ORNEMENTS
PEINTS ET ËMAILLËS.
PLANCHES XXXIII, XXXIV, XXXV, XXXVI, XXXVII, XXXVIII, XXXIX,
XL, XLI, XLII, XLIII, XLIV.
Les nombreux ornements réunis dans ces douze planches s'adressent également aux érudits
et aux artistes. S'il est indispensable pour l'antiquaire d'examiner les monuments dans
leurs plus minutieux détails pour distinguer, par les moindres nuances, la manière des
diverses écoles; comment, sans l'étude approfondie des détails, l'artiste saurait-il saisir le génie
d'un art oublié et atteindre ce degré de connaissance où les souvenirs dirigent, enrichissent
et fécondent? Au moment donc où parmi nous l'art appauvri et incertain de sa marche se
plaît à s'enquérir de toutes les formes revêtues aux différents âges par l'idée du beau, et
quand un grand nombre d'esprits, fatigués des inventions quelque peu usées de l'architecture
grecque, se demandent s'il n'y aurait pas d'emprunts à faire au moyen âge pour disposer les
éléments de l'art à venir, peut-être nous saura-t-on gré de rassembler comme en une cor-
beille des variétés jusqu'ici inconnues de la flore artistique de nos pères. Si loin que soient
nos lithographies de rendre la légèreté et la fraîcheur des modèles, elles pourraient au besoin
suffire pour faire juger s'il est vrai qu'il n'y ait eu qu'un long sommeil du goût durant
les siècles qui se sont écoulés entre le paganisme et sa renaissance dans l'art. Assuré-
ment la végétation dont nous donnons ici quelque idée ne ressemble guère à celle de la
Grèce; mais pour appartenir à d'autres germes et pour avoir fleuri sous un soleil moins
propice., vous semble-t-il qu'elle soit beaucoup moins belle? Le jet des tiges manque-t-il
de force ? Le jeu des branches est-il sans grâce ? et tout l'ensemble ne présente-t-il pas le
caractère harmonieux de la fécondité dans la sagesse? Richesse sans profusion, variété sans
désordre, unité sans monotonie, élégance sans affectation : ce sont les règles éternelles du
beau, et ce sont aussi les traits les plus tranchés de la décoration architecturale du treizième
siècle. Or, comme nous l'avons dit ailleurs, l'orfèvrerie ne forme qu'un même art avec l'ar-
PEINTS ET ËMAILLËS.
PLANCHES XXXIII, XXXIV, XXXV, XXXVI, XXXVII, XXXVIII, XXXIX,
XL, XLI, XLII, XLIII, XLIV.
Les nombreux ornements réunis dans ces douze planches s'adressent également aux érudits
et aux artistes. S'il est indispensable pour l'antiquaire d'examiner les monuments dans
leurs plus minutieux détails pour distinguer, par les moindres nuances, la manière des
diverses écoles; comment, sans l'étude approfondie des détails, l'artiste saurait-il saisir le génie
d'un art oublié et atteindre ce degré de connaissance où les souvenirs dirigent, enrichissent
et fécondent? Au moment donc où parmi nous l'art appauvri et incertain de sa marche se
plaît à s'enquérir de toutes les formes revêtues aux différents âges par l'idée du beau, et
quand un grand nombre d'esprits, fatigués des inventions quelque peu usées de l'architecture
grecque, se demandent s'il n'y aurait pas d'emprunts à faire au moyen âge pour disposer les
éléments de l'art à venir, peut-être nous saura-t-on gré de rassembler comme en une cor-
beille des variétés jusqu'ici inconnues de la flore artistique de nos pères. Si loin que soient
nos lithographies de rendre la légèreté et la fraîcheur des modèles, elles pourraient au besoin
suffire pour faire juger s'il est vrai qu'il n'y ait eu qu'un long sommeil du goût durant
les siècles qui se sont écoulés entre le paganisme et sa renaissance dans l'art. Assuré-
ment la végétation dont nous donnons ici quelque idée ne ressemble guère à celle de la
Grèce; mais pour appartenir à d'autres germes et pour avoir fleuri sous un soleil moins
propice., vous semble-t-il qu'elle soit beaucoup moins belle? Le jet des tiges manque-t-il
de force ? Le jeu des branches est-il sans grâce ? et tout l'ensemble ne présente-t-il pas le
caractère harmonieux de la fécondité dans la sagesse? Richesse sans profusion, variété sans
désordre, unité sans monotonie, élégance sans affectation : ce sont les règles éternelles du
beau, et ce sont aussi les traits les plus tranchés de la décoration architecturale du treizième
siècle. Or, comme nous l'avons dit ailleurs, l'orfèvrerie ne forme qu'un même art avec l'ar-