LES PREMIERS MONUMENTS PHARAONIQUES 53
Au niveau daté par ces monuments, les explorateurs ont découvert
à Hiérakonpolis et à Abydos de grandes quantités de fragments en
ivoire; le témoignage des inscriptions gravées sur quelques-uns per-
mettait d’affirmer que tout l’ensemble appartenait bien aux pre-
mières dynastiesx. Ces ivoires, malheureusement très mutilés, révèlent
l’existence de figurines d’hommes ou d’animaux, d’un travail achevé.
Il suffira d’en citer quelques exemples. Un fragment du Musée d’Ox-
ford a conservé la partie supérieure d’un corps de femme dont les
grandes mèches ondulées recouvrent les épaules; malgré ses mutila-
tions, il montre une exécution parfaite 2. On voit que le ciseau du
sculpteur a étudié de près les formes du crâne, et a réussi à rendre les
traits d’une manière fort expressive. Les yeux, qui étaient en une
autre matière, ont malheureusement disparu, laissant deux trous béants
au milieu de la face. Que l’on compare encore une minuscule image de
quelques centimètres de hauteur conservée au British Muséum : c’est
un roi de la Haute-Égypte vêtu d’un grand manteau brodé 3. Les
injures du temps ont altéré la surface de l’ivoire, mais pas assez cepen-
dant pour empêcher de discerner toute la délicatesse du travail et le
réalisme intense qui le caractérisent.
On n’a pas déterminé d’une manière certaine quel a été le rôle de ces
figurines qui, après tout, ont pu être des ex-voto dans les temples ou
des images funéraires destinées au tombeau. Nous savons, au con-
traire, à quoi servaient les représentations de chiens, de lions, de bon-
nes qui ont été retrouvées à plusieurs reprises dans les sépultures 4.
Ce sont des pièces de jeux : il suffit, pour s’en convaincre, de comparer
le hon et le chien du tombeau royal de Négada5 avec la peinture d'une
boîte à jeux du tombeau de Hesi à Saqqara (commencement de la
IIIe dynastie) 8. Ces figurines témoignent toutes d’une grande habileté
à saisir les formes caractéristiques des animaux.
Ces mêmes tombeaux contenaient des fragments de meubles L Ceux-
ci vont nous donner un exemple tout à fait frappant de la stylisation
d’un objet d’usage, réussie dès les premières dynasties, si parfait e-
1. Capart, J., les Débuts de l’Art en Égypte. Bruxelles, i9°4> fig- I2°-
2. Id., ibid., fig. 120, n° 3; les Origines de la Civilisation égyptienne. Bruxelles, 1914,
pl. IV, n° 2.
3. Id., les Débuts de l’Art en Égypte. Bruxelles, 1904, fig. 112.
4. Id., ibid., Bruxelles, 1904, fig. 128, 130. . .
5. de Morgan, J., Recherches sur les Origines de l’Égypte. Ethnographie primitive et
tombeau royal de Négadah. Paris, 1897, fig. 698 et 699, p. I92- .
6. Quibell, J.-E., the Tomb of Hesy (Excavations at Saqqara 1911-12). Ee Caire,
1913, pl. XI.
7. Capart, J., les Débuts de l’Art en Égypte. Bruxelles, 1904, fig. 97-
Au niveau daté par ces monuments, les explorateurs ont découvert
à Hiérakonpolis et à Abydos de grandes quantités de fragments en
ivoire; le témoignage des inscriptions gravées sur quelques-uns per-
mettait d’affirmer que tout l’ensemble appartenait bien aux pre-
mières dynastiesx. Ces ivoires, malheureusement très mutilés, révèlent
l’existence de figurines d’hommes ou d’animaux, d’un travail achevé.
Il suffira d’en citer quelques exemples. Un fragment du Musée d’Ox-
ford a conservé la partie supérieure d’un corps de femme dont les
grandes mèches ondulées recouvrent les épaules; malgré ses mutila-
tions, il montre une exécution parfaite 2. On voit que le ciseau du
sculpteur a étudié de près les formes du crâne, et a réussi à rendre les
traits d’une manière fort expressive. Les yeux, qui étaient en une
autre matière, ont malheureusement disparu, laissant deux trous béants
au milieu de la face. Que l’on compare encore une minuscule image de
quelques centimètres de hauteur conservée au British Muséum : c’est
un roi de la Haute-Égypte vêtu d’un grand manteau brodé 3. Les
injures du temps ont altéré la surface de l’ivoire, mais pas assez cepen-
dant pour empêcher de discerner toute la délicatesse du travail et le
réalisme intense qui le caractérisent.
On n’a pas déterminé d’une manière certaine quel a été le rôle de ces
figurines qui, après tout, ont pu être des ex-voto dans les temples ou
des images funéraires destinées au tombeau. Nous savons, au con-
traire, à quoi servaient les représentations de chiens, de lions, de bon-
nes qui ont été retrouvées à plusieurs reprises dans les sépultures 4.
Ce sont des pièces de jeux : il suffit, pour s’en convaincre, de comparer
le hon et le chien du tombeau royal de Négada5 avec la peinture d'une
boîte à jeux du tombeau de Hesi à Saqqara (commencement de la
IIIe dynastie) 8. Ces figurines témoignent toutes d’une grande habileté
à saisir les formes caractéristiques des animaux.
Ces mêmes tombeaux contenaient des fragments de meubles L Ceux-
ci vont nous donner un exemple tout à fait frappant de la stylisation
d’un objet d’usage, réussie dès les premières dynasties, si parfait e-
1. Capart, J., les Débuts de l’Art en Égypte. Bruxelles, i9°4> fig- I2°-
2. Id., ibid., fig. 120, n° 3; les Origines de la Civilisation égyptienne. Bruxelles, 1914,
pl. IV, n° 2.
3. Id., les Débuts de l’Art en Égypte. Bruxelles, 1904, fig. 112.
4. Id., ibid., Bruxelles, 1904, fig. 128, 130. . .
5. de Morgan, J., Recherches sur les Origines de l’Égypte. Ethnographie primitive et
tombeau royal de Négadah. Paris, 1897, fig. 698 et 699, p. I92- .
6. Quibell, J.-E., the Tomb of Hesy (Excavations at Saqqara 1911-12). Ee Caire,
1913, pl. XI.
7. Capart, J., les Débuts de l’Art en Égypte. Bruxelles, 1904, fig. 97-