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La chronique des arts et de la curiosité — 1920

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Nr. 14 (31 Août)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25680#0144
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1 A CHRONIQUE DES ARTS

musées régionaux, après les expositions régionales
promises par M. Paul Léon? « Une consécration de
clocher vaut mieux que l’hypothétique triomphe de
la capitale. » M. René Héry gémit sur le délabrement
de Versa-illes, sur la misère de la villa Médicis et
propose la création d’une Ecole française d’Asie
Mineure.

La récupération des objets volés en pays envahis
préoccupe M. Jules Delahaye: un bureau franco-
belge rendrait sans doute service, car, on le pense
bien, nos agents ne sont pas toujours encouragés, sur
les lieux, par l’autorité allemande, ni même parles
bureaux de Paris, où trop de gens, dans trois minis-
tères, s’entendent à distinguer et à ergoter. « Parlons
en vainqueurs, et n’agissons pas toujours en vaincus. »
A M. Morand, qui réclame l’entrée payante dans les
musées, le ministre annonce le dépôt d’un projet en
ce sens. Le musée de marine doit quitter le Louvre;
on voulut jadis le mettre aux Invalides; M. Brin-
deau proteste aujourd’hui contre son transfert éven-
tuel à Vincennes, où nul n’ira le visiter. Le Sénat
réduit à 580.000 fr. (au lieu de 700.000) le budget du
chapitre 64 (conservation des palais nationaux,
matériel). Il est vrai que l’Etat rachète pour un
million le palais Jacques Cœur à Bourges : mais le
Sénat rogne de mille francs le budget de Beauvais.
Et c’est à mille francs (au lieu de 5.000, chiffre de
la Chambre), qu’est réduite la subvention nationale
aux Sociétés de musique. Lors du vote des cha-
pitres 70 et 71 (monuments historiques), M. Louis
Martin s’est étonné de voir ce service si faiblement
doté: il espère mieux des prochains budgets. Mais
il y a tant à reconstruire! Plus heureux, le Maroc
pourra prélever sur son prochain emprunt dix .mil-
lions pour ses monuments.

L’exportation des œuvres d’art

Le décret du 1er mai, queda Chronique a commenté
naguère (1), vient d’être remplacé par une loi, votée
le 31 juillet à la Chambre et au Sénat. En voici les
principales dispositions.

Les objets d’art d’intérêt national ne pourront être
exportés sans autorisation: le ministre de l’Instruc-
tion publique devra se prononcer dans le délai d’un
mois à ce sujet.

Cette mesure s’applique aux objets d’ameublement
antérieurs à 1830, aux oeuvres d’artistes décédés
depuis vingt ans au moins à la date de l’exportation,
et aux produits de fouilles opérées en France.

Les objets retenus seront classés pour cinq ans,
avec prolongation éventuelle de cette période; pen-
dant six mois, l’Etat pourra les retenir pour lui ou
pour les départements, communes et dépôts publics
au prix fixé par l’exportateur. Les objets autorisés
à sortir payeront 15 0/0 de leur valeur jusqu’à
5.000 fr., 20 0/0 de 5.000 à 20.000, 25 0/0 au-dessus
de 20.000. Nous voilà loin des 50 et des 100 0/0 du
décret.

Ainsi la prohibition, qui était la règle, devient
exceptionnelle, au grand soulagement des acheteurs
et des marchands. Espérons que l’inévitable règle-
ment à intervenir saura ménager aussi le voyageur,
et réduire pour lui au plus court les formalités
douanières. Ainsi comprise, la loi pourra atteindre
son vrai but: retenir en France les œuvres dont le
départ serait une perte réelle pour le pays.

REVUE DES REVUES

Pages d’art (mai). — Sous le titre Albert Durer
miniaturiste, M. H. Delarue publie dans cette revue
genevoise une suite de miniatures ornantune Passion
manuscrite en allemand copiée en 1521 et se trou-
vant dans la collection L.-S. Olschki à Genève; la
présence du célèbre monogramme d’Albert Diirer
sur plusieurs de ces miniatures, jointe au style de ces
compositions, les lui fait attribuer au maître de
Nuremberg. 11 semble cependant à considérer le
dessin assez pauvre et l’exécution assez lourde de ces
peintures (toutes reproduites — et l’une même en
couleurs — à la suite de cette étude) qu’on se trouve
plutôt en présence d’œuvres d’un peintre qui s’est
inspiré plus ou moins fidèlement de la Petite Passion
de Dürer.

--—-E=3S£>3-—a.-

BIBLIOGRAPHIE

Ed. Michel. — Hôtels de ville et beffrois de

Belgique. Bruxelles et Paris, G. van Oest et G!g.

Un vol. in-16, 88 p. av. 24 pi.

L’auteur de ce petit livre s’est proposé de mettre
en relief et d’illustrer par les monuments qui en ont
été l’expression au cours des siècles l’histoire de la
vie sociale d’où la Belgique est issue. Cette vie sociale,,
plus puissante en ce pays que partout ailleurs, au
point de l’avoir façonné à l’exclusion de tout autre
facteur, M. Ed. Michel nous en montre, depuis
l’époque préhistorique et la période bel go-romaine,
le développement successif, fondé sur les richesses-
naturelles du sol, l’industrie, le négoce, la formation
des ghildes puis des communes, l’esprit de travail et
de liberté conquérant les privilèges et les franchises-
qui seront les plus précieux trésors.

Pour garder ces chartes des libertés communales,
symboliser la puissance et la richesse de la cité, les
beffrois et les maisons communales dressent dès le
xine siècle, au centre des villes, leurs tours altières
et robustes du haut desquelles la cloche appellera le
peuple au travail, aux réunions ou aux armes. Le
plus ancien de ces monuments est le beffroi de
Tournai, terminé en 1245; viennent ensuite les pro-
digieuses halles d’Ypres, - peut-être le monument
civil le plus grandiose d’Europe, anéanti hélas ! par
la sauvagerie des armées allemandes, les halles et
le puissant beffroi où Bruges à son touf exprime sa
richesse et sa florissante activité,. l’hôtel de ville
d’Alost, moins austère; au xive siècle, le beffroi de
Gand, les halles de Louvain, criminellement dé-
truites, elles aussi, par l’Allemagne, celles de
Malines, de Diest, de Termonde (ces dernières vic-
times aussi de l’invasion ennemie); au xve siècle, les-
hôtels de ville, fleuris et ciselés comme des châsses,
de Bruges, de Bruxelles, de Louvain ; au xvie, la jolie
maison des Bateliers et l’hôtel de ville de Gand,
l’hôtel de ville d’Audenarde, chef-d’œuvre de l’ar-
chitecture ogivale de cette époque, ceux de Léau,
d’Anvers, etc., auxquels il faut associer, comme
autres monuments-types, le palais du Franc et
l’ancien Greffe à Bruges, la délicieuse maison Plantin
et la Maison hydraulique à Anvers ; enfin, au xvne
siècle, les belles maisons des corporations sur la
Grand’Place de Bruxelles et le beffioi de Mous. La
reproduction de tous ces édifices, en même temps
qu’elle nous enfait apprécier la diversité etla beauté,-

(1) N° 9, du 15 mai, p. 71.
 
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