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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGîE.

affirmative ce qui le séparait de son confrère en archéologue, et dont les yeux ou le crayon
n'étaient certes pas novices pour les antiquités locales ' ?
Dans la suite des scènes conservées jusqu'aujourd'hui par cette curieuse abside enfin
rendue à la lumière, rien n'oblige ni même autorise à voir la naissance de Marie. Le moyen
âge mêle fréquemment la jeunesse de Notre-Dame (son mariage, l'Annonciation, etc.) à
l'enfance du Fils de Dieu, parce que c'est l'histoire de l'Incarnation du Verbe divin; mais
pour remonter jusqu'à sainte Anne en pareil cas, c'est à peine si cela se rencontre lorsque
l'artiste pouvait disposer d'une longue série de tableaux. Or, àSaint-Pierre-les-Egdises, nous
n'avons plus que cinq compartiments, et le Ma.%w?M?72 primitif ne saurait avoir dépassé le
nombre de huit L Veut-on que sur ce total, qui renferme le Calvaire, on ait pris place (près
de la visite des mages à Béthléem) pour la venue de Marie au monde? Dès que vous aurez la
bonté d'admettre le nimbe divin comme entourage réel à la tête de l'enfant, sans y pré-
tendre une retouche postérieure qu'il faudrait bien prouver, nous voilà tout bonnement
revenus à l'ordre naturel des faits où se greffe la légende d'une ou deux accoucheuses.
Si nous n'y avons pas de manière évidente l'une de ces femmes portant le bras droit en
écharpe, comme sur la châsse d'Aix-la-Chapelle l'origine et l'intention de la peinture ne
laissent pas d'être assez claires. Ici, malgré le dessin de M. de Longuemar, je ne puis res-
tituer à coup sûr les inscriptions anciennes qui sont un peu oblitérées et dont j'aurais à
connaître l'ensemble pour y trouver quelque suite qui fournît matière à une restitution
probable. Mais, sous l'espèce de fonts-baptismaux où l'Enfant Jésus est entre les mains de
l'accoucheuse (j'étudie la peinture de droite à gauche), ne peut-on pas supposer BALNEATUtC?
Sous la femme (la très-sainte Vierge probablement, à moins que le peintre n'ait voulu en faire
Æarm &?/o??2r) qui semble accourir en portant une petite robe, on lit sans peine MARIA ; et le
mot voisin, vers la droite, n'aurait-il pas été TUNiCA? Cela répondrait à la pensée de quelques
bonnes âmes qui ont voulu que la Mère de Dieu eût préparé d'avance à son bis une petite
tunique sans couture, qui aurait grandi avec lui en suivant la croissance de ses divers âges.
Il serait d'ailleurs délicat et bien conforme au profond respect de Notre-Dame pour l'Enfant-
Dieu, qu'on ait voulu nous la montrer souffrant à peine que son divin Fils demeurât nu plus
de quelques instants; n'en déplaise aux peintres de la renaissance ou à leurs disciples, qui
qui ne se font pas faute de cette nudité.
Toujours sur la gauche et à l'extrémité de ma représentation, je proposerai de voir saint
Joseph, dont le nom peut absolument se reconnaître (josEFes ou JOSEPH), si l'on consent à y
mettre un peu de bon vouloir. La part qu'il prend au bain de Notre-Seigmeur peut être
tenue pour la modestie d'un homme qui connaît son rôle tout-à-fait à part dans la Sainte-
Famille. Il se contente de recevoir et de faire passer à qui de droit les- vases d'eau qui doi-
vent servir à la fonction accomplie par des femmes. Ce qu'il y a de rude dans le trait de
tout ceci, principalement à l'état où nous le voyons aujourd'hui, ne laisse pas de faire aper-

1. Il a bien voulu, dans ie temps où je visitais encore un
peu nos provinces par ordonnance de la Faculté, me faire
voir un grand album tracé de sa main durant ses courses en
Poitou; et quoique les originaux me fussent inconnus pour
ta plupart, je n'ai pas eu de peine à y reconnaître l'expé-
rience avec ia sagacité attentive d'un ancien officier d'état-
major sous la Restauration.
2. Mémoires. des antiquaires de l'ouest; ioc. efC,
p. 274.-
3. Mélanges d'archéologie., F" série, t. I, pl. m,

figure c. Cela répondait bien à la prière que Salotné adresse
au Ciel (Tischendorf, p. 73, sq.; et p. 36, sqq. —Etc.);
" Seigneur, vous savez que je n'ai jamais refusé mon ser-
vice à qui était de petite condition; rendez-moi donc aux
pauvres gens que j'assistais si volontiers dans leurs an-
goisses. B
4. Ce langage est très-suffisamment autorisé par une rela-
tion des Saints Lieux que rédigeait Pierre Diacre du Mont-
Cassin, au xn^ siècle. Cf. L. Tosti, SfoWa délia 5ad:'a &' Afouie-
Cassmo, t. H, p. 123, 128.
 
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