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AtÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

donné les aspects et les coupes avec un soin tout particulier (p. 339). Quand ce serait un tra-
vail de bronzerie, on pourrait encore le rapprocher des plus élégants lampadophores trouvés
à Pompéi. Si l'on songe en outre que tout cela est exécuté en fer battu, il me semble qu'il est
permis d'y voir une petite merveille. Je ne me rends pas compte parfaitement de tout ce
que voulait faire deviner le dessin de mon ancien collaborateur, mais la sveltesse générale
du galbe et la vie qui s'y montre dans ces petits lézards s'élançant d'une cachette pour
égrener des grappes, a quelque chose d'élégant et de gai où le connaisseur et l'enfant même
trouveront un aspect réjouissant. Resterait encore l'appréciation des procédés dont il a fallu
se servir pour arriver à cette distinction de résultat; mais sur ce terrain je ne pourrais
guère m'avancer sans péril. Il faudrait être au courant de ce que pareil métal peut donner
sous le marteau, et des outils accessoires qui ont dû compléter cet aspect de ciselure à la fois
riche et sobre. La probité m'oblige de dire que je n'y connais à peu près rien; et cet aveu
vaut mieux assurément que des phrases louches qui pourraient faire sourire les gens du
métier, tout en faisant ouvrir de grands yeux aux innocents.
Avec tout ceci, redisons-le, je n'ai pas eu la moindre intention d'épuiser la matière ou de
faire supposer qu'elle fût encore intacte avant mes quelques pages. On voudra bien croire
que je n'ai pas tenu à me donner un ridicule si énorme. Malgré le peu de prétention que
j'affiche en fait d'arts, surtout lorsque la partie technique y occupe une grande place, je
n'ignore pas que MM. Albert Lenoir, Gailhabaud et plus d'un architecte français ont men-
tionné la ferronnerie du moyen âge en traitant les clôtures, candélabres et luminaires du
vieux temps; que l'Allemagne a publié des ouvrages importants sur ce curieux sujet; enfin
que la France produisit des travaux merveilleux en ce genre jusqu'à la Révolution de 1789,
qui, faite pour le tiers-état, disait-on, arrêta tout court nos plus belles industries durant
une douzaine d'années, pour le moins. Il a été fait bien des lamentations politico-écono-
miques sur les conséquences commerciales qu'aura entraînées pour notre patrie la révocation
de l'édit de Nantes en 1685, et je ne veux pas me prendre de querelle sur ce point avec
la statistique froide qui serait bien informée. Mais ne pourrait-on pas rédiger aussi quel-
ques mémoires un peu moins rétrospectifs, à propos de notre crise révolutionnaire dans
ses rapports avec les arts industriels en France? Je dis surtout arts confinant à la sculpture
et au dessin. Qui voudra traiter cette matière, je lui pourrais indiquer plusieurs voies d'in-
formation. Nul n'imaginera sans doute qu'une partie considérable de l'activité nationale
puisse être tout à coup suspendue chez vingt ou trente millions d'hommes brusquement
réduits en l'état de la iM/e donnai!?, et puis se réveiller un beau matin, après dix
ans et plus, comme si de rien n'était. Voyez, par exemple, ce que devint la plastique et
l'architecture française, depuis l'Assemblée nationale jusqu'à Charles X, inclusivement. Des
hommes se formaient sous la Restauration, qui s'étaient habitués aux arts de la paix et
ne se firent jour dans le monde que vers 4830: mais les grandes guerres en avaient sup-
primé ou détourné maint autre. Quant aux artistes secondaires, parfois d'une habileté rare,
leur tradition fut brisée presque irrémédiablement chez un peuple qui désapprenait la
splendeur des classes bien élevées de père en fils et jalouses de se tenir au niveau de leurs
ancêtres en héritant d'hôtels et châteaux princiers, où il leur fallait faire aussi certaine
figure sous peine de paraître déchoir.
Lorsqu'on retrouva chez nous quelque peu d'aise pour chercher le grand et beau luxe
antérieur à 4790, les procédés s'étaient perdus par la dispersion des ateliers et des maîtres
(souvent guillotinés ou traqués comme anti-jacobins, de quoi je ne m'étonnerais guère) ;
 
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