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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1830 (Nr. 1-9)

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LA CARICATURE. ____ 4

contens ! Eo secourant la Belgique vous aurez des places à prendre et à
donner : c’est en entreprenant une bonne guerre que vous pourrez avoir
la paix au dedans et—vous marcherez... Sans quoi, vous allez périr.

— Oh !... dit le ministre.

Ces quatre gens-là prirent le pauvre petit homme tour à tour, et le
secouèrent si fort, que le premier lui arracha un volume de ses Cours;
le second, le portefeuille; le troisième, une manche d’habit; et le dernier,
sa popularité; car il lui prit une lettre écrite à un député, lequel devait,
à propos d’une pétition sur les sangsues, parler de l’état de la France.

_Gouvernez donc! s’écria le ministre décoiffé pendant la lutte.

— M. le ministre est servi... dit un laquais.

— Messieurs, passons à table...

— Vous avez dit là un grand mot!., m’écriais-je.

Alors il m’aperçut.

— Monsieur vient peut-être pour une sous-préfecture?....

—Non .monsieur, mais— pour vous sauver comme ces quatre messieurs.

Alfred ConniiKUX.

FANTAISIES.

( Une vue du grand monde. )

\

..Mamémoire est assez ordinairement fidèle, et je crois que c’étaient

les coupons de la rente d’Espagne qui servaient à solder la fête. — Le
banquier de l’absolutisme voulait donner une preuve de sa puissance
financière; et, pour honorer l’argentier d’un monarque-modèle, quelques
personnes du faubourg Saint-Germain avaient la condescendance de
venir à ce raout d’or et d’argent, soit dans l’intention d’écraser le
monde de piastres, sous un — de ; soit pour faire pâlir les riches toi-
lettes de la Chaussée-d’Antin devant la modestie affectée d’une robe
en mousseline portée avec une grâce inimitable; soit encore pour ré-
compenser les efforts de l’amphytrion par une épigramme, les dé-
précier par un compliment, ou pour dire à l’oreille d’une simple
connaissance : —Comme ces gens-là sont insolcns !...

O toi , bon abbé Tiberge , qui pensas aux Douteurs d’une Fille de
joie, et dont la jeune plume nous a dit, en deux volumes, que le mal
est sans cesse dans le cœur du bien! as-tu jamais songé, philosophe-
pratique , au curieux supplice que nous nommons — un bal ?...

Pour contempler d’un air sardonique et d’un regard railleur cette
grande attaque d’épilepsie, il faut, je le sais, avoir fait au moins trente
pas dans la vie, et ne plus se laisser prendre , comme des enfans
de famille, aux complimens d’une maîtresse de maison.

Ces beaux jeunes gens dont le visage resplendit, dont la voix est
flatteuse, ont le désespoir dans l’âme : ce sont des notaires qui ont
perdu la somme destinée à l’enregistrement d’un acte; — des employés
qui ont joué leurs appointemens du mois; — des militaires , leur pa-
role d’honneur; — des propriétaires , leurs réparations de moulins;_

des jeunes gens , le prix de leurs cachets de table d’hôte.

Et les gagnans sont des gens qui maudissent la fortune. —Elle vient
trop lard! — Demain le bilan sera déposé. — Alors ils jouissent de ce
bal, tous , comme un criminel, de son dernier repas. — En balançant
avec une danseuse aussi ravissante qu’une des Heures du Guerchin,
ils balancent les avantages de la noyade, du pistolet ou de l’asphyxie
par le charbon.

Et la danseuse a un corset neuf, dont un pli lui blesse les veines
bleues , la peau délicate du sein , ou dont le buse lui entre dans le flanc.
Elle sourit aussi gracieusement que cette Anglaise , reine de la mode,
attaquée par un cancer au sein ! — Cette autre jeune fille , si douce et si
modeste, battrait volontiers, n’était la décence, une de ses amies vers
laquelle se dirigent tous les regards. — Ce triomphe la tue.

Cette belle femme vive, animée , dont le coloris vous inspire l’amour,
doit cette magie à la fièvre. — Elle souffre horriblement dans ses
souliers, cette prison de satin , que vous admirez! Demain , pâle et demi-
morte , elle sera hideuse sur sa chaise-longue. — Cette beauté mélan-
colique , assise dans un coin , et qui lève vers vous , à la dérobée, un œil
timide et modeste, — cette suave fille d’Ossian, à la coiffure aérienne,—
sent tourbillonner la haine et l’envie dans son cœur : hier, idole d’un
bal au Marais, aujourd’hui délaissée!.... Ame hautaine et orgueilleuse,
elle voudrait, comme Néron , briser cette fête pour satisfaire sa colère.

— Ne fera-t-elle pas une adorable épouse?-Là, une femme de trente-

sept ans, dont le corps délicieux, les formes élégantes séduisent, voit
son dernier amant s’adressant à une coquette jeune et brillante. — Elle
va quitter le bal, car elle'étouffe , elle meurt. — Cet homme dira les

secrets de ce corps délicieux, de ces formes élégantes, et., adieu Paris..,
car sa rivale lui imprimera sur le front le fer chaud du ridicule....

La maîtresse de la maison est, sous le masque le plus agréable, en
proie à toute une agonie— La duchesse ne viendra pas, elle l’avait
annoncée!.. —Elle aperçoit des visages qui greffent l’ennui.surceuxqui les
regardent. — Elle tremble de voir éclater une querelle entre deux jeunes
gens. — Ses domestiques sont gauches.

Enfin, il n’est personne qui ne soit infrrieuremcnl grimaud , fâché.
— Celui-ci, vieillard usufruitier d’une jeimc femme, voudrait l’emmener
à minuit, au moment,où elle s’amuse et danse avec un jeune officier.
Il y a des pères de famille venus pour savoir leur sort, auxquels un minis-
tre annonce que leur place est supprimée; puis , des gens qui apprennent
des faillités à Londres, à Calcutta, ou une baisse de métalliques, autant
dire, — la ruine.

Une joie artificielle comme les fleurs qui sont sur les têtes,
des sourires faux comme ces parfums bâtards qu’exhalent toutes
les chevelures, une danse qui ne satisfait à aucune passion, une mu-
sique sans mélodie et sans âme, un plaisir de convention donnent à
cette assemblée une splendeur, un mouvement que rien ne peut
caractériser. — J’aime mieux le sabbat des forçais quand on les a
ferrés et qu’on les lâche dans leur préau. C’est horrible, mais c’est
vrai! Voilà une joie sans arrière-pensée! — Chiffons pour chiffons, pas-
sions pour passions, je préfère la nature. — Des chiens savans couverts
de broderies me font pitié, et j’ai toujours avec délices admiré les jeux
charmans de deux jeunes lévriers. Ces animaux sauteront tous avec une
égale ardeur sur les os d’un poulet, comme tous ces hommes sur une
masse d’or.— Toi seul, vieux Berthezène, homme antique, sortiras de
la Casauba , sans un schall, sans une moidore ?.. Toi, type incorruptible
des soldats républicains de 1794!

En cesmomens je crois aux serinons des prédicateurs surles pompes du
monde et les œuvres de Satan!... Si je comprends le tl^me simple d’une
vie monastique et le recueillement du cloître aux arceaux muets, —c’est
au bal!.. Oui, une existence qui devient une seule pensée vivante, féconde,
immortelle , est une œuvre sublime, incompatible avec les splendeurs de
la vie. — Il est vrai que le monastère est partout pour l’homme qui
pense. Le Comte Ai.ex. de B***.

CROQUIS.

It, avait attendu le bonhomme au coin de la rue Dauphine et de la
rue Contrescarpe. Là , d’un coup de marteau lestement asséné sur le
front entre les deux yeux, il l’avait tué, à neuf heures du soir, au milieu

du tumulte, en présence de tous les passons. Que de successions

s’ouvrent ainsi , par le fer ou par le poison !...

Aussitôt le coup frappé, il glissa dans les rues comme une anguille;
et, gagnant le passage du Commerce, alors obscur, sale et puant, il ar
riva sur la place de l’Odéon, y vint respirer l’air frais de la nuit; puis
présentant sa contremarque, au contrôleur, d’une main qui ne tremblait
pas, il reparut à côté de son voisin , au parterre.

■ — Les entr’actes sont longs!... dit-il.

— Oh! — et ennuyeux!... répondit le voisin.

_Hé, pourquoi n’êtes-vous pas venu au foyer?... demanda-t-il.

Le spectacle achevé, il rentra chez lui, fit ses paquets et partit pour
un voyage annoncé depuis long-temps.

Le lendemain, l’affaire causa quelque rumeur. Tous les journaux par-
lèrent de la mort de M. Joseph Coltin. C’était un assassinai si profondé-
ment médité, si curieusement exécuté, que les coteries, les salons, et
même les gens en boutique, s’en occupèrent autant que de Castaing,
plus lard.

La justice , la police, la famille de M. Collin , et le grand monde fu-
rent bien plus convaincus de la culpabilité de Stanislas de B... que s’il
eût été condamnépar une cour d’assises... Il était joueur, fashionnable et
homme à bonnes fortunes. Son mandataire, armé d’une procuration,
pleura pour lui au convoi et recueillit la succession. II y a souvent quel-
que chose d’atroce dans un alibi...

Dix neuf ans s’écoulèrent.

Figurez-vous un salon de Paris, un salon rempli de femmes élégantes
et frivoles, d’hommes sérieux et voués à des travaux politiques, mais qui
plaisantent, se permettent un calembourg, puis des jeunes gens, pleins
d’ardeur, d’amour et d’ambition, qui tous savent ce qu’un tilbury a de
prestiges; ce qu’une ravissante toilette a d’avantages... Un bon mot, une
réflexion profonde s’entrecroisent. — Y êtes-vous?...
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