, membre de l'Académie, ancien direc-
teur des musées nationaux, et, en seconde ligne,
M. Pierre Paris, professeur à l'Université de Bor-
deaux, bien connu par ses études relatives aux
antiquités hispaniques. (Au moment où nous met-
tons sous presse, M. Homolle vient d'être désigné
par le ministre.)

Prix. — L'Académie décerne à Mm* Auguste
Longnon le prix Estrade-Delcros, de 8.000 francs,
pour rendre hommage à la mémoire et aux tra-
vaux de l'éminent et regretté savant.

CHRONIQUE MUSICALE

Théâtre National de l'Opéra-Comique : La Lé-
preuse, tragédie légendaire on trois actes, de M.
Henri Bataille, musique de M. Sylvio Lazzari.
Voici donc, enfin, cotte Lépreuse qui faisait si
peur aux gens de théâtre. Pourtant, le public n'en
est pas effrayé. Nulle protestation, mais des ap-
plaudissements enthousiastes. Avouons-le : les
« odyssées » de la Lépreuse, du Roi d'Ys, de Si.
gurd, de l'Oiseau bleu, nous rendent un peu
sceptiques au sujet de la clairvoyance des direc-
teurs. Et ce n'était pas la peine, assurément,... de
faire tant de façons. Certes, la pièce n'est pas co-
mique ; mais le théâtre ne doit-il nous offrir
qu'heureuses idylles et bergeries galantes? A cha-
cun son tempérament; Prométhée. Œdipe Roi. Les
FAtménides ne sont pas des spectacles gais. Tout
le monde ne peut pas écrire La Veuve joyeuse.
Et puis, quand on a vu sans frémir la Ilabenera,
la Jota, Macbeth, le Juif Polonais, on est cui-
rassé d'un triple airain; on peut sans aucune
crainte affronter la Lépreuse. Ce drame est beau-
coup moins uniformément noir que les précédents;
la grâce naïve de maints vieux airs bretons voile
de charme et de tendresse le fond plus sombre du
sujet. Aucun réalisme de mauvais goût, aucune
outrance facile no déparent d'ailleurs la mise
en scène, le poème, ni la musique. M. Lazzari
n'a point cherché à traduire directement par
son art les horreurs physiques de la lèpre,
et vous ne rencontrerez pas en cette œuvre
les accords malsains et pourris (mais, en défini-
tive, trouvailles de génie) qu'un Richard Strauss
eût sans doute inventés en pareille occasion. C'était
le droit absolu du compositeur, do traiter le drame
suivant sa propre nature,— et son devoir, de rester
sincèrement soi-même. Sa musique est reposante
et saine ; elle sonne fort bien ; l'écriture en
paraît excellente : le solide et sérieux talent de
M. Lazzari est hors de discussion. Si l'on peut y
regretter quelques longueurs, quelque « délayage »,
souvent, en revanche, elle témoigne d'une puissance,
tragique incontestable : notamment au second acte,
où M™" Delna, sous la figure d'une vieille sorcière
lépreuse, est admirable de vérité, de relief et d'am-
pleur. La grande plainte chorale du troisième acte
est réellement fort belle, d'une beauté très simple,
très classique et très émouvante. Et la fin de l'œu-
vre est poignante à souhait...
L'histoire de la Lépreuse, ses vicissitudes et sa.
 
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