LE PILIER ET LA COLONNE
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tion élégante, faisant songer, peut-être plus encore que pour le pilier
de Béni-Hasan, à l’architecture grecque. On sait, en effet, que Cham-
pollion, suivi par d’autres archéologues, a donné aux piliers de Béni-
Hasan le nom de « protodoriques » 1. Sans vouloir entrer ici dans la
discussion de savoir si oui ou non l’architecture grecque doit quelque
chose à l’égyptienne, il suffira de constater que les architectes du
Moyen et du Nouvel Empire avaient employé un élément architectural
qui suggère immédiatement à l’esprit la comparaison avec les formes
de l’art classique. Les premiers colons grecs qui pénétrèrent en Égypte
ont pu voir ces monuments. Cette connaissance a-t-elle favorisé en
quelque chose Je développement de l’architecture dorique? Il serait
aussi hardi de l’affirmer que de vouloir le nier catégoriquement2. On
peut parfaitement admettre que le pilier polygonal s’est développé
d’une manière indépendante, mais analogue, dans la vallée du Nil et
sur le sol grec.
Les piliers du portique d’Anubis, à Deir-el-Bahari, sont posés sur
une base circulaire; ils se terminent à la partie supérieure!par une
abaque réservée dans le bloc primitif d’où est issu le pilier à seize pans.
La surface des quatre faces orientées du pilier sont au même niveau que
la face de l’abaque. En d’autres termes, le polygone à seize pans est
exactement inscrit dans le carré de l’abaque.
Au temple de Séti Ier, à Abydos, à la troisième rangée de colonnes
de la seconde salle hypostyle, nous nous trouvons en présence d’un
nouveau développement assez singulier 3. Le pilier polygonal, avec
ses quatre faces orientées, absolument planes, s’est transformé néan-
moins en une espèce de pilier rond, si l’on peut hasarder cette expres-
sion. En effet, entre les quatre faces orientées, là où nous devrions
trouver un certain nombre de facettes, toutes les saillies ont été obli-
térées de manière à constituer une surface lisse sur laquelle s’étalent
de fins reliefs. Ceux-ci sont interrompus quatre fois par une longue
ligne d’inscriptions, qui descend du haut en bas sur les surfaces planes
qui sont, avec l’abaque, le dernier reste du pilier primitif.
Dans tous les exemples que nous avons examinés jusqu’à présent,
1. Champollion le Jeune, Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.
Édition H. Hartleben, dans la Bibliothèque égyptologique, t. XXXIX. Paris, 1909,
p. 131 et pl. IV.
2. Breasted, J.-H., the Origins of Civilization, dans the Scientific Monthly, t. X, 1920,
p. 253, n’hésite pas à considérer la diffusion des formes architecturales égyptiennes en
Europe comme un fait probant.
3. Caulfeild, A.-St.-G., the Temple of the Kings at Abydos. Londres, 1902, pl. XI;
Capart, J., le Temple de Séti IeT. Bruxelles, 1912, pl. VII; Architecture, pl. 126.
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tion élégante, faisant songer, peut-être plus encore que pour le pilier
de Béni-Hasan, à l’architecture grecque. On sait, en effet, que Cham-
pollion, suivi par d’autres archéologues, a donné aux piliers de Béni-
Hasan le nom de « protodoriques » 1. Sans vouloir entrer ici dans la
discussion de savoir si oui ou non l’architecture grecque doit quelque
chose à l’égyptienne, il suffira de constater que les architectes du
Moyen et du Nouvel Empire avaient employé un élément architectural
qui suggère immédiatement à l’esprit la comparaison avec les formes
de l’art classique. Les premiers colons grecs qui pénétrèrent en Égypte
ont pu voir ces monuments. Cette connaissance a-t-elle favorisé en
quelque chose Je développement de l’architecture dorique? Il serait
aussi hardi de l’affirmer que de vouloir le nier catégoriquement2. On
peut parfaitement admettre que le pilier polygonal s’est développé
d’une manière indépendante, mais analogue, dans la vallée du Nil et
sur le sol grec.
Les piliers du portique d’Anubis, à Deir-el-Bahari, sont posés sur
une base circulaire; ils se terminent à la partie supérieure!par une
abaque réservée dans le bloc primitif d’où est issu le pilier à seize pans.
La surface des quatre faces orientées du pilier sont au même niveau que
la face de l’abaque. En d’autres termes, le polygone à seize pans est
exactement inscrit dans le carré de l’abaque.
Au temple de Séti Ier, à Abydos, à la troisième rangée de colonnes
de la seconde salle hypostyle, nous nous trouvons en présence d’un
nouveau développement assez singulier 3. Le pilier polygonal, avec
ses quatre faces orientées, absolument planes, s’est transformé néan-
moins en une espèce de pilier rond, si l’on peut hasarder cette expres-
sion. En effet, entre les quatre faces orientées, là où nous devrions
trouver un certain nombre de facettes, toutes les saillies ont été obli-
térées de manière à constituer une surface lisse sur laquelle s’étalent
de fins reliefs. Ceux-ci sont interrompus quatre fois par une longue
ligne d’inscriptions, qui descend du haut en bas sur les surfaces planes
qui sont, avec l’abaque, le dernier reste du pilier primitif.
Dans tous les exemples que nous avons examinés jusqu’à présent,
1. Champollion le Jeune, Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.
Édition H. Hartleben, dans la Bibliothèque égyptologique, t. XXXIX. Paris, 1909,
p. 131 et pl. IV.
2. Breasted, J.-H., the Origins of Civilization, dans the Scientific Monthly, t. X, 1920,
p. 253, n’hésite pas à considérer la diffusion des formes architecturales égyptiennes en
Europe comme un fait probant.
3. Caulfeild, A.-St.-G., the Temple of the Kings at Abydos. Londres, 1902, pl. XI;
Capart, J., le Temple de Séti IeT. Bruxelles, 1912, pl. VII; Architecture, pl. 126.