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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,1): Nouveaux mélanges ... sur le moyen âge : curiosités mysterieuses ; 1 — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33620#0014
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AYANT-TROrOS.

des serrements de main qui traduisaient son désir d’accepter les secours confiés à l’Église
pour le fidèle moribond.
Avec ce caractère d’artiste, il était inévitable que ses jours ne se ressemblassent pas ; et de
fait, à certains moments (rares, il est vrai), la main de cet habile dessinateur se démentait
plus que de raison. C’était surtout quand il n’avait pas choisi son sujet lui-même, et
lorsqu’il lui fallait céder à quelque demande pour un monument dont il ne saisissait pas
d’abord la signification. S’il arrivait alors que ce fût le travail d’une époque inspirée par
le voisinage de l’art classique, il ne tenait plus le crayon avec la même sûreté. Lui-même
s’en était aperçu çàetlà, et voulut cà certains jours seremettreià copier de l’antiquité. -T’avoue
que je me moquai de lui, l’engageant à cultiver le don qu’il avait reçu, sans tâtonner à l’âge
de cinquante ans pour se faire un genre artificiel qui risquerait beaucoup de gâter l’autre.
De fait, en 1846, un connaisseur délicat disait: « -Te ne connais à Paris que trois ou quatre
» hommes pour dessiner tout de bon le moyen âge, et le P. A. Martin n’est certes pas le
» dernier dans ce petit groupe. » Depuis lors plusieurs talents se sont fait une réputation
en ce genre, qui pourraient lui disputer un suffrage si flatteur; mais il demeure certain
que son habileté était rare, et sera longtemps appréciée par tous les amateurs qui verront
ses dessins ou ses gravures. N’oublions pas non plus qu’il y a vingt-cinq ans de cela,
et que mon ancien collaborateur s’était formé à lui seul.
Toutefois, s’il entre dans le tempérament d’un artiste quelque peu de flânerie, comme
plusieurs le prétendent, le P. A. Martin s’écartait de ses confrères en imagination par cet
endroit (du moins quand je fis sa connaissance). Supposé même que ce pût être durant la
jeunesse un piège périlleux à sa nature ouverte pour tout enthousiasme, l’obéissance ne lui
avait guère laissé l’occasion de trébucher sur cette pente. Il était mûr déjà lorsque, vers
octobre 1838, ses supérieurs l’appelèrent à Paris ; jugeant que sa vocation pour l’art était
bien prouvée décidément, et que la vie religieuse avait d’ailleurs jeté en lui des racines
sûres. Il avait goûté, comme dit l’auteur de Y Imitation, que «la cellule devient douce à qui
» s’v tient; tandis qu’elle pèse à qui ne sait pas la garder ». En conséquence, ses journées
étaient ordinairement pleines: mêlées sans doute, mais singulièrement occupées. Il confes-
sait peu, n’ayant jusque-là exercé le ministère qu’en province, et le plus souvent dans
les missions ou stations de carême, qui le déplaçaient sans cesse ; il prêchait encore çà et
là (souvent au loin) des stations ou des retraites, qui lui offraient l’opportunité d’explo-
rations nombreuses dans les vieilles églises, et ne tenait pas à se montrer accueillant
pour les visiteurs ; persuadé que le temps, facile à perdre, se répare beaucoup moins
aisément. Aussi s’excusait-il sans grandes cérémonies, auprès de ses interrupteurs, pour
qu’on lui permît d’employer son crayon, tout en prêtant l’oreille à ce qu’on voulait lui
dire. Parfois il ne se tirait pas mal de sa promesse d’être attentif, bien qu’il ne fallût
guère s’y fier quand il entrevoyait une perte de temps toute sèche. Dans ce cas, et
 
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