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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
<( en lui évite la mort et obtienne la vie sans lin. " Les saints Pères ont mainte fois développé *,
et le moyen âge a reproduit bien souvent ^ ce symbole de la Rédemption : l'instrument de
mort tourné en remède contre la mort ; le serpent triomphant en apparence, mais en
réalité vaincu et désarmé ; le Fils de Dieu subissant la mort que le péché avait introduite
dans le monde, et brisant toutefois dans cette impuissance apparente le sceptre de l'auteur
du mal ; les iniquités de la chair expiées et guéries par une chair toute semblable à la
chair pécheresse, sauf seulement le péché.
Un autre passage de l'Ecriture semble n'avoir pas été sans influence sur cette représen-
tation. C'est celui où Dieu maudissant le serpent après la chute du premier homme, lui
adresse cette menace s : « J'établirai une haine irréconciliable entre toi et la femme, et sa
« progéniture ; elle menacera ta tête, et tu menaceras son pied. K Je me sers à dessein, en
traduisant ce dernier verset, d'expressions qui semblent laisser dans le doute s'il s'agit
surtout de la femme ou de son enfant, afin de ne point opter entre les Septante que suivaient
les anciennes versions latines *, et la Yulgate qui règne aujourd'hui dans l'Eglise d'occident;
mais nous pouvons, avec presque toute l'Église grecque et les plus anciens Pères latins,
adopter le point de vue le plus favorable à l'interprétation de nos monuments.
9. Or c'est bien au Calvaire, sans aucun doute, que s'est montrée dans toute son animosité
cette guerre à mort entre le serpent et le Fils de la femme. « C'est pour détruire l'œuvre du
démon que le Fils de Dieu s'est rendu visible s ; et sa mort a été le renversement de celui
qui avait l'empire de la mort c. C'est alors que pour pour faire cesser l'antique querelle du
ciel et de la terre et l'asservissement des hommes à l'ennemi de Dieu, le Rédempteur détruisit
par sa croix l'engagement de notre servitude et dépouilla le prince des ténèbres h Les doc-
teurs de l'Église ont diversifié à l'envi ces enseignements de l'Ecriture s ; plusieurs rappellent
à cette occasion l'arbre du fruit défendu qui avait donné la victoire à Satan, pour l'opposer à
i Tertullian., De tdo/atrta,, v (ed. Le Prieur, p. 88).
o.Si quis autem dissimuiat iiiam eiïigiem ærei serpentis,
suspensi in modum, fi gu ram désignasse dominicæ crucis, a
serpentibus (id est ab angelis diaboli) liberaturæ nos; dum
per semetipsam, diaboium (id est serpentent) interfectum sus-
pendit; etc. Id., Adu. Jttdtea^ x; etAdu. Marctoa.,
!ibr. m, cap. 18 (p. 196, et 408).
Cf. Barnab.. <?ptsf. xii (ap. Gailand., t. i, 130, sq.). —
Justin., DtaAty. caat xci (ed. Maran,.189), etc. —
CyriH. Hicrosol., catec/t. xm (ed. Touttée, 192, sq. ).—
Cyrill. Aiexandr. Gfap/tyr. m A'ttate?'. (ed. Aubert, t. i, 407,
sq.). — Macar. Sen. NoattC xi, 9, 10 (ed. Pritio, 141, sq.).
— Augustin., m Ps. cxvm, 122; serin, xxvi; et Confr.
FatuC^ iibr. xiv, c. 2-7 ; et t6td. iibr. xvi, cap. 22, sq. (t. iv,
1347; vm, 265-267, et 296, sq.). —Isidor., m Aataer.^
cap. xxxvi (t. v, 453). — Etc., etc.
Dans Tun des médaillons de Suger à Saint-Denis on voit
encore les serpents du désert qui expirent au pied de la
colonne où est arboré le serpent d'airain (que surmonte
l'image du crucifié, pour mieux expliquer le symbole pro-
phétique) , et l'inscription dit :
Sicut serpentes serpens necat æreus omnes,
Sic exaltatus necat hostes in cruce Christus.
s Cf. Vitraux de Bourges, Parte, n° 43, 68 (p. 76, sv. ;
126) ; p/aac/te I ; etades i, fig. D ; iv, fig. A et B ; vu, fig. G t
xii, fig. F.
^ Gen., m, 14, 15.
4 Cyprian., Pe^ttatoa. adr. Jad., Iibr. il, 9 (ed. Baluze,
p. 288) : K Hoc sernen prædixerat Deusde muliereprocedere,
quod calcaret caput diaboli. In Genesi : Tune dixit Deus ad
serpentent : quia tu hoc fecisti... Ponam inimicitiam inter te
et mulierem, et inter sernen ejus ; ipse tuum observabit caput,
et tu observabis calcanéum ejus. B
Cf. P. Sabatier, Bibl. ss. latinæ vers., ta Geae.s., m, 15.
s Joann., i, 3.
s Hebr., n, 14.
7 Eph., n, 14-16. —Col., n, 14, 15.
s Anibros., ta ?4s. xxxix (t. i, 864, sq. ) : a Tripudiabas
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
<( en lui évite la mort et obtienne la vie sans lin. " Les saints Pères ont mainte fois développé *,
et le moyen âge a reproduit bien souvent ^ ce symbole de la Rédemption : l'instrument de
mort tourné en remède contre la mort ; le serpent triomphant en apparence, mais en
réalité vaincu et désarmé ; le Fils de Dieu subissant la mort que le péché avait introduite
dans le monde, et brisant toutefois dans cette impuissance apparente le sceptre de l'auteur
du mal ; les iniquités de la chair expiées et guéries par une chair toute semblable à la
chair pécheresse, sauf seulement le péché.
Un autre passage de l'Ecriture semble n'avoir pas été sans influence sur cette représen-
tation. C'est celui où Dieu maudissant le serpent après la chute du premier homme, lui
adresse cette menace s : « J'établirai une haine irréconciliable entre toi et la femme, et sa
« progéniture ; elle menacera ta tête, et tu menaceras son pied. K Je me sers à dessein, en
traduisant ce dernier verset, d'expressions qui semblent laisser dans le doute s'il s'agit
surtout de la femme ou de son enfant, afin de ne point opter entre les Septante que suivaient
les anciennes versions latines *, et la Yulgate qui règne aujourd'hui dans l'Eglise d'occident;
mais nous pouvons, avec presque toute l'Église grecque et les plus anciens Pères latins,
adopter le point de vue le plus favorable à l'interprétation de nos monuments.
9. Or c'est bien au Calvaire, sans aucun doute, que s'est montrée dans toute son animosité
cette guerre à mort entre le serpent et le Fils de la femme. « C'est pour détruire l'œuvre du
démon que le Fils de Dieu s'est rendu visible s ; et sa mort a été le renversement de celui
qui avait l'empire de la mort c. C'est alors que pour pour faire cesser l'antique querelle du
ciel et de la terre et l'asservissement des hommes à l'ennemi de Dieu, le Rédempteur détruisit
par sa croix l'engagement de notre servitude et dépouilla le prince des ténèbres h Les doc-
teurs de l'Église ont diversifié à l'envi ces enseignements de l'Ecriture s ; plusieurs rappellent
à cette occasion l'arbre du fruit défendu qui avait donné la victoire à Satan, pour l'opposer à
i Tertullian., De tdo/atrta,, v (ed. Le Prieur, p. 88).
o.Si quis autem dissimuiat iiiam eiïigiem ærei serpentis,
suspensi in modum, fi gu ram désignasse dominicæ crucis, a
serpentibus (id est ab angelis diaboli) liberaturæ nos; dum
per semetipsam, diaboium (id est serpentent) interfectum sus-
pendit; etc. Id., Adu. Jttdtea^ x; etAdu. Marctoa.,
!ibr. m, cap. 18 (p. 196, et 408).
Cf. Barnab.. <?ptsf. xii (ap. Gailand., t. i, 130, sq.). —
Justin., DtaAty. caat xci (ed. Maran,.189), etc. —
CyriH. Hicrosol., catec/t. xm (ed. Touttée, 192, sq. ).—
Cyrill. Aiexandr. Gfap/tyr. m A'ttate?'. (ed. Aubert, t. i, 407,
sq.). — Macar. Sen. NoattC xi, 9, 10 (ed. Pritio, 141, sq.).
— Augustin., m Ps. cxvm, 122; serin, xxvi; et Confr.
FatuC^ iibr. xiv, c. 2-7 ; et t6td. iibr. xvi, cap. 22, sq. (t. iv,
1347; vm, 265-267, et 296, sq.). —Isidor., m Aataer.^
cap. xxxvi (t. v, 453). — Etc., etc.
Dans Tun des médaillons de Suger à Saint-Denis on voit
encore les serpents du désert qui expirent au pied de la
colonne où est arboré le serpent d'airain (que surmonte
l'image du crucifié, pour mieux expliquer le symbole pro-
phétique) , et l'inscription dit :
Sicut serpentes serpens necat æreus omnes,
Sic exaltatus necat hostes in cruce Christus.
s Cf. Vitraux de Bourges, Parte, n° 43, 68 (p. 76, sv. ;
126) ; p/aac/te I ; etades i, fig. D ; iv, fig. A et B ; vu, fig. G t
xii, fig. F.
^ Gen., m, 14, 15.
4 Cyprian., Pe^ttatoa. adr. Jad., Iibr. il, 9 (ed. Baluze,
p. 288) : K Hoc sernen prædixerat Deusde muliereprocedere,
quod calcaret caput diaboli. In Genesi : Tune dixit Deus ad
serpentent : quia tu hoc fecisti... Ponam inimicitiam inter te
et mulierem, et inter sernen ejus ; ipse tuum observabit caput,
et tu observabis calcanéum ejus. B
Cf. P. Sabatier, Bibl. ss. latinæ vers., ta Geae.s., m, 15.
s Joann., i, 3.
s Hebr., n, 14.
7 Eph., n, 14-16. —Col., n, 14, 15.
s Anibros., ta ?4s. xxxix (t. i, 864, sq. ) : a Tripudiabas