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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 3,4): Nouveaux mélanges ... sur l'moyen âge. Bibliothèques — Paris, 1877

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https://doi.org/10.11588/diglit.33623#0089
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BIBLIOTHÈQUES DU MOYEN AGE.

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prêtre, unique dépositaire de la science quelconque d'alors, seul initié à la connaisance des
livres, n'était et ne pouvait guère être un salarié dont on fit un copiste à gages. L'unique
moyen d'attacher l'élite de nos sociétés à l'œuvre pénible de la transcription, était l'amour
de Dieu, l'obéissance à une règle. Le zèle le pins opiniâtre y eût échoué sans cette noble con-
trainte morale, qu'imposaient à l'homme de communauté des institutions revêtues d'un
caractère sacré'. Aussi le clergé non régulier était-il inhabile à ce grand œuvre; et c'est
ce qui nous explique pourquoi un évêque du vin° siècle* se plaint de la difficulté de trouver
des copistes.

a transcription n'était pas le seul embarras ; c'eût été un maigre service que de nous
donner les anciens livres, si l'on n'eùt pris soin de nous les transmettre dans un état
de correction qui permît d'y reconnaître l'ouvrage des premiers auteurs. 11 fallait
corriger les textes sur les meilleurs exemplaires, et c'était là particulièrement ce que
des mains vulgaires n'eussent pu réaliser b Même parmi les ecclésiastiques, ce
soin n'était pas abandonné au premier venu, ni fait avec autant de lé-
gèreté que voudraient nous le donner à croire certains auteurs. Le prêtre
espagnol Vincent ', qui transcrivit (ou du moins termina) en caractères
coutlques la collection de canons citée par Gasiri \ déclare avoir col-
lationné cette compilation sur plusieurs manuscrits. Nous retrouve-
rons, chemin faisant, plus d'un exemple de cette attention à discuter
la pureté des textes. Je n'en rapporte cette fois qu'un petit nombre,
et uniquement pour ne point affirmer ce fait aussi gratuitement que
d'autres l'ont nié à diverses reprises.
La bibliothèque de Mici (depuis, Saint-Mesmin), près d'Qrléans, possédait au vi° siècle
des livres historiques qu'un des plus anciens religieux avait pris soin de corriger et de met-
tre en ordre b Ce fut Alcuin que Charlemagne chargea de collationner le texte de la Bible ;
ici, toutefois, on comprend qu'il s'agissait d'un travail tout autrement important que celui


1. L'existence de cette règle dans les communautés sera
prouvée ailleurs; il ne s'agit ici que de montrer l'impossi-
bilité d'imaginer ce genre d'occupation constamment suivie
et efficace, hors d'un tel ordre de choses. Trois éléments
étaient nécessaires : la capacité, la volonté, mais surtout
la persévérance constante de l'une et de l'autre ; or, ces
trois choses ne pouvaient absolument pas exister hors des
communautés religieuses, c'est ce qui doit sauter aux yeux.
Hcercn en avait été frappé, et le fait remarquer presque à
son insu (GescA. de?- B?Me?-atM?-... 1, 49, 65; II, 7, etc.),
tout en y mêlant le tribut obligé d'amertume luthérienne
contre l'état monastique.
2. T?R. episf. S. Æowf/ucM, 99.
3. Dès le temps de l'empire romain, des personnages
distingués s'étaient appliqués à ce travail. On connaît le
Virgile de Florence et le Dioscoride, revus par le consulaire
Rulinus Apronianus (en 494). Cf. Fabric., BUHoM. Mw.,
ed. ÆmesM, t. 1, p. 368. — Heyne, Recens. codlc. Vw-yiR?.
_Heeren., op. c?L, c. I, 56. Le rhéteurSecurus MeliorFelix
(vi° siècle) prit sur lui la recension de Marcianus Capella.
Cf. Heeren, L c. —Fabric., op. c., t. 1H, p. 216.—Arevalo,
Dî Prudent., p. 844 (t. 11); îw SedaL, p. 87, sq., et 107, sq.
— L. Delisle (Biblioth. de l'École des Chartres, vi° série,
t, 111), sur Vettius Agorius Basilius Mavortius. — Zacca-

ria, Sfot'M polemlca deMe p?-o?'MzM?M de? K5?d, p. 50, sg. —
Zorn, HMor. MM- plchw-MM, p. 42 (not. 8, 9). — Venant.
Fortunat., Ad Paierw. (Opp., P. I, libr. IM, c. xxxn), ed.
Luchi, p. 114. — G. B. de Rossi, RuMelMno dî ai-cAeofogda
erMlMwa, 1863, p. 62; et 65, sgg.— Flor. Ad HRdrnd. (ap.
HM, CoMecl. Vatican., t, 111, P. Il, p. 252). — Steph. Bor-
gia, RecfMce VeKferwa, p. clxxxij, sq.
Les auteurs du iYoMveaM Traité de dlplomaligMe font re-
marquer (t. 111, p. si, sv.) qu'au vn° siècle on commence
à négliger la révision des livres; par suite de quoi, solé-
cismes et fautes d'orthographe abondent dans les mss. de
cette époque. Saint Ouen (A-olog. ad vltam S. -BHgaT; ap.
D'Achery, Sptctleg., t. V), prévoyant tristement qu'on mal-
mènera son texte, avertit le lecteur de se tenir en garde
contre les copistes infidèles. Cependant, et cela mé-
rite quelque considération, il laisse entendre que les livres
classiques ou profanes n'étaient pas les plus négligés. La
pire condition était celle des ouvrages ascétiques. Cela
scandalisera-t-il M. Libri et consorts?
4. Ap. Laserna, Præ/?d. w... coHecMo?:em cnwoMMm eccle-
s?'æ Mspa??æ; ÆrMæelKs, an. Ytn.
5. Casiri, RiMlofA. araMco-MspaHa... t. I, p. 541; ap.
Laserna, op. e.
6. Petit-Radel, BiMMdTtëgMes, p. 46.
 
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