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LETTRES HISTORIÉES, SAINTS. 138
sur l'instrument de son supplice déjà debout, au lieu d'être cloué sur la croix étendue
à terre. Ainsi, tel semble être le sens de l'ancienne hymne :
a Jam surgit hora tertia
Qua Christus ascendit crucem; a
et Fra Giovanni l'Angelico en maintenait encore le souvenir dans une de ses fresques au
couvent de saint Marc.
L'apôtre est conduit les mains liées ou retenues derrière le dos ; en sorte que son reg-ard
seul rappelle le beau cri si connu de tout chrétien : K O bonne croix qui dois ta g-loire et ta
beauté aux membres de mon Seigneur, reçois-moi du milieu des hommes, pour me rendre
au maître qui m'a racheté par ton moyen, a Les Actes de son martyre, abrég-és dans le bré-
viaire, disent que cela fut prononcé les bras étendus. Notre miniateur peut s'être dispensé
de serrer le texte en ce point, pour épargner la place dont il tire d'ailleurs si bon parti. Le
gibet n'a pas la hauteur qu'on nous habitue communément à imaginer pour la croix du
Calvaire b car un des bourreaux, qui ne se dresse même pas sur un petit tertre, pose la
main sans g-êne sur une des traverses; ayant l'air de dire au saint qu'il se lait un peu trop
prier pour accomplir la sentence.
La seconde scène semble être mise à part sous le croisement des jambages du milieu de
l'M. L'homme de Dieu est cloué sur la croix avec cette étendue horizontale des bras qui se
voit presque toujours dans les anciens cruciAx. Mais ni le linge qui s'appuie sur ses han-
ches pour descendre jusqu'aux genoux, ni l'adaptation des pieds à la tige verticale du
gibet, ne semble bien conforme à ce que nous voyons dans les croix de cette époque L
Saint André n'incline point la tête, on voit qu'il est encore vivant; et les spectateurs, der-
rière lui ou à sa droite, se penchent comme pour l'écouter sans perdre une seule de ses pa-
roles, ou se font signe les uns aux autres aûn d'attirer l'attention sur son enseignement.
C'est qu'il demeura en vie sur la croix pendant deux jours, ne cessant pas de prêcher la foi
pour le peuple qui l'entourait. D'aiAeurs ses Actes nous le montrent tellement chéri de tous,
que le saint fut oblig-é de s'opposer aux tentatives de ceux qui voulaient le dérober à la
mort.
La miniature suivante (XVII kal. sept.) est toute propre au diocèse de Metz. Cf. p. 136.
Nous avons déjà vu (p. 123) que la fête de saint Étienne avait reçu, dans le sacramentaire
de Drogon, une lettre ornée dont la richesse ne s'explique pas complètement par la solennité
des fêtes de Noël, ni par la célébrité du premier martyr. On s'en rendra mieux compte si
l'on fait attention que le saint diacre est patron de la cathédrale de Metz; en quoi, cet
évêché ne se distingue pas d'une douzaine d'autres en France. Quant au saint que voici,
il a deux ou trois homonymes chez nous, dont les plus célèbres sont saint Arnou de
Soissons, saint Arnou de Toul et saint Arnou de Gap.
Mais le saint Arnou de Metz n'était pas seulement prédécesseur de Drogon, il était l'an-
cêtre des Carlovingiens. Marié avant de recevoir les ordres, il fut maire d'Austrasie sous
Clotaire II, et grand-père de Pépin d'Héristal. Les honneurs du siècle ou de l'Eglise ne
l'éblouirent pas ; aussi abandonna-t-il plus tard sa chaire épiscopale, malgré les rois qui
refusaient sa démission, et se retira dans la solitude pour ne songer plus qu'à Dieu seul.
Les miracles représentés par notre peintre appartiennent tous à l'époque de son épisco-

I. Cf. Mélanges, I" série, t. t, p- 224, sv.; et 233.

2. Cf. Mélanges, iMd., p. 231, sv.; et 238.
 
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