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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
qu'ÉHe n étant pas mort n'a pas reçu jusqu'à présent ta dernière consécration de la sainteté
parla vie bienheureuse. L'usage commun aujourd'hui n'est pas si restreint; mais aucun
des Apôtres n'étant nimbé sur cette plaque, le nimbe divin du
Fils de Dieu et le nimbe simple du lég-islateur des Juifs forment
des caractéristiques très-suftîsantes pour l'ensemble.
IX.
LE GRAAL.
Cette fois encore pas le moindre renseignement pour m'orien-
ter sur la provenance, ou dire s'il s'agit d'une sculpture en
ronde-bosse ou haut-relief et si la dimension de l'original est
réduite dans la copie. Je crois me rappeler seulement, mais d'une
façon bien vagne, que le P. A. Martin avait dessiné cela en
Angleterre.
Un souvenir de même valeur me tait classer cet objet parmi
les ivoires, sans que j'ose en répondre, et mon ancien colla-
borateur ne doutait pas que le y fût représenté. Je
m'en rapporte donc à lui sur l'unique donnée qu'il m'en ait trans-
mise lorsque nous feuilletions ensemble ses croquis de voyage.
Ce personnage dont la tête est ceinte par un bandeau en ma-
nière de diadème et qui appuie si soigneusement sur sa poitrine
un vase de forme sphéroïdale, serait donc Joseph d'Arimathie
apportant aux peuples de la Grande-Bretagne le vase connu au
moyen-âge sous le nom de Saint-Graal. Pour faire là-dessus de
l'érudition étourdissante, mais à bon marché, il ne faudrait que
parcourir trois ou quatre opuscules. M. Sulpice Boisserée, à
1 époque où l'Allemagne voulait avoir inventé 1 architecture ogivale et la baptisait du nom
de j9aMJMM.sU, a voulu restituer le temple du Saint-Graal en style de 1250 d'après
un poëte germanique^; et à ce propos il indique assez abondamment les pièces historiques
avant lui. J'avais espéré que le P. A. Martin, s'il eût vécu
davantage, nous aurait donné l'occasion de comparer
ainsi plusieurs tableaux d'une même scène exécutés soit à
distance, soit simultanément, sur les grands faits de 1É-
vangile.
Quant à la Transfiguration, celle-ci pourrait encore être
comparée utilement au même sujet traité ailleurs. Cf. Gra-
vina, H dworno &* noweale (a la destra delpresbiterio), tav.
18-B.
Indiquons aussi par coup d'œil rétrospectif un petit mé-
daillon de la miniature consacrée à saint Jean l'évangéliste
dans le ms. du Niedermünster de Ratisbonne. Ce beau livre
servait de début au tome P" de la série actuelle ; et à la p. 43,
le petit tableau circulaire qui couvre l'angle inférieur de
gauche laisse apercevoir une des cornes de Moïse. Deux des
apôtres sont prosternés aux pieds de Notre-Seigneur; et l'un
d'eux, qui détourne la tête comme s'il se tordait le cou afin
de ne rien perdre du spectacle, passerait à bon droit pour
avoir servi de modèle à J.-B. Rousseau dans la singulière
mise en scène qui prétend obtenir de Dieu qu'il nous fasse
pénétrer
" .ce sanctuaire impénétrable
Où tes saints inclinés, d'un œil respectueux,
Contemplent de ton front la grandeur adorable. *
Cette bizarrerie n'est donc pas propre à l'art naïf du
moyen Age, qu'on voudrait charger d'une si divertissante
maladresse, parce que l'esthétique n'était pas encore soup-
çonnée alors.
1. C'était plaisanterie assez malencontreuse, pour une na-
tion qui se pique très-particulièrement d'esthétique et d'his-
toire, que de vouloir nous contester l'origine française de
l'architecture ogivale. Maintenant, la question est jugée pour
tous les hommes sérieux; sinon, j'en dirais bien d'autres sur
cette prétention parfaitement absurde; mais qui n'a pas
laissé que de faire merveille à droite du Rhin pendant bien
des années, w o&'ttm aMcforM.
2. Ueber die Beschreibung des Tcmpels des heiligen Grales
in dem Heldengcdicht T%Mrel, kap. 111.
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
qu'ÉHe n étant pas mort n'a pas reçu jusqu'à présent ta dernière consécration de la sainteté
parla vie bienheureuse. L'usage commun aujourd'hui n'est pas si restreint; mais aucun
des Apôtres n'étant nimbé sur cette plaque, le nimbe divin du
Fils de Dieu et le nimbe simple du lég-islateur des Juifs forment
des caractéristiques très-suftîsantes pour l'ensemble.
IX.
LE GRAAL.
Cette fois encore pas le moindre renseignement pour m'orien-
ter sur la provenance, ou dire s'il s'agit d'une sculpture en
ronde-bosse ou haut-relief et si la dimension de l'original est
réduite dans la copie. Je crois me rappeler seulement, mais d'une
façon bien vagne, que le P. A. Martin avait dessiné cela en
Angleterre.
Un souvenir de même valeur me tait classer cet objet parmi
les ivoires, sans que j'ose en répondre, et mon ancien colla-
borateur ne doutait pas que le y fût représenté. Je
m'en rapporte donc à lui sur l'unique donnée qu'il m'en ait trans-
mise lorsque nous feuilletions ensemble ses croquis de voyage.
Ce personnage dont la tête est ceinte par un bandeau en ma-
nière de diadème et qui appuie si soigneusement sur sa poitrine
un vase de forme sphéroïdale, serait donc Joseph d'Arimathie
apportant aux peuples de la Grande-Bretagne le vase connu au
moyen-âge sous le nom de Saint-Graal. Pour faire là-dessus de
l'érudition étourdissante, mais à bon marché, il ne faudrait que
parcourir trois ou quatre opuscules. M. Sulpice Boisserée, à
1 époque où l'Allemagne voulait avoir inventé 1 architecture ogivale et la baptisait du nom
de j9aMJMM.sU, a voulu restituer le temple du Saint-Graal en style de 1250 d'après
un poëte germanique^; et à ce propos il indique assez abondamment les pièces historiques
avant lui. J'avais espéré que le P. A. Martin, s'il eût vécu
davantage, nous aurait donné l'occasion de comparer
ainsi plusieurs tableaux d'une même scène exécutés soit à
distance, soit simultanément, sur les grands faits de 1É-
vangile.
Quant à la Transfiguration, celle-ci pourrait encore être
comparée utilement au même sujet traité ailleurs. Cf. Gra-
vina, H dworno &* noweale (a la destra delpresbiterio), tav.
18-B.
Indiquons aussi par coup d'œil rétrospectif un petit mé-
daillon de la miniature consacrée à saint Jean l'évangéliste
dans le ms. du Niedermünster de Ratisbonne. Ce beau livre
servait de début au tome P" de la série actuelle ; et à la p. 43,
le petit tableau circulaire qui couvre l'angle inférieur de
gauche laisse apercevoir une des cornes de Moïse. Deux des
apôtres sont prosternés aux pieds de Notre-Seigneur; et l'un
d'eux, qui détourne la tête comme s'il se tordait le cou afin
de ne rien perdre du spectacle, passerait à bon droit pour
avoir servi de modèle à J.-B. Rousseau dans la singulière
mise en scène qui prétend obtenir de Dieu qu'il nous fasse
pénétrer
" .ce sanctuaire impénétrable
Où tes saints inclinés, d'un œil respectueux,
Contemplent de ton front la grandeur adorable. *
Cette bizarrerie n'est donc pas propre à l'art naïf du
moyen Age, qu'on voudrait charger d'une si divertissante
maladresse, parce que l'esthétique n'était pas encore soup-
çonnée alors.
1. C'était plaisanterie assez malencontreuse, pour une na-
tion qui se pique très-particulièrement d'esthétique et d'his-
toire, que de vouloir nous contester l'origine française de
l'architecture ogivale. Maintenant, la question est jugée pour
tous les hommes sérieux; sinon, j'en dirais bien d'autres sur
cette prétention parfaitement absurde; mais qui n'a pas
laissé que de faire merveille à droite du Rhin pendant bien
des années, w o&'ttm aMcforM.
2. Ueber die Beschreibung des Tcmpels des heiligen Grales
in dem Heldengcdicht T%Mrel, kap. 111.