ORNEMENT ÉPISCOPAL D'EICHSTÆDT.
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a Quoi qu'il en soit, nous voyons depuis l'époque que nous venons de marquer, que tous
ses successeurs se sont fait honneur de le porter et de l'enrichir de diverses pierres pré-
cieuses ; comme on peut le voir dans toutes les représentations de nos évêques sur la pierre
et sur la cire'. Car les sculpteurs et les peintres n'ont pas oublié de le donner aux images
qu'ils ont fait de nos saints évêques..., comme on le voit par les empreintes qui nous restent;
et c'est sur ces preuves authentiques que Monseigneur de Cammilly^ se distingue par cette
marque d'honneur qui lui est commune avec un évêque en Grèce b
K M. du Saussay, évêque de Toul, s'est donné le titre de éréÿMC.s' & 7a prowicp &
TVèæ.? dans la dissertation qu'il a fait imprimer .wr /c .sabt/ CVoM. On ne peut douter qu'il ne
fût très-bien fondé à se le donner. Le que nous venons de citer en suppose visi-
blement le droit comme constant, puisqu'il l'allègue pour raison de ce que nos évêques
portaient le quand ils officiaient ; et il ajoute que c'étaient eux qui confirmaient
et qui sacraient ceux de Metz et de Verdun, quand l'archevêque ne le pouvait faire ou qu'il
était absent b
« Il paraît même que les évêques de Toul étaient en possession de ce titre dès les pre-
miers siècles de cette Eglise. Car Sidoine Apollinaire, écrivant à Auspice qui la gouvernait
vers l'an 480, l'appelle et tout le monde sait '' que ce nom était autrefois affecté
au doyen des évêques d'une province, etc.
K Au reste, nous n'entreprendrons pas de décider d'oü était venu à nos évêques la préro-
gative du doyenné de la province... Nous laissons à de plus habiles gens que nous la décision
de ce fait; leur laissant de même à démêler pourquoi ces évêques étant ainsi reconnus
doyens, bien loin de s'en prévaloir dans les conciles nationaux ou provinciaux, y ont au
contraire très-souvent souscrit après les prélats de Metz et de Verdun, comme s'ils n'avaient
point eu d'autre rang parmi eux que celui de leur ordination. »
On voit qu'il reste encore de l'ouvrage aux antiquaires pour éclaircir l'histoire du super-
huméral. Gomme si cela ne suffisait pas, le siège de Reims (peut-être comme primat de
Belgique) prétendit cumuler cet honneur avec celui du ^ ; mais, de plus, on trouve
encore chez quelques auteurs les mots7Wa'c7?a/, pccêoraf, (<pKLv6)v/K, meloviov), etc., puis le
1. L'auteur parle probablement des empreintes de sceaux.
H serait en effet curieux d'en ctudier une série complète
pour ce siège.
2. Évêque de Toul alors, de 1708 à 1722.
3. C'est pour le coup que l'érudition du P. Benoit montre
particulièrement son faible. !1 trouve dans Zonaras un
irptMposos à Héraclée, puis un autre à Tyr; et admet gratuite-
ment que chaque province orientale avait de même un
irpcOpmc; né, pour ainsi dire. Cela méritait bien d'être démon-
tré, mais n'eùt pas même établi que l'Église latine possédât
ce genre de distinction perpétuelle.
4. « Quuin episcopus célébrât, utitur superhumerali ra-
tione decanatus quem gerit; quia decanus aliorum episco-
porum existit, id est Mctensis et Virdunensis... tn consecra-
tionibus episcoporutn sui decanatus, et etiam confirmationi-
bus, vices archiepiscopi gerit si archicpiscopus commode
non posset, vel absens esset, vel occupatus. "
On verra tout à l'heure que le P. Benoit finit par déclarer
un peu obscure l'origine de cette prérogative pour Toul.
5. Que tout le monde sache cela, c'est beaucoup dire.
Outre que Sidoine ne prétend pas faire du droit canon grec,
on sait plutôt que le Trp68?Mos était l'évêque dans sa propre
cathédrale ; parce que son siège dominait ceux de tout le
clergé, au milieu duquel il prenait place dans l'enedra. Voilà
donc une preuve qui n'a guère de poids dans l'espèce, mal-
gré son air d'antiquité.
6. Cf. A?MM?. 0. S. Æ., 1.1, p. 829. — Mélanges d'archéo-
logie (P" série), t. IV, p. 163 (S. Réole). — Etc.
7. D. Giorgi, De KtMrgt'a romani ponfi/îcM, t. I, p. 222-226,
128,148, 209. — Pertsch, De origine... paHii, p. 102, sq.; et
86. — Etc. — Mais il y a aussi le /ermai? des chapes épisco-
pales qui peut prétendre au même nom.
8. Cf. Giorgi, i. cit., p. 147, sqq. Ici perce une trace by-
zantine, quoique le mot usuel des Latins, panmZa, s'y rattache
sans doute avec le sens vague de couverture des épaules.
Cf. 11 Tim. iv, 13.
Si le (ou h'moMSiwe des anciens) s'est métarmor-
phosé en chape de prélature admettant tout le luxe imagi-
nable (queue traînante, étoffes précieuses, bijoux pectoraux),
une esciurina (comme disent les Espagnols) a bien pu devenir
objet de grand luxe à la longue, moyennant fantaisies de
tailleurs et brodeurs plus soucieux de coquetterie que d'ar-
chéologie. Après le pillage de Constantinople par les Latins
en 1204, Venise s'était fait adjuger les spencers (pardon de
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a Quoi qu'il en soit, nous voyons depuis l'époque que nous venons de marquer, que tous
ses successeurs se sont fait honneur de le porter et de l'enrichir de diverses pierres pré-
cieuses ; comme on peut le voir dans toutes les représentations de nos évêques sur la pierre
et sur la cire'. Car les sculpteurs et les peintres n'ont pas oublié de le donner aux images
qu'ils ont fait de nos saints évêques..., comme on le voit par les empreintes qui nous restent;
et c'est sur ces preuves authentiques que Monseigneur de Cammilly^ se distingue par cette
marque d'honneur qui lui est commune avec un évêque en Grèce b
K M. du Saussay, évêque de Toul, s'est donné le titre de éréÿMC.s' & 7a prowicp &
TVèæ.? dans la dissertation qu'il a fait imprimer .wr /c .sabt/ CVoM. On ne peut douter qu'il ne
fût très-bien fondé à se le donner. Le que nous venons de citer en suppose visi-
blement le droit comme constant, puisqu'il l'allègue pour raison de ce que nos évêques
portaient le quand ils officiaient ; et il ajoute que c'étaient eux qui confirmaient
et qui sacraient ceux de Metz et de Verdun, quand l'archevêque ne le pouvait faire ou qu'il
était absent b
« Il paraît même que les évêques de Toul étaient en possession de ce titre dès les pre-
miers siècles de cette Eglise. Car Sidoine Apollinaire, écrivant à Auspice qui la gouvernait
vers l'an 480, l'appelle et tout le monde sait '' que ce nom était autrefois affecté
au doyen des évêques d'une province, etc.
K Au reste, nous n'entreprendrons pas de décider d'oü était venu à nos évêques la préro-
gative du doyenné de la province... Nous laissons à de plus habiles gens que nous la décision
de ce fait; leur laissant de même à démêler pourquoi ces évêques étant ainsi reconnus
doyens, bien loin de s'en prévaloir dans les conciles nationaux ou provinciaux, y ont au
contraire très-souvent souscrit après les prélats de Metz et de Verdun, comme s'ils n'avaient
point eu d'autre rang parmi eux que celui de leur ordination. »
On voit qu'il reste encore de l'ouvrage aux antiquaires pour éclaircir l'histoire du super-
huméral. Gomme si cela ne suffisait pas, le siège de Reims (peut-être comme primat de
Belgique) prétendit cumuler cet honneur avec celui du ^ ; mais, de plus, on trouve
encore chez quelques auteurs les mots7Wa'c7?a/, pccêoraf, (<pKLv6)v/K, meloviov), etc., puis le
1. L'auteur parle probablement des empreintes de sceaux.
H serait en effet curieux d'en ctudier une série complète
pour ce siège.
2. Évêque de Toul alors, de 1708 à 1722.
3. C'est pour le coup que l'érudition du P. Benoit montre
particulièrement son faible. !1 trouve dans Zonaras un
irptMposos à Héraclée, puis un autre à Tyr; et admet gratuite-
ment que chaque province orientale avait de même un
irpcOpmc; né, pour ainsi dire. Cela méritait bien d'être démon-
tré, mais n'eùt pas même établi que l'Église latine possédât
ce genre de distinction perpétuelle.
4. « Quuin episcopus célébrât, utitur superhumerali ra-
tione decanatus quem gerit; quia decanus aliorum episco-
porum existit, id est Mctensis et Virdunensis... tn consecra-
tionibus episcoporutn sui decanatus, et etiam confirmationi-
bus, vices archiepiscopi gerit si archicpiscopus commode
non posset, vel absens esset, vel occupatus. "
On verra tout à l'heure que le P. Benoit finit par déclarer
un peu obscure l'origine de cette prérogative pour Toul.
5. Que tout le monde sache cela, c'est beaucoup dire.
Outre que Sidoine ne prétend pas faire du droit canon grec,
on sait plutôt que le Trp68?Mos était l'évêque dans sa propre
cathédrale ; parce que son siège dominait ceux de tout le
clergé, au milieu duquel il prenait place dans l'enedra. Voilà
donc une preuve qui n'a guère de poids dans l'espèce, mal-
gré son air d'antiquité.
6. Cf. A?MM?. 0. S. Æ., 1.1, p. 829. — Mélanges d'archéo-
logie (P" série), t. IV, p. 163 (S. Réole). — Etc.
7. D. Giorgi, De KtMrgt'a romani ponfi/îcM, t. I, p. 222-226,
128,148, 209. — Pertsch, De origine... paHii, p. 102, sq.; et
86. — Etc. — Mais il y a aussi le /ermai? des chapes épisco-
pales qui peut prétendre au même nom.
8. Cf. Giorgi, i. cit., p. 147, sqq. Ici perce une trace by-
zantine, quoique le mot usuel des Latins, panmZa, s'y rattache
sans doute avec le sens vague de couverture des épaules.
Cf. 11 Tim. iv, 13.
Si le (ou h'moMSiwe des anciens) s'est métarmor-
phosé en chape de prélature admettant tout le luxe imagi-
nable (queue traînante, étoffes précieuses, bijoux pectoraux),
une esciurina (comme disent les Espagnols) a bien pu devenir
objet de grand luxe à la longue, moyennant fantaisies de
tailleurs et brodeurs plus soucieux de coquetterie que d'ar-
chéologie. Après le pillage de Constantinople par les Latins
en 1204, Venise s'était fait adjuger les spencers (pardon de