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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

question comme à un homme qui aurait perdu l'ouïe aussi bien que la parole. Quant au
vieillard, il désigne lui-même ses lèvres pour montrer que l'écriture est son unique
moyen de répondre. Aussi lui a-t-on déjà remis des tablettes et un stylet pour abréger
l'exposition. Comme dit l'évangéliste, il y trace ces mots : <t Jean sera son nom. H
A cet instant, le peintre a compris qu'il ne fallait pas trop condenser le récit évangélique,
s'il voulait le rendre intelligible. Il le complète donc par une troisième scène, mise à part
au moyen d'un arc de cercle. Là, l'heureux père se lève avec transport en tournant ses yeux
vers le ciel ; la parole lui est rendue, selon la prophétie de l'ange, et il récite son cantique :
« Béni soit le Seigneur Dieu d'Israël pour avoir visité et racheté son peuple ! Etc., etc. H En
ce moment, Zacharie devient prophète, comme parle l'Évangile ; la conversion prochaine
des Gentils se montre à ses yeux (Luc. I, 79), et il en bénit le Dieu des miséricordes, comme
fera bientôt aussi le vieillard Siméon (Luc. II, 30-32).
Si l'on tenait beaucoup à ce que tout cet ensemble eût pour but la circoncision de saint
Jean-Baptiste, ce qui ne me paraît pas très-probable, on pourrait dire que les femmes réu-
nies autour de sainte Élisabeth lui font des objections contre la prétention quelle énonce
de voir donner à son enfant un nom inconnu dans la parenté. Au fait, c'est surtout ce jour-
là que l'évangûle nous montre (Luc. I, 65, sq; et 14) comme accomplie la promesse de
Gabriel qui disait que Jean-Baptiste serait grand sujet de joie dès sa venue.
J'omets saint Pierre et saint Pau! dont le martyre est exprimé sans aucune particularité
qui puisse soulever des observations intéressantes.
Saint André nous donnera lieu, au contraire, de faire voir que les anciens artistes ne
connaissaient guère cette croix en sautoir qui porte aujourd'hui le nom de notre apôtre,
comme par droit incontestable. J'ai lait
voir ailleurs' que jusqu'au xiv° siècle
on ne tenait aucunement cela comme
chose jugée.
La lettre majuscule est celle qui
commence l'oraison du 30 novembre :
K Majestatem tuam, Domine, supplici-
ter exoramus ut sicut Ecclesiæ tuæ bea-
tus Andréas exstitit prædicator et rec-
tor, etc. ))
Le peintre a trouvé moyen d'y in
diquer plus de ving-t personnages en
décrivant le supplice et la mort de
saint André. Deux circonstances se
partagent son tableau, et la partie su-
périeure de l'M montre le saint con-
duit vers la croix déjà dressée sur le lieu de l'exécution. C'est ce que plusieurs peintures
anciennes adoptent au sujet du calvaire ; et la verrière consacrée à la Passion, dans la
cathédrale de Bourges, a un médaillon fort semblable à celui-ci. On supposait donc,
contrairement à ce que prétendent les chemins de croix modernes, que le patient montait
1. CamcMrMtiqMes des SS., p. 286-288. lors, je citais ia miniature que voici, sans en donner ia gra-
Piusieurs monuments y sont reproduits ou indiqués'; et dès vure dont on peut se faire une idée aujourd'hui.
 
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