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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,1): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 1 — Paris, 1849

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https://doi.org/10.11588/diglit.33560#0239
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CRUCIFIX DE LOTHAIRE. PL XXXII.

219

i'arbre de la croix qui est l'instrument de sa défaite * ; d'autres^ par une allusion plus ou
moins directe à divers passages de l'ancien Testament -, nous montrent en cette circonstance
Lucifer vaincu sous la figure du grand dragon des eaux tiré de son empire par la vertu de la
croix, comme dans une pêche merveilleuse où le Tout-Puissant s'est rendu maître du monstre
qui défiait toutes les ressources humaines L

draco... Plus amisisti quam sustulisti... Félix ruina, quæ re-
paratur in melius ! n
Hymn. ambros. (ap. Ad. Daniel, rûestiMr. /M/wiMoA., t. i,
p. 85, sq.).
H Tu hostis antiqui vires
Per crucem mortis conteris,

Tu ilium a nobis semper
Repellere dignaberis,
Ne uuquam possit lædere
Redemptos tuo sanguine, n
Prudent. ix, 88, sqq. (ed. Arevalo, p. 346,
t. i) :
a Vidit anguis immolatam corporis sacri hostiam ;
Vidit, et fellis perusti mox venenum perdidit,
Saucius dolore multo, colla fractus sibila.
Quid tibi, profane serpens, profuit rebus novis
Plasma primum perculisse versipelli audacia?
Diluit culpam recepto forma mortalis Deo. a
Paulin. Nolan., De o5ifn v. 169, sqq. (ed. Veron.,
p. 673) :
a Omnibus intereat mortis timor.

Nam postquam victa gessi de morte triumphum,
Mors superata obiit ; stat rediviva salus.
Vitam ex morte dedi, mortein moriendo subegi ;
Et genus humanum sanguine restitui.
Peccatum carnis superans in carne, peremi
Materiam culpæ, justitiam peperi.
Etc. a
S. Jean Chrysostome (De ctumeG, t. n, p. 400 ; et m MafDi.,
hornil. Liv, t. xii, p. 551), parlant de la croix, rappelle le
glaive qui a percé le serpent infernal, le javelot qui a traversé
la tète du dragon. C'était une pensée de ce genre, fréquem-
ment reproduite par la littérature ecclésiastique grecque, qui
avait inspiré la peinture slave (ap. d'Agincourt, Peinture,
pl. cxx, n° 3) où la croix est enfoncée dans le ventre de
ou du démon ; car dans les évangiles apocryphes, Hadès s'é-
crie à la mort du Sauveur :... dl-y&i xoDtKv
* Petr. Chrysolog., Xenn. Lvn, in symbol, : c Qui
Pontio Pifafo crnci/taw ext et ^cpidtiM. Audis cruci-
Bxum, ut nobis salutem perditam per quod perierat repara-
tam esse agnoscas ; et ibi videas pendcre credentium vitam ubi
mors pependerat perfidorum. o
Alcitn. Avit. Poeni.^ libr. m, v. 20, sqq. (ed. Sirmond.,
p. 239) :
" Et tamen adveniet tempus quum crimina ligni
Per lignum sanet purgetque novissimus Adam,
Matcriamque ipsam faciat medicamina vitæ
Qua mors invaluit ; leto delebere letum.
Æreus excelso pendebit stipite serpens,

Quumque venenatum simulaverit, omne venenum
Purget, et antiquum périmât sua forma draconem. H
Cf. Vitraux de Bourges, n° 27 (p. 40-42).
L'Eglise grecque rappelle très fréquemment ce symbolisme
dans l'office de la semaine sainte (n-Kpaxl'/ji-tx^), mais plu-
sieurs trouveront sans doute que déjà je suis trop prodigue de
citations ; bien que, dans des matières si peu étudiées par les
savants d'aujourd'hui, il soit peut-être expédient de ne pas se
borner à ce qui pourrait absolument sulïire.
2 Isai. xxvii, 1. — Job., XL, 20. — Ps. cm, 26. — Etc.
s Greg. M. m Euanp., homil. xxv (t. v, 261) : « In hamo
esca ostenditur, aculeus occultatur. Hune ergo Pater omni-
potens hamo cepit, quia ad mortem illius incarnatum Unigeni-
tum misit ; in quo et caro passibilis videri posset, et divinitas
impassibilis videri non posset... In hamo ergo ejus incarna-
tionis captus est : quia dum in illo appétit escam corporis,
translixus est aculeo divinitatis.., In hamo ergo captus est,
quia inde interriit unde momordit ; et quos tenebat mortales
jure perdidit, quia eum in quo jus non habuit, morte appetere
Immortalem præsumpsit. a
Pour que l'on n'attribue point cette singularité au mauvais
goût de l'âge où vivait S. Grégoire-le-Grand, il ne sera pas
inutile de faire observer que cette pensée est à peu près in-
diquée par S. Léon (Xerm. Lxi, de Passionex; ed. Ballerin.,
t. i, 236), et presque formellement exprimée par S. Grégoire
de Nazianze (or. xxxix, 13; ed. Clémencet, t. i, 685). Quant
au moyen âge (douzième siècle surtout), une fois saisi de cet
aperçu original, il a rarement su garder quelque mesure dans
les développements que le thème primitif lui suggérait, soit
pour la poésie, soit (application beaucoup plus bizarre) pour
la peinture. Plusieurs émaux et miniatures (par exemple dans
l'Horfns deficinrnut) représentent le Père éternel pêchant
Satan à la ligne, et l'hameçon (ou la canne) est la croix de
Jésus-Christ. Un souvenir bien vague me fait soupçonner que
j'ai vu quelque chose de semblable dans un vitrail, mais j'es-
père bien que je me serai trompé ; car un symbolisme de ce
genre ne pouvait être destiné aux regards du public, quoique
certains exemples annoncent que les peintres verriers n'ont
pas toujours été dirigés par une discrétion bien délicate. L'An-
gleterre, spécialement, paraît avoir outré quelquefois le sym-
bolisme comme l'ornementation.
Honorius d'Autun revient volontiers sur cette figure que
ses contemporains paraissent avoir singulièrement affection-
née, mais un seul exemple peut bien suffire ici. Je l'emprunte
au Xpectifnin Eecfesiee (m die pnsc/iee, fol. 123 v°) :
K Leviathan piscis marinus
Instar draconis formatus,
Multitudinem piscium dévorât ;
Ex quübus mufti, (pnrs?) patente ejus maxilla remeant (..ni).
 
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