CHÂSSES ET RELIOUAmES.
Si Ton voulait jeter un regard d'ensemble sur la diversité de formes données aux grands
reliquaires par nos ancêtres, on se trouverait conduit à esquisser l'histoire de l'orfèvrerie
ecclésiastique par ses plus grandes œuvres. Après les autels en métaux précieux, dont il
nous reste bien peu d'exemplaires complets, ce sont les châsses qui réalisent la principale
application des arts dont dispose l'orfévre : travail de l'or et de l'argent, joaillerie, émaille-
rie et peinture d'ornementation b Ces deux dernières ressources ont été seules employées
plus d'une fois; et sur un métal inférieur, elles ne font pas mauvaise figure b Quant à la
réunion de ces ressources multiples, le P. A. Martin ne demandait pas mieux que de la mon-
trer sous toutes ses faces à plusieurs époques. On peut s'en convaincre en consultant les
mémoires (avec planches nombreuses) qui ouvrent les deux premiers volumes de nos Æé-
Awye.S' (P° série). Je lui ai entendu exprimer en outre l'intention de rr.sù'/Mcv bon nombre de
châsses publiées par les Bollandistes et autres, à une époque où dessinateurs et graveurs
ne se piquaient pas de l'exactitude qu'on leur demande aujourd'hui ; et son habitude du
moyen âge pouvait donner grande autorité à ces reproductions ay Mycvéo où il aurait
tenu compte des données authentiques. De fait, rien ne me permet de croire qu'il ait accordé
la moindre suite à ce projet caressé par passe-temps.
11 avait préparé, en outre, diverses planches que ses distractions et oublis ont laissé perdre
par la rouille de l'acier. Je ne pourrai donc plus produire de lui aucune de ces œuvres splen-
dides dont le moyen âge a été si prodigue pour l'honneur des sain ts. Sauf des croquis nom-
breux, il ne m'a transmis que des travaux d'émailleurs et des pièces de ciselures qui de-
vaient sans doute former plus tard un tout complet. Mais l'homme propose et Dieu dispose.
1. « Honny soit qui mal y pense ! H 11 m'a été montre clans
une rue de Noyon tel endroit bien connu là-bas, où en 1813
(1814, peut-être; autant vaut, c'est toujours l'empire et la
Prusse chez nous par concomitance), un bataillon prussien
(je n'affirmerais point que ce ne fût pas un régiment) fléchit
le genou corum populo devant la maison qui était censée
avoir donné Calvin au monde. Dévotion touchante d'enne-
mis insolents qui vénéraient sous nos yeux le premier auteur
des grandes scissions intestines dans le royaume de saint
Louis ! Je prête à ces messieurs la pensée la plus raisonnable
qui se puisse imaginer; car supposer qu'ils eussent prétendu
offrir un culte de duKe (comme parle l'Église) à celui qui a
tant déclamé contre les honneurs rendus aux saints dans
leurs reliques, ce serait décidément trop drôle pour des mili-
taires philosophes ou luthéro-calvinistes. Ainsi mettons, pour
le mieux, que c'ait été simple affaire de patriotisme haineux,
célébrant
" Son bien premièrement, et puis ie mal d'autrui; *
1/em, Protestation des fils deré/Mptës, contre Louis XIV et le
retrait de l'édit de Nantes. On voit que je suis complaisant.
Pour nous autres catholiques, il est bien établi que la gloire
de Dieu n'est aucunement blessée par les profonds égards
envers ses particuliers serviteurs ; au contraire. C'est là ce
qui nous fait entourer d'ouvrages précieux les ossements des
saints. Celui qui veut les couronner d'honneur à jamais, ne
saurait être jaloux quand il nous voit courir au-devant de
ses intentions.
2. Diverses châsses dans le pays walon, sur les bords de la
Meuse, n'ont presque pas d'autres ornements que des bandes
brun sur or ou or sur brun qui ne laissent pas de leur don-
ner fort bonne mine. L'habileté des ornemanistes varie les
fleurons et les enroulements avec une fécondité inépuisable.
L'école rhénane affectionnait cette ressource, et l'employait
fort habilement. Le P. A. Martin en a donné plusieurs
exemples dans nos Méùmg'es cl'arcTtéolopfe, P" série, t. !,
pl. xxxnt-xxxix.
Quant aux simples émaux ornementés, mais associés le
plus souvent aux autres ressources de 1 orfèvrerie, on peut
voir ce qu'ils deviennent sous une main habile en consultant
les planches vn-ix et xr.-xnv du même volume.
Si Ton voulait jeter un regard d'ensemble sur la diversité de formes données aux grands
reliquaires par nos ancêtres, on se trouverait conduit à esquisser l'histoire de l'orfèvrerie
ecclésiastique par ses plus grandes œuvres. Après les autels en métaux précieux, dont il
nous reste bien peu d'exemplaires complets, ce sont les châsses qui réalisent la principale
application des arts dont dispose l'orfévre : travail de l'or et de l'argent, joaillerie, émaille-
rie et peinture d'ornementation b Ces deux dernières ressources ont été seules employées
plus d'une fois; et sur un métal inférieur, elles ne font pas mauvaise figure b Quant à la
réunion de ces ressources multiples, le P. A. Martin ne demandait pas mieux que de la mon-
trer sous toutes ses faces à plusieurs époques. On peut s'en convaincre en consultant les
mémoires (avec planches nombreuses) qui ouvrent les deux premiers volumes de nos Æé-
Awye.S' (P° série). Je lui ai entendu exprimer en outre l'intention de rr.sù'/Mcv bon nombre de
châsses publiées par les Bollandistes et autres, à une époque où dessinateurs et graveurs
ne se piquaient pas de l'exactitude qu'on leur demande aujourd'hui ; et son habitude du
moyen âge pouvait donner grande autorité à ces reproductions ay Mycvéo où il aurait
tenu compte des données authentiques. De fait, rien ne me permet de croire qu'il ait accordé
la moindre suite à ce projet caressé par passe-temps.
11 avait préparé, en outre, diverses planches que ses distractions et oublis ont laissé perdre
par la rouille de l'acier. Je ne pourrai donc plus produire de lui aucune de ces œuvres splen-
dides dont le moyen âge a été si prodigue pour l'honneur des sain ts. Sauf des croquis nom-
breux, il ne m'a transmis que des travaux d'émailleurs et des pièces de ciselures qui de-
vaient sans doute former plus tard un tout complet. Mais l'homme propose et Dieu dispose.
1. « Honny soit qui mal y pense ! H 11 m'a été montre clans
une rue de Noyon tel endroit bien connu là-bas, où en 1813
(1814, peut-être; autant vaut, c'est toujours l'empire et la
Prusse chez nous par concomitance), un bataillon prussien
(je n'affirmerais point que ce ne fût pas un régiment) fléchit
le genou corum populo devant la maison qui était censée
avoir donné Calvin au monde. Dévotion touchante d'enne-
mis insolents qui vénéraient sous nos yeux le premier auteur
des grandes scissions intestines dans le royaume de saint
Louis ! Je prête à ces messieurs la pensée la plus raisonnable
qui se puisse imaginer; car supposer qu'ils eussent prétendu
offrir un culte de duKe (comme parle l'Église) à celui qui a
tant déclamé contre les honneurs rendus aux saints dans
leurs reliques, ce serait décidément trop drôle pour des mili-
taires philosophes ou luthéro-calvinistes. Ainsi mettons, pour
le mieux, que c'ait été simple affaire de patriotisme haineux,
célébrant
" Son bien premièrement, et puis ie mal d'autrui; *
1/em, Protestation des fils deré/Mptës, contre Louis XIV et le
retrait de l'édit de Nantes. On voit que je suis complaisant.
Pour nous autres catholiques, il est bien établi que la gloire
de Dieu n'est aucunement blessée par les profonds égards
envers ses particuliers serviteurs ; au contraire. C'est là ce
qui nous fait entourer d'ouvrages précieux les ossements des
saints. Celui qui veut les couronner d'honneur à jamais, ne
saurait être jaloux quand il nous voit courir au-devant de
ses intentions.
2. Diverses châsses dans le pays walon, sur les bords de la
Meuse, n'ont presque pas d'autres ornements que des bandes
brun sur or ou or sur brun qui ne laissent pas de leur don-
ner fort bonne mine. L'habileté des ornemanistes varie les
fleurons et les enroulements avec une fécondité inépuisable.
L'école rhénane affectionnait cette ressource, et l'employait
fort habilement. Le P. A. Martin en a donné plusieurs
exemples dans nos Méùmg'es cl'arcTtéolopfe, P" série, t. !,
pl. xxxnt-xxxix.
Quant aux simples émaux ornementés, mais associés le
plus souvent aux autres ressources de 1 orfèvrerie, on peut
voir ce qu'ils deviennent sous une main habile en consultant
les planches vn-ix et xr.-xnv du même volume.