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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,1): Nouveaux mélanges ... sur le moyen âge : curiosités mysterieuses ; 1 — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.33620#0315
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SOURCES OU PUISAIT L’ART.

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boules, etc. \ — En février, l’enfance a fait trêve aux jeux du premier âge pour aller
s’instruire à l’école, avec accompagnement de férules et d’étrivières.—Mars, qui désigne la
période de treize ans à dix-huit, peint une chasse sous bois : distractions bruyantes et fougue
impétueuse de l’adolescence, qui n’a jamais trop de mouvement ou de bruit. — Pour avril,
de dix-huit ans à vingt-quatre, on se produit auprès des dames ; avec la prétention de
faire une certaine figure dans les cercles. — Mai (entre vingt-quatre ans et trente) annonce
déjà l’intention de faire un choix pour mettre fin aux folâtreries. Notre damoiseau prend
en croupe une demoiselle, qui est apparemment sa fiancée. — Juin, est l’âge mûr où l’on
se fixe tout de bon à des pensées d’avenir. L’homme et la femme s’y présentent donc devant
le prêtre pour recevoir la bénédiction nuptiale qui les unira d’un lien désormais indisso-
luble pour la vie. — En juillet, vers quarante-deux ans, on est devenu père et mère ; cha-
cun des époux veille sur l’éducation des enfants, et les premières affections se resserrent
par une sollicitude commune pour la famille qui grandit au foyer domestique. — Août,

1. La xylographie troyenne en garde la trace bien recon-
naissable (nos Al, h2, 507, 103, etc.), et les anciennes in-
scriptions feront voir que ce n’est pas moi qui prête aux
artistes une intention imaginée après coup. Leurs qua-
trains boiteux pourraient se remettre en marche normale
au moyen du vieux français, qui en marquerait mieux la
véritable époque, sans doute; mais il ne faut pas que l’on
m’accuse de les antidater.
Januarius :
Les six premiers ans que vit l’homme au monde,
Nous comparons à janvier droictement.
Car en ce mois vertu ne force abonde,
Non plus que quand six ans a un enfant.
Februarius :
Six ans d’après ressemblent à février
En fin duquel commence le printemps ;
Car l’esprit s’ouvre prest à enseigner.
Et doux devient l’enfant quand a douze ans.
Martius :
Mars dénoté les six ans ensuyvans,
Que le temps change en produisant verdure.
En celuy aage s’adonnent les enfans
A maints esbats sans soucy, ne sans cure.
Aprilis :
Six ans prochains, vingt et quatre ans en somme,
Sont figurez par avril gracieux :
Car soubs cest aage est gay et joly l’homme,
Plaisant aux dames, courtois et amoureux.
Maius :
Au mois de may, où tout est en vigueur,
Autres six ans comparons par droicture,
Qui trente font. Lors est l’homme en valeur,
En sa fleur, force et beauté de nature.
Junius :
En juing les biens commencent à meurir,
Aussi fait l’homme quand a trente-six ans,
Pour ce en tel temps doibt-il femme quérir,
Si luy vivant veult pourvoir ses enfans.
Julius :
Sage doit estre, ou ne sera jamais ,
L’homme quand il a quarante-deux ans ;

Lors sa beauté décline désormais.
Comme en juillet toutes fleurs sont passans.
Augustus :
Les biens de terre commence l’on à cueillir
En aoust ; aussi quand à l’an quarante-huit
L’homme approche, il doibt biens acquérir
Pour soutenir vieillesse qui le suyt.
September :
Avoir grans biens ne fault que l’homme cuide
S’il n’en a point âgé de cinquante ans ;
Non plus que s’il a sa grandie vuide
En septembre, plus de l’an n’aura rien.
October :
Au mois d’octobre, figurant soixante ans,
Si l’homme est riche cela est à bonne heure ;
Des biens qu’il a, nourrist femme et enfans,
Plus n’a besoing qu’il travaille ou labeure.
November :
Quand l’homme à soixante-six ans vient,
Représenté par le mois de novembre.
Vieil et caduc et maladif devient.
Lors de bien faire est temps qu’il se remembre.
December :
L’an par décembre prend fin et se termine,
Aussi fait l’homme aux ans soixante et douze
Le plus souvent; car vieillesse le mine,
L’heure est venue que pour partir se houze.
Cf. La Bouvrie, Mystère des Actes des apôtres, p. 239, svv.
On voit que s’il fallait s’en tenir aux moyens mis en
œuvre par M. Didron (Annales archéologiques, t. XVII,
p. 196) pour fixer des tables de mortalité entre régions et
siècles, les contemporains de Jacques Kerver auraient
dépassé notre moyenne actuelle de la vie humaine. Du
reste, je ne préconise pas autrement cette source d’appré-
ciation, et n’entends me faire à ce sujet aucune querelle
avec la statistique moderne.
M. V. Didron est un peu plus recevable quand il rappelait
(Annales..., t. I, p. 2fil, svv.) la comparaison de la vie hu-
maine avec les saisons de l’année dans des peintures ecclé-
siastiques de la Grèce moderne.

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