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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1830 (Nr. 1-9)

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https://doi.org/10.11588/diglit.13563#0006
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il IfAXllU A X U .

1 . _

PROSPECTUS.

En France, comme en Angleterre , la caricature est devenue un pou-
voir. Mais autant nos voisins sont froids et allégoriques dans leurs com-
positions, autant nous sommes francs dans nos attaques et clairs dans nos
allusions. Notre dernièayjévOlution a prouvé toute l’importance du crayon
de nos (lcssinaleurwt&flfene réveillait pas moins les souvenirs de notre
liberté, par ses labR^^BueBéranger, par ses chansons. Henri Monnier
stigmatisait avecftauffi|9fcs ridicules du gouvernement déchu. Un ar-
tiste courageux a peut-mre avancé d’un jour notre triomphe en publiant
le buste d’un jésuite. Aussi, depuis 1789, la caricature a été un be-
soin pour notre pays. Elle yest éminemment populaire; et si, jusqu’à pré-
sent, elle 11e s’est pas rendue périodique, comme la pensée ou comme la
plaisanterie, c’est que le prix de la gravure interdisait cette spéculation.
Ce n’étaient pas les rieurs qui manquaient aux estampes, mais les es-
tampes aux rieurs. Aujourd’hui les procédés de la lithographie ont per-
mis de rendre presque vulgaire cette jouissance exquise que les Parisiens
seuls pouvaient renouveler tous les jours dans les rues, ou çà et là sur les
boulevards. L’affluence et la joie des amateurs qui fréquentent ces musées
en plein vent ont constaté d’avance le succès d’un Journal qui aurait pour
but de faire participer la province à ces saillies d’atelier qui causent de
si vifs plaisirs, à ce langage éphémère que créent les railleries de l’op-
position. Etre instruit de tout, être à la hauteur de son siècle, disent les
écrivains doctrinaires, devient une nécessité. Le succès du Figaro a
été fondé sur la légitime curiosité qu’avaient les départemens d’assister
aux moindres détails de la lutte établie entre le pouvoir et les frondeurs.
L’opposition des artistes, ayant quelque chose de plus incisif que la plai-
santerie écrite, puisqu’elle parle tout à la fois aux yeux et à l’esprit, ne
doit pas obtenir une moindre approbation. D’aiileurs, il se joint aux
considérations d’intérêt personnel que chacun trouve dans l’abonnement
à un journal, une intention généreuse qui, en France, peut, plus qu’en
tout autre pays, être entendue et adoptée.

En soutenant notre entreprise, les abonnés s’associeront à une œuvre
nationale. En effet, aujourd’hui, les arts n’ont que très-peu de salaire à
attendre du pouvoir. Le peuple sait, seul, solder les artistes avec magnifi-
cence. En Angleterre, une idée heureusb, une juste satire sont accueillies
par tout le monde; et la plus faible somme, mille fois donnée, y récom-
pense largement l’artiste ou l’industriel. Ainsi, favoriser notre Journal,
c’est, en quelque sorte, nationalement rémunérer des artistes qui rece-
vront avec d’autant plus de plaisir le prix de leurs travaux qu’ils resteront
indépendans, n’auront point à rougir, et pourront connaître sans flat-
terie la mesure de leur talent. Ces observations disent énergiquement
que nous n’offrirons pas ces dessins énigmatiques dont l’auteur seul a le
mot, ou de détestables productions qui souvent convertissent en dégoût
un plaisir attendu. La position des éditeurs et leurs arrangemens avec
la maison qui, la première, a compris la nécessité de créer un magasin
de caricatures et de lithographies, permettent de choisir pour ce Journal
l’élite des idées si puissantes et si originales des Victor Adam, Bellangé ,
Charlet, Decamp, Grandvilie, Grenier, Henri Monnier, Pigal, etc.

Cette promesse, presque toujours illusoire dans un prospectus, sera
sévèrement tenue, parce que les"éditeurs ont conçu la bonne foi comme
le seul moyen d’obtenir aujourd’hui quelque succès.

Le texte, joint au Journal, sera fidèle au titre, quelque difficile que cela
puisse paraître. N’est-ce pas une idée heureuse que d’avoir deviné qu’il
y avait à Paris une littérature spéciale dont les créations pouvaient corres-
pondre aux folies de nos dessinateurs? La charge, car nous nous permet-
trons ici ce mot technique des ateliers, la charge que Charles Nodier a
faite des divers styles dans ses Questions de littérature légale ; les Contes
Fantastiques par lesquels Hoffmann s’est moqué de certaines idées;
les peintures de mœurs parisiennes, arabesques délicates dont les jour-
naux sont souvent ornés, nous ont suggéré de réunir des caricatures
écrites à des caricatures lithographiées. Ainsi, laplupieet le crayon n’é-
pargneront ni les jeunes antiquités de nos théâtres, ni les acteurs, ni les
médiocrités. Le théâtre politique , les niaiseries de nos hommes d’état,
les ridicules de nos mœurs, les systèmes littéraires dont nous raffolons ,
tout enfin, passera seusle louet élégant d’une satire de bonne compagnie.

Ainsi, en peu de temps, nos abonnés posséderont une histoire vive ,
parlante, colorée, de nos mœurs et de notre politique. Cent quatre
planches, payées quarante-six francs par an, deviendront presque
un luxe. Qui n’a pas souvent envié ce privilège, en apparence réservé
aux gens riches, de combattre l’ennui chez certaines personnes en leur
apportant un album fécond en dessins, qui attire le rire sur des lèvres sé-
rieuses, et fait passer plus d’une heure de gaîté? Piessource de plus d’un
campagnard, amusement de la ville, satire politique, parodie litté-

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raire, toujours frondeuse, la Caricature n’a donc pas à créer des
lecteurs et des consommateurs, elle les trouve tout faits et bienveillans.

division ou Texte.

Chaque numéro contiendra un article intitulé : Caricatures morales,
religieuses, politiques, littéraires , scéniques, etc.

Sous cette rubrique, nous entreprendrons de faire la satire des ridi-
cules généraux, quand les hommes qui les auront mis à la mode com-
menceront à s’en moquer.

Un second article sera destiné, sous le titre de Caprices ou Fantaisies,
à recueillir les débauches d’imagination qui échappent à nos meilleurs
écrivains dont les folies sont quelquefois plus remarquables que leurs
ouvrages sérieux.

Sous le nom de Croquis nous tâcherons d’offrir des scènes vraies ,
gracieuses, ou satiriques et piquantes, qui peindront les mœurs modernes.

Quant à l’article Charges, le modèle que nous en donnons dans ce
prospectus explique assez notre pensée : c’est un hommage rendu à
celte littérature bouffonne et souvent profonde dont les Scènes populaires
de Henri Monnier peuvent donner une idée.

CARICATURES

MORALES, RELIGIEUSES, POLITIQUES, LITTÉRAIRES, SCÉNIQUES, etc.

( Le Ministre. )

C’était un petit homme , — autrement il n’aurait pas été nommé
ministre. En entrant, je ne le vis pas, car il semblait enterré dans son
fauteuil par les paperasses qui se trouvaient sur le bureau.

— Que de monde pense à cet homme ! me dis-je , tandis qu’il ne pense
à personne — qu’à lui...

Et je voyais s’agiter un monde d’employés —aux ponts-et-chaussées,
aux beaux-arts, dans les communes, — dans l’imprimerie, — dans les
préfectures et sous-préfectures... partout. — Quel homme ferme et puis-
sant ne faut-il pas pour résister à celte avalanche d’intérêts et de sollici-
teurs, pour penser aux institutions de la France, pour répondre aux
chambres, etc... Ainsi pensais-je!

En ce moment, le ministre se leva, et un homme gros et fort, haut
en couleur, vêtu de noir, à figure large, décoré de plusieurs ordres ,

lui dit : — Mais songez donc, monsieur, que vous allez à l’anarchie.

qu’il s’agit de reconquérir quelque puissance afin de rendre un peu plus
respectable la prérogative royale! — Vous avez assez fait pour la popu-
lace. La Quoditienne et la Gazette sont vos amies... la grande pro-
priété est effrayée. Elle est contre vous!... vous allez périr.

Le ministre hocha la tête comme s’il disait : — Cela est vrai... nous
avons*commis de grandes fautes.

Un grand homme sec le fit tourner sur lui-même, et lui dit d’une
voix brève et impérative :

— Ah ça ! vous allez vous faire renverser par les sociétés populaires...
Si vous les heurtez... guerre civile !... Car elles sont affiliées à tous les dé-
parlemens et recrutent toutes les ambitions jeunes et vives.... Il faut les
autoriser, ces sociétés, — et lâcher que tout le monde en soit! Donnez à
la révolution tous ses dévcloppemens, — satisfaites largement aux néces-
sités de l’époque , fondez un gouvernement à bon marché, sans quoi vous
périrez!...

Le ministse regarda d’un air embarrassé ce grand gaillard-là qui avait
une mine de solliciteur, le ventre creux et un habit râpé. — C’était un
vainqueur de juillet.

— Que diable, écoutez-vous donc là, mon cher, ce sont des sornet-
tes... Tout est résolu. La politique repose maintenant sur les déductions
les plus sévères, et les plus logiques!... s’écria un petit homme d’une
voix claire, en ramenant sur son front quelques cheveux rares.

— Il faut consolider, reprit-il. Frappez-inoi sur les mutins, sur les
ouvriers. — La garde nationale vous secondera, la chambre aussi, —
Nous avons la liberté.—Nous avons mis tous les gens de talent en place...
— Maintenant, il faut de l’ordre — et delà conservation. — Si vous ne
tendez pas au maintien de ce qui est, — il n’y aura pas de stabilité, et—
vous périrez par le mouvement.

Le ministre regarda fixement le globiste qui lui parlait, et dit : — C’est
assez ralionuei.

— A quoi vous arrêtez-vous ! s’écria un homme qui avait l’air d’un
canonnier de la garde nationale , il faut vous débarrasser de tous les mé-
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