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IVOIRES SCULPTES. IV, TOUR DE BRIOUDE.

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lyre avec un qu'il tient de la main droite. Sa tête est coiffée de la mitre phry-
gienne ou thessalienne, et il porte les anaxyrides qui le caractérisent presque toujours*.
Je ne saurais dire pourquoi le doësier de son siège rustique s'élève en forme de lyre, ni
même si le sculpteur a prétendu rien de pareil ; du moins on aperçoit quelque chose comme
deux trompes d'éléphant dont je ne puis réussir aujourd'hui à donner l'explication. C'est
peut-être cependant, d'une part le corps du grand reptile qui avance la tête vers celle du
musicien ^ ; et deux espèces d'anneaux qui devaient se réunir (par cadenas ou verrou quel-
conque) au couvercle dont nous n'avons plus de vestige mes souvenirs ne me disent pas
si ces anneaux étaient en métal, ou s'ils appartenaient à la matière des autres sculptures.
De même, si je pouvais revoir l'original, il ne serait probablement pas malaisé de déter-
miner la plupart des figures qui entrent dans cette composition, car mon ours (de l'ivoire)
m'a laissé l'impression d'études faites consciencieusement sur la nature par un artiste
habile. Mais l'aspect malheureux que l'ours a pris dans la gravure ne me permet plus de
croire au véritable portrait de ce hideux sanglier dont les soies se hérissent en dents de
scie sur l'échine, et qui semble vouloir briser la jambe droite du veneur occupé à recevoir
un lion sur son épieu. On reconnaîtra néanmoins sans peine la griffonne qui s'empresse,
pour avoir une des meilleures places au concert (p. 19). De l'autre côté, un singe accroupi
oublie toute coquetterie pour s'abandonner au plaisir de la musique, dans une contem-
plation presque niaise à force d'être profonde. Un satyre, armé de son ^xyM^oXov, a trouvé
moyen d'occuper le meilleur endroit ; et il tend le cou de manière à nous rappeler le
mot d'Horace (Od. lib. II, carm. XIX) :
K Bacchum in remotis carmina rupibus
Vidi docentem, crédité posteri!
Nymphasque discentes, et aures
Capripedum satyrorum acutas a

1. Cf. Caractéristiques des SS., p. 141, sv.; 559, svv.; 770,
sv. — Museo Borbonico, t. XVI, tav. 18; etc. Dans cette
même collection de documents antiques (t. XII, tav. 28) on
voit Busiris caractérisé par la tiare et par un griffon; ce qui
porterait à conclure qu'Asiatiques et Ilyperboréens surtout
peuvent être pris dans un sens très-large.
2. Ce serpent dont la queue sert peut-être de banquette à
Orphée, qui n y prend pas garde, n'en fait pas moins une mine
d'assez bonne humeur ; si toutefois la physionomie d'un rep-
tile peut jamais indiquer les desseins de pareille bête. Son
attention bienveillante est d autant plus méritoire (ou hono-
rable pour le citharède), que sa mâchoire inférieure laisse
paraître un crochet vigoureux qui pourrait indiquer le cé-
raste, reptile mal famé.
11 m'importe assez peu que le céraste soit communément
représenté avec deux cornes sur la tête ; l'intention peut être
la même ici.
3. Je ne me rappelle plus si une gorge supérieure indi-
quait l'application du couvercle. Ce qui me ferait penser que
l'on avait ici le moyen de fermeture pour une pièce supé-
rieure destinée à être rabattue ou relevée au besoin, c'est
qu'un reste de charnière s'aperçoit encore au-dessus de la
tête du coursier dont le cavalier se retourne pour percer un
tigre.
4. L'Æroe qui suit chez le poète, me remet en mémoire
une observation divertissante faite, je crois, par Gebhard

dans sa notice sur le monastère de Saint-Michel à Lune-
bourg. Ayant rencontré un antiphonairo où chaque article
se terminait par eMOMae, il y soupçonne evoæ comme reste
classique des bacchanales, probablement pour quelque fête
de l'âne ou des Innocents. Le premier chantre venu d'un
village catholique aurait pu lui dire que c'est tout uniment
la vocalise des dernières syllabes du Gloria Pafri pour indi-
quer la finale du psaume qui doit être entonné (c'est-à-dire
la réduction de secMioram. A?Mew). Le même malheur est pour-
tant arrivé à des savants que je ne crois pas luthériens. Car
M. Edélestand du Méril, dans ses Poésies populaires iaiiwes
antérieures au xn" siècle (p. 173), consacre une longue note
bibliographique à l'indication de cet intéressant problème.
Les neumes viennent à son aide un peu moins malencon-
treusement que les orgies bacchiques, mais encore une fois
le sacristain de sa paroisse pouvait donner une meilleure
solution. Pour ne pas causer trop d'embarras à ceux de ces
doctes gens qui vivent encore, disons que le cardinal Mai
me fait bien l'effet d'avoir porté un jugement semblable sur
l'hymne (c'est-à-dire les antiennes) de saint Savinien. Cf.
Spi'cftcg. romam., t. IX, p. 98, sqq. Mais il serait injuste de
ne point faire observer que Mai, jésuite dans sa jeunesse,
était fort excusable de ne pas entendre grand'chose au chant
d'église, en quoi la Compagnie de Jésus ne se pique généra-
lement pas d'habileté spéciale; au contraire. Les Romains
savent très-bien cela, pour en avoir vu mainte preuve.
 
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