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VtTRAUX, SAIXTE MADELEIXE (PL. II ).
avec Dieu. Aussi se trouve-t-eHe souvent rapprochée de Marie l'Égyptienne, autre péche-
resse repentante. Nous havons montré à Bourg-es et cette ressemhtance a été poussée jus-
qu'à confondre parfois les deux lég^endes h Le vitrail de Bourg-es est mutilé par en has,
mais il paraît clair qu'on n'y avait presque rien admis de 1a lég^ende marseillaise. Tout s'y
horne aux renseigmements donnés par l'Evangdle. Le peintre-verrierd'Auxerre ne nous a
pas transmis son œuvre en entier; mais la verrière aurait du être démesurément haute si
les récits de l'Évangdle y avaient tenu g-rande place. Dans l'état où elle nous est parvenue,
la légmnde provençale ne se voit pas même intégTalement; une ou deux rangmes de mé-
daillons, à 1a base, indiquaient sans doute l'exil de 1a sainte chassée par les Juifs, et son
arrivée à Marseille L A partir de là, il SLifhra de 1a ^ pour expliquer toutes les
petites scènes; et nous 1a suivrons pas àpas, sans presque jamais avoir à nous en écarter.
La sainte. débarquée eiH France (dans 1a cité phocéenne, dont on nous fait un petit
royaume), se réfugde sous le portique d'un temple; et parle aux Marseillais pour les dis-
suader d'aller vénérer les faux dieux. On 1a voit dans une sorte de chaire ou de trihune oü
elle est accompagmée de sa sœur sainte Marthe, et probablement de saint Lazare. Geci est
1e sujet du premier médaihon à gmuche du spectateur, en commençant par le has.
Le roi et la reine de Marseille, qui n'avaient voidu ni recueillir les nouveaux arrivés, ni
écouter leurs prédications, voient apparaître Madeleine pendant Ia nuit ; et la sainte les me-
nace du courroux céleste s'ils ne viennent à résipiscence.
3^ médaillon d'en has. — Sur les avis de la sainte, 1e roi envoie chercher nos exilés, qui
sont invités à se rendre au palais. — Le roi de Marseille (puisquMn veut qu'il en soit ainsi)
hésite à se faire chrétien; et comme il n'a pas d'enfants, il veut avant tout qu'on Iui en oh-
tienne. La reine étant devenue enceinte, il se décide à visiter Bome pour voir saint Pierre; et
sa femme l'accompagme dans cette navig-ation.
Gomme une tempête éclate pendantle trajet, l'effroi de laprincesse hâte son terme; et
elle meurt après avoir mis au monde un hls. — On la dépose dans une île déserte, et près
d'elle est laissé l'enfant que l'on ne peut nourrir. Gependant 1e père se plaint à sainte Ma-
deleine, et recommande l'enfant avec sa mère au Dieu qu'on lui a prêché. — 3^ rang*ée de
médaillons : Le prince trouve à Rome saint Pierre, qui l'instruit; et nous (à partir de 1a
hase actuelle) le voyons de nouveau en mer potir reg*ag*ner son Etat(quelconque). — Arrivé
prèsde l'île oü il a laissé 1e corps de 1a reine, il s'y fait débarquer;et rencontim l'enfant qui
1e conduit à sa mère vivante. Sur quoi, tOLLte 1a famille revient à Marseille.
1. VîDYmæ & RoMrges, pi. XI; et §§ 151-158 (,p. 245-
250).
2. M. l'abbé Faillon s'en est bien aperçu dans son grand
onvrage intitulé AfoMMmeiRs médRs sw Capos^oàt? de sahhe
narle-#adeJewe eM Frooe^ce, etc. (Paris, 1848). Mais je ne
puis m'cmpècher de faire observer qu'il y malmène assez
brusquement lcs BoIIandistes (comme sectateurs, dit-il, de
Launoy), tandis qu'il semble recommander la critique de
Xocl Alexandre! L'alfaire du moment s'en trouve bien, sans
doute; maisun lecteur qui visera plus loin pourrait ètre
quelque peu fourvoyé par ce jugement sommaire. Saura-t-il
discerner que 1e docte dominicain ëtait cette fois pour 1a
Icgende provençale, parce que Ics FF. Prèchcurs monlraicnt
à Saint-Maximin des rehques importantes de 1a Madeleine?
Fn tout autre cas, Noi'd Alexandre est bien plus systcmati-
quement hostile aux traditions populaircs que ne 1e furent
jamais aucuns jcsuites d'Auvers ou de Bruxelies. En sem-
blables occasions, et pour 1e besoin de 1a cause qu'on pa-
tronne, plus d'un auteur récent ne se fait pas faute de traiter
fort cavalièrement aussi des savants tels que 1e P. Sirmond
et qualiher maussadement pareils hommes est plus facile
qne de les remplacer. Biscutons, à 1a bonne heure, et repre-
nons sous œuvre les travaux de nos devanciers les plus
habiles quand nws trouvons des preuves qu'ils n'avaient
pas aperçues ; mais n'allons pas nous donner l'air de
croirc qu'on les culbute tous d'un coup de plurne. Nous n'at-
teignons guère 1a hanche de ces gens-là, qu'en nous haus-
sant sur leurs livres dont nous ne ferons pas 1a monnaie. Si 1e
honllomère peut dormir parfois, n'arrive-t-il jamais auxmo-
dernes de rêver, mème avec les plus grands airs d'assurance?
Ci'. Rcuue àrRnmhyMe, juillet 1852, p. 206, svv.
3. Cf. Cnrac?en.'sR'qMes des NuDRs dems Car^ popM/cnre,
p. 783, sv.
4. MMf., cap. xcvi.
VtTRAUX, SAIXTE MADELEIXE (PL. II ).
avec Dieu. Aussi se trouve-t-eHe souvent rapprochée de Marie l'Égyptienne, autre péche-
resse repentante. Nous havons montré à Bourg-es et cette ressemhtance a été poussée jus-
qu'à confondre parfois les deux lég^endes h Le vitrail de Bourg-es est mutilé par en has,
mais il paraît clair qu'on n'y avait presque rien admis de 1a lég^ende marseillaise. Tout s'y
horne aux renseigmements donnés par l'Evangdle. Le peintre-verrierd'Auxerre ne nous a
pas transmis son œuvre en entier; mais la verrière aurait du être démesurément haute si
les récits de l'Évangdle y avaient tenu g-rande place. Dans l'état où elle nous est parvenue,
la légmnde provençale ne se voit pas même intégTalement; une ou deux rangmes de mé-
daillons, à 1a base, indiquaient sans doute l'exil de 1a sainte chassée par les Juifs, et son
arrivée à Marseille L A partir de là, il SLifhra de 1a ^ pour expliquer toutes les
petites scènes; et nous 1a suivrons pas àpas, sans presque jamais avoir à nous en écarter.
La sainte. débarquée eiH France (dans 1a cité phocéenne, dont on nous fait un petit
royaume), se réfugde sous le portique d'un temple; et parle aux Marseillais pour les dis-
suader d'aller vénérer les faux dieux. On 1a voit dans une sorte de chaire ou de trihune oü
elle est accompagmée de sa sœur sainte Marthe, et probablement de saint Lazare. Geci est
1e sujet du premier médaihon à gmuche du spectateur, en commençant par le has.
Le roi et la reine de Marseille, qui n'avaient voidu ni recueillir les nouveaux arrivés, ni
écouter leurs prédications, voient apparaître Madeleine pendant Ia nuit ; et la sainte les me-
nace du courroux céleste s'ils ne viennent à résipiscence.
3^ médaillon d'en has. — Sur les avis de la sainte, 1e roi envoie chercher nos exilés, qui
sont invités à se rendre au palais. — Le roi de Marseille (puisquMn veut qu'il en soit ainsi)
hésite à se faire chrétien; et comme il n'a pas d'enfants, il veut avant tout qu'on Iui en oh-
tienne. La reine étant devenue enceinte, il se décide à visiter Bome pour voir saint Pierre; et
sa femme l'accompagme dans cette navig-ation.
Gomme une tempête éclate pendantle trajet, l'effroi de laprincesse hâte son terme; et
elle meurt après avoir mis au monde un hls. — On la dépose dans une île déserte, et près
d'elle est laissé l'enfant que l'on ne peut nourrir. Gependant 1e père se plaint à sainte Ma-
deleine, et recommande l'enfant avec sa mère au Dieu qu'on lui a prêché. — 3^ rang*ée de
médaillons : Le prince trouve à Rome saint Pierre, qui l'instruit; et nous (à partir de 1a
hase actuelle) le voyons de nouveau en mer potir reg*ag*ner son Etat(quelconque). — Arrivé
prèsde l'île oü il a laissé 1e corps de 1a reine, il s'y fait débarquer;et rencontim l'enfant qui
1e conduit à sa mère vivante. Sur quoi, tOLLte 1a famille revient à Marseille.
1. VîDYmæ & RoMrges, pi. XI; et §§ 151-158 (,p. 245-
250).
2. M. l'abbé Faillon s'en est bien aperçu dans son grand
onvrage intitulé AfoMMmeiRs médRs sw Capos^oàt? de sahhe
narle-#adeJewe eM Frooe^ce, etc. (Paris, 1848). Mais je ne
puis m'cmpècher de faire observer qu'il y malmène assez
brusquement lcs BoIIandistes (comme sectateurs, dit-il, de
Launoy), tandis qu'il semble recommander la critique de
Xocl Alexandre! L'alfaire du moment s'en trouve bien, sans
doute; maisun lecteur qui visera plus loin pourrait ètre
quelque peu fourvoyé par ce jugement sommaire. Saura-t-il
discerner que 1e docte dominicain ëtait cette fois pour 1a
Icgende provençale, parce que Ics FF. Prèchcurs monlraicnt
à Saint-Maximin des rehques importantes de 1a Madeleine?
Fn tout autre cas, Noi'd Alexandre est bien plus systcmati-
quement hostile aux traditions populaircs que ne 1e furent
jamais aucuns jcsuites d'Auvers ou de Bruxelies. En sem-
blables occasions, et pour 1e besoin de 1a cause qu'on pa-
tronne, plus d'un auteur récent ne se fait pas faute de traiter
fort cavalièrement aussi des savants tels que 1e P. Sirmond
et qualiher maussadement pareils hommes est plus facile
qne de les remplacer. Biscutons, à 1a bonne heure, et repre-
nons sous œuvre les travaux de nos devanciers les plus
habiles quand nws trouvons des preuves qu'ils n'avaient
pas aperçues ; mais n'allons pas nous donner l'air de
croirc qu'on les culbute tous d'un coup de plurne. Nous n'at-
teignons guère 1a hanche de ces gens-là, qu'en nous haus-
sant sur leurs livres dont nous ne ferons pas 1a monnaie. Si 1e
honllomère peut dormir parfois, n'arrive-t-il jamais auxmo-
dernes de rêver, mème avec les plus grands airs d'assurance?
Ci'. Rcuue àrRnmhyMe, juillet 1852, p. 206, svv.
3. Cf. Cnrac?en.'sR'qMes des NuDRs dems Car^ popM/cnre,
p. 783, sv.
4. MMf., cap. xcvi.