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Le charivari — 49.1880

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https://doi.org/10.11588/diglit.26450#0008
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LE CïIAPJYAIU

Faut-il vous l’avouer? Ce n’est pas, sans un ser-
rement de cœur, que j’ai, pour la première lois,
changé le millésime de mon papier.

1880 Une dizaine nouvelle. Combien peu nous
en avons de ces dizaines à dépenser, et quoi de
surprenant à ce que, lorsque nous en avons dé-
pensé une, l’angoisse nous prenne un brin avant
d’en entamer une autre?

Mais je ne vous écris pas, Madame, pour vous
parler de moi.

C’est de vous que je veux vous eniretenir, en vous
taisant gratis cadeau d’une sénie de bons conseils,
qui pourront vous aider peuL-èlre à vous guider à
travers le monde.

Vous arrivez — il n’y a point à vous le dissimu-
ler — dans un moment où de bien grosses besognes
sont à faire.

Vous avez vu, n'esi-ce pas, les rues de Paris en-
core encombiées par les derniers amoncellements
de la neige d’antan. Eh bien ! ce gâchis n’est rien
en comparaison de celui que vous aliez avoir à dé-
blayer.

Gâchis politique, littéraire, financier, moral...
Que sais-je? Tenez ferme le balai, ou vous êtes
peidue.

Et d’abord, chère Madame, il serait absolument
temps d’en finir avec les détritus de la question
d’Orient.

Il y a là-bas, dans un com oublié, une commis-
sion qui prétend chercher à délimiter les frontières
greco-turques. Si vous ne nous débarrassez de ce, te
farceuse, on va commencer à vous siffler avant la
fin de votre premier mois.

La question de l’Afghanistan n’est pas beaucoup
plus limpide. Vous devriez bien tâcher de faire
comprendre à l’Angleterre qu’elle joue un jeu plein
de périls, et traduire en anglais, à son usage, le
proverbe : « Qui trop embrasse mal étreint. »

Du côté de la Russie, si vous avez la prétention
d’en finir avec le nihilisme, vous aurez encore pas
mal de travail.

Mais permeltez-moi de me soucier plus spéciale-
ment de mon pays en recommandant plus particu-
lièrement à votre attention les tâches qui le con-
cernent.

Elles sont multiples.

Allons, chère Madame, manches retroussées ! et
allons-y de bon cœur !

Eu premier lieu, fort balayage du fonctionnarisme
véreux, de ces serviteurs de la République qui s’em-
busquent dans leurs places pour guetter le moment
d’ouvrir la porte à un complot.

En second lieu, du côté de la magistrature... Le
sujet, ici, exige quelque ménagement.

Si, comme je le rappelais plus liant à l’Angle-
terre, qui trop embrasse mai étreint, ce dicton a un
pendant qui se pourrait ainsi formuler : « Qui veut
trop réformer ne réforme rien. »

Mais ce n’est pas une raison pour laisser, à l’abri
d’une inamovibilité perfide, certains juges faire de
la justice la complice des partis.

Sur ceux-là, j’ose l'espérer, vous frapperez sans
pitié, et vous aurez rendu un vrai service à la mo-
ralité même de dame Thémis.

Un progrès qui s’impose encore à vous, chère
madame, c’est le rétablissement du divorce.

Allons, ferme 1 poussez et ne vous arrêtez dans
votre effort que lorsque vous aurez touché le but.

Le mariage indissoluble a fait assez de victimes.
Tenez à honneur de n’en pas accroître le nombre,
et sans vous inquiéter des clabauderies cléricales,
en avant pour la raison !

Les clabauderies cléricales! Vous les rencontre-
rez dès vos premiers pas, quand vous allez avoir à
résoudre par un vote définitif le problème soulevé
par l’article 7.

Pas de faiblesse ! Il faut décapuciner la France,
ou la France est perdue.

Il faut aussi la dénaturalismer. Pardon du mot.
Il est moins barbare encore que l’école contre la-
quelle il proteste.

Au nom du salut littéraire, pour l’honneur du
goût national, balayez, Madame, balayez.

Renvoyez au collecteur ce qui appartient au col-
lecteur.

Par la même occasion, délivrez-nous, en art, de
Y impressionnisme et de ses extravagances prémé-
ditées.

Nous dégringolons, chère Madame, nous dégrin-
golons horriblement.

De darwinisme en darwinisme, nous finissons
par arriver à la décadence immédiate. |

Mettez-vous en travers, je vous en conjure.

Puis aussi, prenez votre courage à deux mains,
et tâchez de soustraire aux risées de l'Europe la
patrie de Voltaire, envahie par les fabricants de
miracles apocryphes, par les fondateurs de grottes
à prodiges, par les exploiteurs sans vergogne de la
superstition couarde.

Cette Couitille du fétichisme est sinistre. Assez !...

Pendant que vous y serez, chère Madame, jetez
donc un coup d’œil du côté de la Bourse.

Il y aurait par là lieu de procéder à un fier éche-
nillage...

Mais je m’aperçois que ma liste s’allonge déme-
surément.

Ne vous en demandons pas trop.

La plus laborieuse année du monde ne peut don-
ner que ce qu’elle a de bonne volonté et de force.

Je vous tiendrai quitte du reste, si vous réalisez
le programme ci-dessus.

Tenez !... je ne veux pas être exigeant... Faites-
en seulement lamoilié, et votre mémoire sera bénie
par la reconnaissance de

Votre très humble serviteur,

INCOGNITO.

LA PATIENCE EN POLITIQUE

C’est une belle vertu que la patience, et moins
rare qu’on ne croit.

Chacun la définit à sa manière, c’est-à-dire selon
ses intérêts.

Le pi ètre vous dira que c'est la vertu des croyants.
S’agit-il d’un pauvre diable qui n’a pas un morceau
de pain à se mettre sous la dent : Patientez, mon
enfant, ce monde est un séjour d’épreuves suivi de
toute une éternité de féliciié.--.

Le moraliste prétend que c’est la vertu des gran-
des âmes qui savent résister avec constance contre
des maux inévitables. Tous les philosophes, les
pieds sur leurs chenets, sont d’accord en ce point.

Et bien d’autres définitions encore qui peuvent
se traduire ainsi : laissez-moi aller tranquillement
mon petit train train, et croyez qu’au fond tout est
pour le mieux dans le meilleur des mondes pos-
sibles.

Ecoutez tous nos politiques, j’entends nos grands
fonctionnaires, tous les gros émargeurs, en un mot,
ils vous diront : Mon Dieu! de quoi se plaint-on?
Est-ce que ça ne va pas? Les pires gens sont les
impatients, qui veulent faire des pas de vingt bras-
ses, qui s’imaginent qu’il n’y a qu’à vouloir, qui
prétendent tout embrasser d’un coup. Patience,
laissez-nous faire; nous arriverons: le monde ne
s’est pas fait en un jour. Tout-puissant qu’il était ;
le bon Dieu en a mis six.

Il y a du vrai.

Je songe toutefois à une autre définition de la
patience, donnée, — à moins que la mémoire ne
nous fasse défaut — par lord Byron :

La patience, dit-il, est la vertu des ânes.

Loin de nous la moindre allusion; parce qu’on
est un grand homme politique, ce n’est pas une
raison pour avoir de grandes oreilles.

Mais étendant quelque peu la comparaison, ou
du moins la définition, nous dirons : Si nos auto-
rités politiques ne font rien, serait-ce qu’elles ne
savent pas quoi faire ?

Nos députés, groupés en escadron, exécutent des
carrousels divertissants à voir, mais inutiles.

Eh ! mon Dieu, ce n’est pas une critique, c’est
une constatation de leurs actes.

Qu’est-ce que font à la France vos groupes de
gauche, centre gauche, union républicaine, extrême
gauche? Est-ce que le pays vous a nommés pour
ces distinctions ridicules ? Il vous a nommés pour
agir. Quand agira-ton?

Alfred Bougeart.

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NOUVELLES A LA MAIN

B..., directeur d’administration, constate que C... son
premier commis, fait la cour à sa femme ; le cas est
grave; heureusement un poste de contrôleur principal
devient vacant dans une résidence éloignée. B... se hâte
de proposer C .. au ministre ; mais comme il faut justi-
fier cet avancement, excessif au point de vue hiérar-
chique, il met bravement en regard de la proposition :
services exceptionnels.

M..., viveur sans scrupule, aborde N... et lui de-
mande cinq louis.

— Non, répond N..., je vous ai prêté cinq cents
francs... Je dois même vous déclarer que je trouve
votre façon d’agir assez extraordinaire... l’autre jour
vous avez gagné deux cents louis au cercle devant moi,
et vous ne m’avez pas rendu un centime.

— Je n’ai pas osé.

S... montrait à quelques amis une superbe montre à
cuvette envoyée par son oncle à l’occasion du jour
de l’an.

— Ah I soupira un bohème, si j’avais une montre à
cuvette 1

— Que ferais-tu ?

— Parbleu! Je la laverais.

La race des mystificateurs n’est pas près de périr en

France.

L’autre jour, un monsieur, fort convenablement vêtu,
à l’aspect vénérable, se présenta au ministère de l’ins-
truction publique, et demanda à fouiller les archives.

— A quel litre? dit l’employé.

— Je suis chargé de faire des recherches historiques
pour le Journal des Abrutis.

Dans un boudoir.

Raoul et Marguerite sont assis sur un canapé ; les
mains voluptueusement enlacées, ils échangent des
regards langoureux.

— Oli Marguerite, s’écrie Raoul avec transport, il n’y
a que toi qui saches aimer?

— C’est ce que tout le monde me dit.

Une courte prière italienne qui ne manque pas de

saveur :

Mon Dieu, faites que je ne me marie pas !

Et si je me marie, faites que je ne sois pas trompé 1
Et si je suis trompé, faites que je ne le sache pas l
Et si je le sais, faites que je m’en moque.

Nana est couchée; Alphonse, quia naturellement ses
petites entrées, la surprend mangeant un de ces bis-
cuits qu’on a l’habitude de ne prendre qu’àjeun.

— Tu sais, ma chère, ces petits biscuits, ça ne dit
pas grand chose.

— Bah I fait Nana.,. à la fortune du pot.

Un vrai mot d’égoïste.

Le jour de Noël, X... va rendre visite à Z..., dont la
femme est assez dangereusement malade. Z... venait
de déjeuner et était encore dans la salle à manger.

— Comment 1 s'écrie X..., sévèrement, dans l’état de ^
santé de votre femme, une bouteille de champagne
vide sur la table !

— Soyez tranquille, répond Z... elle n’en a pas bu.

Léon Audibert.

Le gérant : Altaroche.

Baris. — Imprimerie J. Voisvenel, 24, rue Cfiauchat,
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