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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 128 (18 Avril 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0098
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3" ANNÉE.

Numéro 128.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. Louis Desnoïers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Véro-Dodat.—
Tout ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à
M. Ch. Philipon.

CASTIGAT RIDENDO MORES.

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M. Cn. PHILIPON, directeur
du journal, au Bureau delà Caricature, galerie Véro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographies
d’Aubert.

POLITIQUE , MORALE

LITTERAIRE ET SCENIQUE.

AVIS.

Nous rappellerons à nos abonnés que le moyen d'éviter tout retard
dans la réception du journal, c'est de ne pas attendre le dernier mo-
ment pour renouveler leur souscription.

On souscrit chez tous les libraires et directeurs des postes, ou bien
en adressant franco à M. Aubert, galerie Véro-Dodat, le prix de
T abonnement par un bon sur la poste.

Apportant la plus grande attention à T exécution et au départ de
nos bandes, nous invitons les souscripteurs de i.a Caricature qui ne
recevraient pas les numéros auxquels ils ont droit, à faire légale-
ment constater cette absence, afin de nous donner les moyens d'exer-
cer nos poursuites contre qui de droit.

fjuitiï’ine ®fsstn ïre l’Slseoriatûm.

Celle planche était exécutée à la fin du mois de mars; mais le tirage a nécessité des
soins extraordinaires, et nous avons cru devoir retarder notre publication pourrie
pas livrer aux souscripteurs des épreuves défectueuses.

MM. Grandville et Jules David nous transportent en 1834. Le système odieux et absurde
qui pesait sur nous en i833 n’existe plus. Il est tombé au bruit des sifflets et des huées de
tous les partis. L’ère républicaine commence, belle, grande et pure de tout excès. La
liberté de la presse , qui a puissamment aidé au triomphe de ses sœurs, donne une fête à
laquelle assistent ses principaux amis, ceux qui ont souffert ou combattu pour elle, ceux
des représentans qui, en 1833, se récusèrent dans le procès scandaleux de ta Tribune, et
les rédacteurs des journaux patriotes et la Caricature, qui, bien jeune, prit aussi sa' part
des combats glorieux livrés à l’ennemi et qui, plus d’une fois, fut dangereusement blessée
aux avant-postes. Elle est là qui s’endort; son fouet dont les pointes acérées se rouillent,
son fouet tombe de sa main engourdie. Enlant de troupe, elle était faite à la vie active des
batailles , le repos la tue. Qu’elle dorme en paix , elle qui si souvent troubla le sommeil des
autres ! M. de Ludre, le courageux député de Nancy, la montre à son compatriote et ami
Grandville, en lui disant sans doute que l’œuvre de la satyre crayonnée est finie. Sur la
colonne qui soutient cette bonne Caricature on peut lire les noms des jeunes artistes qui
firent le succès de la petite feuille : Bouquet, David, Daumier, Dèperret, Forest, Gran-
ville, Julien, Philipon, Traviès et Watier. Quel dommage qu’il n’ait pas été permis d’y
ajouter les noms de ceux que leur position ou leurs liaisons d’affaires ou de famille empê-
chèrent , dans le temps, de signer les honnes charges dont ils enrichirent ce journal. Il
faut attendre que les derniers rejetons de la tige monarchique soient pourris; alors nous fe-
rons connaître tous nos collaborateurs, et l’on retrouvera parmi eux plus d’un nom connu
par des travaux d’un autre ordre. Ce regret n’est pas le seul que nous inspire la belle, page
de MM. Grandville et J. David. Avec quel chagrin ne voyons-nous pas que le moyen litho-
graphique ne leur a pas permis de rendre parfaitement les traits de tous ces hommes de
cœur dont le pays gardera la mémoire. Quel prix aurait acquis le dessin de nos camarades,
si la ressemblance de tous les personnages eût été complète! Mais cela était impossible. Le
grain de la pierre fait souvent dévier le crayon du chemin qu’on veut lui tracer, et il est
facile de concevoir que , pour une tète dessinée dans une si petite dimension , l’épaisseur
d’un trait, l’épaisseur d’un cheveu changent sensiblement la forme. Grandville et David
ont fait tout ce qu’on pouvait faire; ils ont conservé la masse, l’aspect général de la phy-

sionomie et les différences notables qui existent entre les caractères divers. Quelques per-
sonnages sont parfaits ; il cn est d’autres que la lithographie a bien défigurés, notamment
MM. Audry de Puyraveau, Garrel, Cavaignac, Marrat et surtout M. Laboissière.

Notre brave l.afayette reçoit un député de la jeune droite, M. Garnier Pagès, et parait
vouloir le présenter aux maîtresses de la maison, la liberté de la presse , la chétive et
maladive liberté de i83o et son aînée la belle et robuste liberté de 89. Derrière la liberté
de la presse, MM. de Cormenin et Maügüin lisent les statuts de l’association fondée, dans
les temps de persécution , par MM. Marchais , Etienne Arago et. autres , pour venir au
secours des journaux patriotes. — MM. Dupont (de l’Eure) et Audry de Puyraveau sont
placés derrière la liberté de i83o, à qui M. Armand Carrel semble demander des nouvelles
de sa santé chancelante. Marrat, rédacteur en chef de la fougueuse Tribune., qui, à. 1833.
fut assez heureux pour pouvoir, avec Cavaignac, dire à la chambie basse toute l’estim "
que nous professons pour elle , est là entre Armand Carrel et la liberté mère. M. Odiloq.V
Barrot s’est rapproché d’elle, il lui fait un semblant de cour. M. Laboissière, à qui la dévia-
tion du crayon a donné une tête poircilorme , chasse, à coups de pieds dans le juste-inilieu ,
un ex-sergent de ville qui s’est introduit dans cette réunion. Mais voyez la mine piteuse de
ce brave garde national qu’on entraîne dans le salon. Il a peur de se compromettre ou il
craint qu’on ait gardé le souvenir de ses hauts faits et qu’on les lui rappelle; peut-êire en
est-il encore à croire que la république est un monstre à bonnet rouge, un croque-mitaine
d’épiciers, qui ne se nourrit que de sang et de tètes coupées. Le pauvre homme n’est
pas fort !

Dans le fond, s’élève un buffet chargé de rafraîchissemens significatifs, ce sont des sa-
bres, des épées, des fourches, des fusils et surtout des pavés, tout cela surmonté de cet
Hôtel-de-Ville parisien, où les soldats improvisés par les ordonnances Polignai: se rafraî-
chirent en juillet. Ces armes dorment pour nous après notre triomphe; mais voyez se
presser autour d’elles Italiens, Belges, Polonais, Irlandais, Espagnols, Grecs , Allemands;
tous les peuples du monde veulent nous imiter. Puissent-ils réussir ! A gauche du buffet se
lit la déclaration des droits de l’homme, à droite on voit l’assemblée immortelle du jeu de
paume, qui fait pendant aux barricades de i83o. Les globes lumineux qui éclairent le salon
portent en inscription : Liberté de ta presse. La tribune dans laquelle est place l’orchestre
est ornée d’attributs et de symboles différens , dont le sens est bien clair. Les balances,
dont les plateaux se maintiennent dans un équilibre parfait, expriment cette égalité de-
vant la loi, qui ne tient compte ni du rang, ni des titres, ni de la fortune. Les branches
de chêne rappellent ces récompenses républicaines, aussi nobles que simples; le faisceau
d’armes exprime la force que donne l’union, et les mains réunies sont le symbole de l’é-
troite amitié qui doit lier les nations entre elles.

Ce gros père qui parait s’être chargé de faire rafraîchir les musiciens, c’est notre ex-ca-
marade de prison, notre excellent ami Antouy Thouret (ancien gérant du journal la Ré-
volution), qui s’est retiré de la scène politique après bien des sacrifices supportés pour la
sainte cause, après la perte de sa Santé et celle d’une grande partie de sa fortune. En lui
donnant un rôle comique dans cette composition et eu le caricaturant, nous prouvons
que ces plaisanteries sont sans importance à nos yeux, puisque, non contens de nous y
placer nous-mêmes , toutes les fois que l’occasion s’en présente, nous y luisons figurer nos
meilleurs amis. La caricature est un jeu dont les sots se fâchent, dont les gens d’esprit
savent rire et que nous faisons quand meme, parce qu’il nous amuse beaucoup et que l’es-
time des sots nous importe fort peu.

Ce dessin paraîtra peut-être un peu sérieux. Nous avons voulu imprimer à la collection
des lithographies mensuelles un caractère particulier. Si l’on daigne faire attention à nos
petites œuvres , on reconnaîtra que nous traitons différemment les dessins du Charivari,
ceux du journal la Caricature et ceux de l’Association, Le Charivari, est plus léger et
plus varié, la Caricature est plus âpre, plus incisive, et la Lithographie mensuelle est
toujours une espèce de résumé. Cependant, nous voulons tâcher de ne rien ôter par ce
caractère particulier à la variété que nous avons promise, et qui, nous le savons, est né-
cessaire pour consolider le succès des publications politiques. Aussi, le jpois prochain
donnerons-nous, en opposition à la soirée républicaine, une soirée chez M. Louis-Phi-
lippe Ie1, roi des Français et membre de la Légion-d’honneur.

Cuxqi.is.
 
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