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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,1): Nouveaux mélanges ... sur le moyen âge : curiosités mysterieuses ; 1 — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33620#0210
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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.

'180
ci pale représente Gédéon L Partant de là comme d’une donnée sérieuse, ne peut-on
pas supposer que ce personnage à demi dévoyé par son perfide souffleur est le
chef même d’Israël contre les Madianites (Judic. vi-viii). L’Écriture sainte nous dit
bien qu’avant d’attaquer les infidèles, le fils de Joas renversa les signes de culte ido-
làtrique dans sa propre famille (ibid. vi, 1-32) ; ce qui lui valut même le nom de
Jérobaal (ennemi du faux dieu). Nos livres saints ajoutent encore (ibid. vm, 32) que
ce vengeur du peuple de Dieu vécut honoré jusqu’à sa vieillesse. Toutefois la Bible
ne dissimule pas qu’il manqua de prudence sur les plus grands intérêts des siens2, et
que le Ciel vengea cette grave bévue par l’extermination des nombreux enfants du grand
homme. Son incontinence même suscita l’assassin 3 qui éteignit presque entièrement
une famille si recommandable et plus florissante, en apparence, que celle d’aucun
patriarche (ibid. vm, 29-31 ; ix).

II. —CATHÉDRALE DU MANS (page 181, sw.).

Les chapiteaux de la nef, à Saint-Julien du Mans, nous ont déjà montré une forme
abâtardie de la pérégrination d’Alexandre le Grand (ou d’Ève, peut-être) vers les astres4,
et des griffons emportant une espèce de poulain dans les airs5. Quatre autres bas-reliefs
de la même école nous y remémorent le Bestiaire, ou peu s’en faut.
Le lièvre que poursuit un chien ou un loup (page 181, fig. A) peut bien n’être que
l’expression vague de la chasse dont il a été parlé précédemment6 *. D’après la Vulgate,
néanmoins, il serait permis de lui chercher un sens auquel je ne tiens guère ; parce que
cet animal n’a point de place autorisée dans les anciens manuscrits du Physiologus1.
Le chapiteau B représente, je crois, la vipère8. Les retours de la corbeille (si cor-
beille il y a) donnent souvent au sculpteur l’occasion de placer dans l’angle une tête
qui se complète à droite et à gauche par un double corps présentant de part et d’autre

1. Bultéau, Description de la cathédrale de Chartres (1850),
p. 7â et 76. Je ne me rappelle pas du tout avoir jamais dit
à l’auteur que je dusse rédiger un mémoire sur le sujet
de ce socle ; tout au plus aurai-je déclaré que j’en avais
un dessin, dont je me proposais d’étudier le sens quand
l’occasion s’en présenterait.
2. Judic. vm, 24-35 ; ix, 1-57 : «... Fecitque Gedeon...
» ephod... Fornicatusque est omnis Israël in eo, et factum
» est Gedeoni et omni domui ejus in ruinam, etc. —Post-
» quam autem mortuus est... aversi sunt filii Israël...; nec
» fecerunt misericordiam cum domo Jérobaal Gedeon,
» juxta omnia bona quæ fecerat Israeli. Etc. »
3. Quoique plus d’un écrivain ecclésiastique ait voulu
réhabiliter la mère d’Abimelech, Josèphe n’hésite pas à
le déclarer bâlard. En quoi cet écrivain du Ier siècle vaut
comme témoin de ce que pensaient les anciens Juifs, chez
qui pourtant Gédéon devait bien compter pour héros na-
tional. Us eussent donc été plutôt enclins à lui chercher
une excuse qu’à prendre en mauvaise part ceux de ses
actes qui se pouvaient pallier.
Zi. Supra, h. t., p. 171. — 5. Item, p. 173, groupe A.

6. Item, p. 15A-156.
7. Il figure en vers grecs au Spicilége de Solesmes (t. III,
p. 373), avec des propriétés et uneinterprétation baroques
où les vieux textes n’ont à peu près que faire. Somme
toute, on lui attribue cette leçon bonne pour l’homme, de
savoir dépayser les chiens, c’est-à-dire le tentateur. Puis,
comme il passait pour dormir les yeux ouverts, ce sera
un modèle de vigilance, si le lecteur sait comprendre ces
finesses et en faire son profit. Cf. Van den Steen, in Pro-
verh. xxx, 26 (peut-être ne s’agit-il que de la Gerboise).
Citons néanmoins ce que dit la glose ordinaire : « IJæc est
» plebs Ecclesiæ invalida : quia injurias suas ulcisci non
» quærit; et quia non suis viribus, sed Dei auxilio, sperare
» salutem didicit. »
8. Cf. Mélanges,!™ série, t. II, p. 134-136; etpl.XlX, fig. G;
item, pl. XXV, fig. CQ ; etc. — Aug. de Bastard, Mémoire sur
les crosses (Bulletin du Comité de la langue... et des arts de
la France, t. IV, p. 665-671). On y verra que le type de la
Vipère était un peu vague au moyen âge, en sorte que les
artistes se mirent souvent fort à l’aise pour la représenter.
J’en ai donné ailleurs plus d’un exemple.
 
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