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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
d'espace, est peu caractérisé; te besoin d'aiHeurs de conserver un ensemble décoratif aura
tait répéter tes oiseaux qui pouvaient se faire pendants. Je crois donc pouvoir reconnaître,
aux quatre coins, les colombes qui vivent du fruit de l'arbre oupenWaxioM, comme
on l'a vu au précédent volume, à propos du bestiaire arménien '. L'autruche n'est-elle pas
figurée par l'une des paires de grands oiseaux qui occupent les bords, près de la garniture
purement ornementale*? L'autre paire désignerait le phénix \ quoique celui-ci soit toujours
unique ; mais la nécessité d'équilibrer les fignres obligeait à subir quelques dérogations.
Si l'on demande quel est le quadrupède qui dresse les oreilles d'un air vigilant sous les deux
médaillons inférieurs, n'aurons-nous pas le droit d'y voir l'antilope ou qui, chez le
représente Notre-Seigneur veillant sur ce qui se passe dans l'univers Le àa?-
ûùûa n'a-t-il pas la mine de figurer vers le sommet de la crosse en ivoire que nous repro-
duisions tout à l'heure (p. 6) ?
Jusqu'à présent, nous n'aurions eu que des animaux mondes, dont le voisinage s'expli-
querait assez naturellement près des bonnes œuvres. Les deux scènes du milieu doivent être
inspirées par un autre dessein, puisque nous y voyons des bêtes poursuivies avec une cer-
taine âpreté, près même de succomber dans la lutte. L'aspect qu'elles prennent sous le ciselet
de l'artiste ne rappelle guère ni la hyène, ni autre que me suggèrent mes souvenirs, s'il
faut s'enfermer dans les énumérations du bestiaire L On dirait même que l'une d'elles a
quelque analogie avec la girafe qui n'est mentionnée dans aucun des vieux textes où nous
pourrions puiser un enseignement symbolique. Le véritable mot de l'énigme serait peut-
être de n'y chercher aucun mystère et de voir là tout simplement une de ces chasses que
les sculpteurs sur ivoire reproduisaient volontiers pour obtenir des mouvements vigoureux
parmi les rinceaux de plantes qui rappelaient une forêt, plus ou moins.
Qui s'étonnerait de voir des courbes vives et gracieuses dans ces animaux, à côté
d'hommes lourdauds et trapus, ne se doute pas de la différence imprimée par Dieu dans
la grâce des règnes animal ou végétal, et le corps de l'homme, qui est le de l'art
quand il nous faut le rendre. Aussi les artistes d'époques inexpérimentées sont parfois
pleins de verve étonnante lorsqu'il ne s'agit pas d'aborder le /iMTTmùi.
III. — BOITE CYLINDRIQUE
EMPLOYÉE COMME MEUBLE D'ÉGLISE
Puisque nous parlions de chasses sculptées sur ivoire, les exemples n'en seraient pas
difficiles à citer, pour ne rien dire des sarcophages où l'on hésite sur la destination
réelle du monument. Là, en tout cas, on trouve plus facilement un air de symbolisme,
ne fût-ce que du côté païen, comme l'ont fait voir les antiquaires à plusieurs reprises. Le
Christianisme pouvait absolument s'arranger d'une représentation quasi neutre, et que
plus d'un saint Père montrait applicable aux docteurs des fidèles, ou à nos luttes contre
1. Voir p. 134 et 140. — Philippe de Thaun, p. 116- 4. Cf. Mélanges, 1" série, t. 1!1, p. 218, svv.
119. H. Je ne puis me résoudre à proposer l'onagre, dont rien
2. Cf. Méètayes, P" série, t. 111, p. 267, svv. ne présente ici l'aspect.
3. Vol. précédent, p. 123. Y verra pourtant le cam<%riMS, 6. Une indication fort brève me porterait à conclure que
qui voudra (Cf., tM&, p. 120, sv.); ou même la huppe (iMd., le P. A. Martin aura dessiné cette boite d'ivoire à Sens,
p. 123, sv.), et encore le pélican p. 121, sv.). peut-être dans le trésor de la cathédrale.
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
d'espace, est peu caractérisé; te besoin d'aiHeurs de conserver un ensemble décoratif aura
tait répéter tes oiseaux qui pouvaient se faire pendants. Je crois donc pouvoir reconnaître,
aux quatre coins, les colombes qui vivent du fruit de l'arbre oupenWaxioM, comme
on l'a vu au précédent volume, à propos du bestiaire arménien '. L'autruche n'est-elle pas
figurée par l'une des paires de grands oiseaux qui occupent les bords, près de la garniture
purement ornementale*? L'autre paire désignerait le phénix \ quoique celui-ci soit toujours
unique ; mais la nécessité d'équilibrer les fignres obligeait à subir quelques dérogations.
Si l'on demande quel est le quadrupède qui dresse les oreilles d'un air vigilant sous les deux
médaillons inférieurs, n'aurons-nous pas le droit d'y voir l'antilope ou qui, chez le
représente Notre-Seigneur veillant sur ce qui se passe dans l'univers Le àa?-
ûùûa n'a-t-il pas la mine de figurer vers le sommet de la crosse en ivoire que nous repro-
duisions tout à l'heure (p. 6) ?
Jusqu'à présent, nous n'aurions eu que des animaux mondes, dont le voisinage s'expli-
querait assez naturellement près des bonnes œuvres. Les deux scènes du milieu doivent être
inspirées par un autre dessein, puisque nous y voyons des bêtes poursuivies avec une cer-
taine âpreté, près même de succomber dans la lutte. L'aspect qu'elles prennent sous le ciselet
de l'artiste ne rappelle guère ni la hyène, ni autre que me suggèrent mes souvenirs, s'il
faut s'enfermer dans les énumérations du bestiaire L On dirait même que l'une d'elles a
quelque analogie avec la girafe qui n'est mentionnée dans aucun des vieux textes où nous
pourrions puiser un enseignement symbolique. Le véritable mot de l'énigme serait peut-
être de n'y chercher aucun mystère et de voir là tout simplement une de ces chasses que
les sculpteurs sur ivoire reproduisaient volontiers pour obtenir des mouvements vigoureux
parmi les rinceaux de plantes qui rappelaient une forêt, plus ou moins.
Qui s'étonnerait de voir des courbes vives et gracieuses dans ces animaux, à côté
d'hommes lourdauds et trapus, ne se doute pas de la différence imprimée par Dieu dans
la grâce des règnes animal ou végétal, et le corps de l'homme, qui est le de l'art
quand il nous faut le rendre. Aussi les artistes d'époques inexpérimentées sont parfois
pleins de verve étonnante lorsqu'il ne s'agit pas d'aborder le /iMTTmùi.
III. — BOITE CYLINDRIQUE
EMPLOYÉE COMME MEUBLE D'ÉGLISE
Puisque nous parlions de chasses sculptées sur ivoire, les exemples n'en seraient pas
difficiles à citer, pour ne rien dire des sarcophages où l'on hésite sur la destination
réelle du monument. Là, en tout cas, on trouve plus facilement un air de symbolisme,
ne fût-ce que du côté païen, comme l'ont fait voir les antiquaires à plusieurs reprises. Le
Christianisme pouvait absolument s'arranger d'une représentation quasi neutre, et que
plus d'un saint Père montrait applicable aux docteurs des fidèles, ou à nos luttes contre
1. Voir p. 134 et 140. — Philippe de Thaun, p. 116- 4. Cf. Mélanges, 1" série, t. 1!1, p. 218, svv.
119. H. Je ne puis me résoudre à proposer l'onagre, dont rien
2. Cf. Méètayes, P" série, t. 111, p. 267, svv. ne présente ici l'aspect.
3. Vol. précédent, p. 123. Y verra pourtant le cam<%riMS, 6. Une indication fort brève me porterait à conclure que
qui voudra (Cf., tM&, p. 120, sv.); ou même la huppe (iMd., le P. A. Martin aura dessiné cette boite d'ivoire à Sens,
p. 123, sv.), et encore le pélican p. 121, sv.). peut-être dans le trésor de la cathédrale.