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IVOIRES SCULPTES. IV, TOUR DE BRIOUDE.

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Quiconque avait la clef de cette allégorie lisait sans peine, comme entre les lignes, ce
que n'apercevait point un profane ; il y voyait, en abrégé, la personne divine unie à la
nature humaine, le but de son incarnation et surtout ces paroles évangéliques : «Venez tous
à moi * ; o ou : « J'attirerai tout vers moi h H
Le style des figures dont l'impression m'est restée me porterait à les dater même pour le
moins du iv° siècle plutôt que du v°, et je proposerais, sans grande hésitation, de tenir notre
tour eucharistique comme un de ces petits meubles où les premiers fidèles déposaient chez
eux le Saint-Sacrement sous l'espèce du pain, pour n'être pas privés de la communion si la
vigilance des persécuteurs rendait difficile d'assister à la messe. Sous ces bas-reliefs à dou-
ble entente, le pain consacré pouvait braver les recherches indiscrètes ou même hostiles
sans trahir un mystère chrétien.
Ce que je pourrais ajouter n'en vaut guère la peine, chacun ayant le moyen de faire les
mêmes remarques. On voit bien, par exemple, que tous ces animaux et personnages sont
échelonnés comme sur le penchant d'une montagne. Le plus souvent on a ménagé à cha-
cun d'eux un petit terrain particulier, en manière de console.
Disons néanmoins qu'un homme plus habile que moi en fait de vénerie ou de zoologie
reconnaîtrait sans doute quelques animaux poursuivis par les chasseurs du midi de l'Eu-
rope ou de l'Asie et de l'Afrique. On peut supposer l'intention de peindre une girafe, par
exemple, derrière le centaure; quoique ce dernier ait un épieu sous son bras gauche. Le
cavalier qui galope devant une lionne lui présente de la main droite un objet que je ne
me charge pas de définir, d'autant que sa répétition de part et d'autre (pour le raccorde-
ment des scènes) ne le copie pas deux fois d'une façon entièrement conforme. Supposera
qui voudra une Aayyxî, ou un glaive de et de comme certains couteaux de
sacrifices qui se voient sur des autels tauroboliques h J'y soupçonnerais pourtant un petit de
la bête, ou quelque mannequin figurant un lionceau. Peut-être, au point d'être abordé trop
vigoureusement, notre homme se propose-t-il de jeter cela sur les pas de la mère furieuse
afin d'éviter sa colère en interrompant sa poursuite, pour gagner quelque avance.

devoir rëconciiier l'antipathie gréco-romaine avec la nou-
vetie doctrine apportée au monde par un enfant de la Ju-
dée? Cf. Galat. IH, 28.
1. Matth. XI, 28.
2. Joann. XII, 32.
La Finiande, dans son Kalewala, prête au dieu Weina-
mccinen la puissance d'Orphée pour assembler toutes les
créatures au son d'une lyre barbare qui a pour table l'a-
rête principale d'un poisson; mais ce singulier musicien du
Nord n'obtient que des larmes dans son succès (symbole,
probablement, d'une poésie populaire qui ne trouve à chan-
ter que le vieux passé national mêlé de bien des tristesses),
et disparait dès que ce lugubre tribut est payé aux antiques
souvenirs d'une race continuellement dépossédée.
L'époque où le christianisme pénétra parmi les riverains
de la mer Baltique ne permet guère de croire que la notion
d'un Orphée civilisateur soit parvenue là-bas avec l'ensei-
gnement de l'Évangile. Ce mythe doit tenir chez eux à

quelqu'une des racines de la passion (poésie, etc.) humaine
où d'habiles gens ont voulu faire entrer parfois plus de méta-
physique transcendante que de bon sens. Ce sera donc, sans
trop de psychologie alambiquée, l'enthousiasme d'une tribu
refoulée par des envahisseurs et qui se rejette dans sa mau-
vaise fortune sur les chants de ses antiques traditions, si
vagues ou fragmentées qu'elles soient. Les survivants y sen-
tent vibrer ce qui a ému l'àme de leurs pères en des âges
plus heureux; et se piquent d'autant plus d'en maintenir le
respect, qu'ils y sentent plus d'une transmission interrompue
dans l'héritage des ancêtres. Ce que j'en dis n'exclut nulle-
ment des objections auxquelles je répondrai si elles me sem-
blent en valoir la peine, et si je suis encore en vie quand on
les articulera clairement.
3. Cette arme pourrait absolument être suspendue au
poignet comme un sabre dégainé, que la dragonne permet de
reprendre tout de suite dès qu'on le voudra, quand la main
se trouve dessaisie de la poignée.

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