26
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
V. — GROSSE DE SIEGBERG.
Cette fois je trouve dans les papiers du P. Arth. Martin, que notre gravure ci-jointe
(p. 27) représente une crosse conservée à Siegberg (ou Siegburg) et qu'on l'y attribue à
saint Annon. La hampe, sous la portion que voici, serait en bois rouge, poirier ou cèdre, dit
!a note dont je transcris simplement l'énoncé
Les dentelures, qui se raccordent sans doute avec la hampe de bois, portent les restes
d'une inscription où l'on distingue encore ces lettres V...ART. Peut-être serait-ce le nom
du donateur ou de celui qui avait exécuté la crosse. Quoi qu'il en soit, ce bâton pastoral est
attribué depuis longtemps à saint Annon (ou Hannon), archevêque de Cologne; et, comme
il était fondateur de l'abbaye de Siegberg, il y a tout lieu de croire que la crosse est authen-
tique. Cela étant, elle appartiendrait à la tin du xi° siècle, et fait honneur à l'art rhénan qui
nous a laissé bien des monuments remarquables.
Le P. A. Martin a déjà publié (dans le IV" volume des P° série, p. 161-256) une
quantité de crosses anciennes et modernes où celle-ci ne ligure point, parce qu'il n'avait
guère encore dépassé Cologne dans ses voyages. Mais il ne manqua pas plus tard de copier
celle-ci pour la joindre à sa collection quand l'opportunité s'en représenterait. Il trouvait
d'ailleurs ici un serpent dans la volute, et cet animal lui avait servi de base pour une
grande partie de la classification qu'il cherchait à introduire dans les groupes divers du
bâton pastoral. M. le comte Aug. de Bastard, dans le üt/Vè/m comùé... a/'A & /a
(t. IV et dernier, 1857 ; p. 401-912), a critiqué fort longuement cette méthode,
voulant montrer que le rôle du dragon a été surfait par mon ancien collaborateur. Si
celui-ci eût vécu encore, je crois qu'il ne serait point piqué de cette querelle, où toutes
les formes de la politesse sont du reste gardées. Il n'était pas homme à prendre parti
très-chaudement pour des questions de méthodologie; Aristote, Tournefort, Linnée, Jus-
sieu, Daubenton, Cuvier, Blainville, Werner, Haüy, Breithaupt, etc., c'étaient pour lui :
« Tros Tyriusve fuat, nullo discrimine habetor. a
Il cherchait un procédé de triage, artificiel ou naturel, empirique ou scientifique, pour
caser les nombreux matériaux de sa dissertation ; et n'aurait pas perdu la paix de son âme
si on lui eût dit que des catégories différentes eussent été possibles ou même désirables. Son
.Maye /aû, il passait à un autre ; double jouissance pour sa nature d'artiste et son activité de
vif-argent L
I. Je m'en rapporte à ce qu'il en est; car Surius, au
4 décembre, dit que l'inscription est gravée sur cuivre. Est-
ce une bande appliquée, ou bieii le nœud avec la partie
gravée est-il en métal ?
L'ancien monastère de Siegbebg (ou Siegburg) est devenu
hospice, mais le tombeau de saint Annon y subsiste encore.
Quant à la vie du saint lui-même, je ne me ferai pas un
prétexte pour la raconter à propos de sa crosse. N'était l'an-
cienne mode déjà bien surannée, il y aurait lieu de dire
qu'Annon est une des grandes Apures gui dommenf l'histoire
de l'Allemagne au moyen âge. Régent de l'empire durant la
minorité du malheureux jeune homme, qui devint l'empe-
reur Henri IV, sa légende a passé en poème germanique où
les faits du xi° 'siècle n'arrivent que comme par surcroit.
Les Bollandistes n'auront ce sujet sous la main que d'ici à
un demi-siècle (4 décembre), et je ne me charge point de
prévenir leurs travaux.
2. Je n'étais plus auprès du P. Martin quand il rédigea
définitivement et publia son travail sur les crosses, inspiré
par un mémoire que lui avait communiqué M. l'abbé Bar-
raud, chanoine de Beauvais. Longtemps gardé en porte-
feuille, ce mémoire parut enfin avec un large appendice de
monuments rassemblés à loisir par mon ancien collabora-
teur pour faire cortège à l'opuscule primitif du docte cha-
noine. Le nombre des crosses ainsi ramassées lui sembla
requérir une certaine subdivision qui permit de les répartir
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
V. — GROSSE DE SIEGBERG.
Cette fois je trouve dans les papiers du P. Arth. Martin, que notre gravure ci-jointe
(p. 27) représente une crosse conservée à Siegberg (ou Siegburg) et qu'on l'y attribue à
saint Annon. La hampe, sous la portion que voici, serait en bois rouge, poirier ou cèdre, dit
!a note dont je transcris simplement l'énoncé
Les dentelures, qui se raccordent sans doute avec la hampe de bois, portent les restes
d'une inscription où l'on distingue encore ces lettres V...ART. Peut-être serait-ce le nom
du donateur ou de celui qui avait exécuté la crosse. Quoi qu'il en soit, ce bâton pastoral est
attribué depuis longtemps à saint Annon (ou Hannon), archevêque de Cologne; et, comme
il était fondateur de l'abbaye de Siegberg, il y a tout lieu de croire que la crosse est authen-
tique. Cela étant, elle appartiendrait à la tin du xi° siècle, et fait honneur à l'art rhénan qui
nous a laissé bien des monuments remarquables.
Le P. A. Martin a déjà publié (dans le IV" volume des P° série, p. 161-256) une
quantité de crosses anciennes et modernes où celle-ci ne ligure point, parce qu'il n'avait
guère encore dépassé Cologne dans ses voyages. Mais il ne manqua pas plus tard de copier
celle-ci pour la joindre à sa collection quand l'opportunité s'en représenterait. Il trouvait
d'ailleurs ici un serpent dans la volute, et cet animal lui avait servi de base pour une
grande partie de la classification qu'il cherchait à introduire dans les groupes divers du
bâton pastoral. M. le comte Aug. de Bastard, dans le üt/Vè/m comùé... a/'A & /a
(t. IV et dernier, 1857 ; p. 401-912), a critiqué fort longuement cette méthode,
voulant montrer que le rôle du dragon a été surfait par mon ancien collaborateur. Si
celui-ci eût vécu encore, je crois qu'il ne serait point piqué de cette querelle, où toutes
les formes de la politesse sont du reste gardées. Il n'était pas homme à prendre parti
très-chaudement pour des questions de méthodologie; Aristote, Tournefort, Linnée, Jus-
sieu, Daubenton, Cuvier, Blainville, Werner, Haüy, Breithaupt, etc., c'étaient pour lui :
« Tros Tyriusve fuat, nullo discrimine habetor. a
Il cherchait un procédé de triage, artificiel ou naturel, empirique ou scientifique, pour
caser les nombreux matériaux de sa dissertation ; et n'aurait pas perdu la paix de son âme
si on lui eût dit que des catégories différentes eussent été possibles ou même désirables. Son
.Maye /aû, il passait à un autre ; double jouissance pour sa nature d'artiste et son activité de
vif-argent L
I. Je m'en rapporte à ce qu'il en est; car Surius, au
4 décembre, dit que l'inscription est gravée sur cuivre. Est-
ce une bande appliquée, ou bieii le nœud avec la partie
gravée est-il en métal ?
L'ancien monastère de Siegbebg (ou Siegburg) est devenu
hospice, mais le tombeau de saint Annon y subsiste encore.
Quant à la vie du saint lui-même, je ne me ferai pas un
prétexte pour la raconter à propos de sa crosse. N'était l'an-
cienne mode déjà bien surannée, il y aurait lieu de dire
qu'Annon est une des grandes Apures gui dommenf l'histoire
de l'Allemagne au moyen âge. Régent de l'empire durant la
minorité du malheureux jeune homme, qui devint l'empe-
reur Henri IV, sa légende a passé en poème germanique où
les faits du xi° 'siècle n'arrivent que comme par surcroit.
Les Bollandistes n'auront ce sujet sous la main que d'ici à
un demi-siècle (4 décembre), et je ne me charge point de
prévenir leurs travaux.
2. Je n'étais plus auprès du P. Martin quand il rédigea
définitivement et publia son travail sur les crosses, inspiré
par un mémoire que lui avait communiqué M. l'abbé Bar-
raud, chanoine de Beauvais. Longtemps gardé en porte-
feuille, ce mémoire parut enfin avec un large appendice de
monuments rassemblés à loisir par mon ancien collabora-
teur pour faire cortège à l'opuscule primitif du docte cha-
noine. Le nombre des crosses ainsi ramassées lui sembla
requérir une certaine subdivision qui permit de les répartir