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CHÂ.SSE DE HUY.

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supériorité de composition et d'exécution appartiendrait sans contredit à I'émailleur: et
ce ne sera pas l'unique tableau où nous aurons à lui décerner la palme. La noblesse et le
naturel des attitudes ou des gestes, la simplicité des draperies, qui n'excluent pas une cer-
taine élégance, sont certainement remarquables dans la châsse de Huy.
La fuite en Égypte (p. 158) ne se trouve point sur les portes de Saint-Paul, mais le Mé-
nologe grec lui donne place ^au 26 décembre (t. 11, p. 59), après avoir représenté saint
Joseph averti par l'ange pendant son sommeil. Cf. Grimoüard de Saint-Laurent, de
far/ c/nëù'ca, t, IV, pi. vu.
L'espèce de valet qui tient ici le licou de l'âne, comme pour précéder les voyageurs tout
en portant leur petit paquet, les suit au contraire dans la miniature; et son bâton porte
une sorte de bouteille à la façon des gourdes ou calebasses qui pendent au bourdon d'un
pèlerin pour le rafraîchir dans l'occasion. Mais cet homme maintient le rôle que je lui
prête, en faisant signe de la main droite comme pour indiquer le chemin.
C'est peut-être vers lui que saint Joseph se retourne, afin de l'interroger tandis qu'il se
tient à la tête de la monture qui porte l'enfant et sa mère b
Cette idée de placer l'Enfant Jésus sur les genoux de la sainte Vierge, pendant qu'il ne
lui reste qu'une main pour se tenir comme elle peut à la crinière de l'âne ne me paraît pas
valoir la sollicitude de I'émailleur qui fait porter le Fils de Dieu par saint Joseph \ et là
un entretien verbal, ou des regards significatifs mettent en relation les trois personnes de
la Sainte-Famille avec une convenance gracieuse que tout le monde appréciera sans doute
dès le premier coup d'œil. Sur ce terrain accidenté par un artifice convenu, l'âne chemine
d'un, pied fin et d'un œil attentif qui garantit la sûreté de sa marche. Le miniateur, au
contraire, lui fait tourner le regard et les oreilles vers le personnage mystérieux dont nous
allons parler.
Le catalogue de l'exposition belge disait que nous avons ici une idole s'inclinant devant
les voyageurs augustes qui entrent dans le pays. La miniature de Grotta-Ferrata fait assez
voir t^u'il s'agit d'une enceinte de ville et non pas d'un temple. La figure de femme y porte
d'ailleurs une couronne tourelée, comme signe de cité ou de nation; et ce peut ne pas
être chose inutile que de rappeler les indications données dans le t. F' de cette 11F série de
nos dféùmyas'..., p. 49-60, à propos de miniatures impériales du haut moyen âge (/focètcs
comme dirait la géologie). En outre elle ne se tient pas aussi rigoureusement dans l'em-
brasure de la porte qui l'encadre, comme en une niche ; elle s'avance avec quelque hâte
vers ses hôtes, et ses mains sont couvertes d'une draperie qui annonce l'infériorité à laquelle
elle se soumet de grand cœur pour se préparer à tous les services qu'on lui demandera L

1. Observons que, de part et d'autre, la sainte Vierge a
monté sur l'âne du côté droit de la bête; ce qui montre qu'en
disant pied mo/doir, il ne nous faut pas prétendre à parler
pour tous les temps et tous les lieux.
2. Les petits garçons voyagent encore de la sorte à cheval
sur une épaule de leur père, en Syrie. Cf. Grimoüard, Gttfde
de Turf càréffew, t. IV. p. 180.
3. S'il fallait prendre les apocryphes pour guides comme
à plaisir, en manière d'érudition curieuse et baroque, j'aurais
eu belle à chercher dans cette personnification de province
ou de ville, quelqu'une des femmes riches que cite le Pseudo-
Æmnytle de t'en/imee comme ayant éprouvé la puissance de
l'enfant Jésus durant son voyage en Égypte (Cf. Tliilo, p. 78-
81, 82-83). De même, au Heu du prétendu larron (tMd., 02,

sv.; et 143), qui m'empêchait de voir dans le guide de Huy
ce petit garçon démoniaque dont la guérison fut assurée
quand il eut mis sur sa tête une des bandes de linge qui
avait enveloppé Notre-Seigncur (!Md., p. 74-77)? J'aurais
dit que c'était là ce que le jeune homme porte au bout de
son espèce de lance, comme une sorte de trophée pour
proclamer sa gratitude et la grandeur de celui qu'il veut
servir. Mais il vaut assurément mieux se guider sur le bon
sens tout pur et sur des récits qui ne soient pas trop absurdes.
Or les faux évangiles, que l'on a l'air de faire valoir à cette
occasion, sont précisément les moins recevables.
Rem, j'avais encore beau jeu pour citer la légende de
Bouddha, les vieux mystères dramatiques du moyen âge, ou
quelque apocryphe aussi greffé sur le Nouveau Testa-
 
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