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Le charivari — 49.1880

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Janvier
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https://doi.org/10.11588/diglit.26450#0015
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QUARANTE-NEUVIÈME ANNÉE

Prix du Numéïa î 2 B centimes

DIMANCHE 4 JANVIER 1880

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an. 72 —

Les abonnements parlent des fer et ig de chaque moK

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef.

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 20 &>.

Six mois. 40 ^

Un an. 80 ~~

L’abonnement d un an donne droit à la prime gre$$&

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef.

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité

Rue Fléchier, 2.

BULLETIN POLITIQUE

Réceptions officielles sans signification.

Vœux selon les clichés.

Les finassiers qui guettaient les impressions de
M. Grévy et de M. Gambetta, n’ont pas fait leurs
frais.

Occupons-nous de moindres questions, mais d’un
intérêt fort direct.

D'abord du cloaque parisien.

Je ne^ sais si vous avez vu la rue de Rivoli, par
exemple. Des monceaux de neige ont été apportés
le long des grilles du jardin.

Or, cette neige était truffée de détritus, de fu-
miers, de putréfactions variées.

Tout cela fermente, se désagrège, suinte.

Hideux !

Le purin coule dans le ruisseau, comme à Fouilly-
les Oies.

De quel droit, en vérité, apporte-t-on dans un
quarlicr les immondices d’un autre quartier?

Sous l'Empire, on ne nettoyait que les rues ri-
ches. On n’a presque l’air, à présent, de ne nettoyer
que les rues pauvres.

Nous n’admettrons pas] plus la flagornerie qui
vise en bas que la flagornerie qui vise en haut.

Il est évident que le principe de complète égalité
n’est pas même applicable ici.

Il serait saugrenu.

11 est évident qu’on doit nettoyer d’abord les
voies les plus passagères. C’est l’intérêt général.

La lumineuse idée de transformer certains coins
de Paris en dépotoirs datera dans l’histoire de la
voirie.

Mais qu’on se hâte, en vérité, de mettre fin à
cette plaisanterie lugubre.

Ou risque d’empoisonner ainsi toute la popula-
tion,

La vérité avant tout.

Cette même vérité nous oblige à constater qu’on
a procédé avec une maladresse immense dans la
question du retrait des pièces démonétisées.

Comment 1 On fait celte opération aux abords du
jour de l’An ! C’est-à-dire au moment où les besoins
de petite monnaie sont surtout impérieux ?

Il en est résulté dans le commerce une déplo-
rable perturbation et un malaise général.

Toutes les transactions ont été entravées ou ra-
lenties.

-Comme c’est commode pour un marchand, à la
boutique encombrée, de prendre une loupe pour
regarder le millésime d’une pièce grecque, belge ou
française, avant de savoir s’il peut ou non la rece-
voir !

Il était si simple de reculer le retrait jusqu’au
1er avril, ou, si l’on était pressé, de l’avancer au
1er octobre !

Mais pas du tout 1

On prend le 31 décembre.

Questions de détail, si vous voulez.

Mais c’est avec les détails qu’on indispose d’a-
bord, qu’on exaspère ensuite.

La République devrait être plus intelligemment
soucieuse de sa popularité.

Et parbleu! puisque j’y suis, allons jusqu’au
bout.

On annonce une réforme radicale dans le classe-
ment du Salon.

Désormais chaque genre aurait son coin spécial.

Il y aurait la salle des marines,

La salle des natures mortes,

La salle des tableaux de genre,

La salle des poitraits.

Bien franchement, l’innovation nous semble tou-
à fait regrettable.

Vous figurez-vous l’aspect lamentablement mo-
notone d’un compartiment où l’on verra, par exem-
ple, cent, deux cents falaises avec coin de mer?

Et celui où seront entassés des douzaines de
harengs-saurs, de pommes, de homards, de radis
noirs I

Mais c’est la section des portraits qui sera parti-
culièrement crispante.

Cinq cents bonshommes et bonnes femmes de
face, de trois-quarts, de profil...

Ce sera à mettre en fuite les plus intrépides !

Au quinzième portrait, l’écœurement commen-
cera! au vingtième, mal de mer; au trentième, on
emportera les critiques d’art sur des civières.

J’ai lu cependant qu’on procédait ainsi à seule fin
de leur faciliter la besogne.

Juste ciel! Le drôle de moyen!

Mais ce système aura, au contraire, pour résultat
infaillible, d’émousser l’appréciation en la blasant.
Est ce que l’indignation facilita jamais la dégusta-
tion, par hasard?

Sans compter que les recherches seront plus dif-
ficiles qu’avant.

Je veux voir un portrait peint par un artiste dont
le nom commence par un F...

Je vais à la salle F..., et facilement je le distingue
au milieu des toiles sur la variété desquelles il
tranche.

Mais quand des avenues de nez, de bouches,
d’yeux, se profileront devant moi, comment pour-
rai je m’y reconnaître, dieux bons?

Soyez-en convaincus, le classement projeté sera
le plus court chemin de la satiété au dégoût.

Une seule expérience suffira à le démontrer.

Mais à quoi bon la faire, cette expérience?

Une administration républicaine dans le sens vrai
du mot — et c’est par-là que ces épisodes accessoi-
res se rattachent à la politique et sont enregistrés
ici — une administration républicoine ne doit ni
négliger les réformes utiles, ni courir après les ré-
formes puériles.

C’est par ces riens qu’on prête le flanc, disons
le mot, à la blague.

Et la blague est terrible en France, où les coups
d’épiugles font les plaies les plus envenimées.

Pierre Véron.

--.—-

francs propos b’nn ©lecteur

ÉCHEC A L’ÉCHAFAUD

L’autre jour, je lisais dans le XIX0 Siècle un ar-
ticle d’un écrivain dont le talent se rehausse de sin-
cérité et de bon sens.

L’article de M. Charles Bigot racontait une abo-
minable, une terrifiante histoire.

Une histoire d’hier, que les annales judiciaires
vont enregistrer à côté du cas de cette femme à qui
les tortures de la prévention avaient arraché l’aveu
d’un parricide qu’elle n’avait pas commis.

Ici ce n’est pas un coupable qui avoue.

C’est le témoignage d’un enfant qui est sur le
point de mener son père et sa mère à la guillotine;

-ofgo—

Voici les faits tels ‘que les racontait M. Charles
Bigot :

« Un mari et une femme ont un domestique, un
pauvre être disgracié et contrefait. Un jour, le do-
mestique disparaît. C’est le lendemain où le bruit
s’est répandu qu’il a fait un héritage. Il disparaît, et
l’on ne retrouve plus sa trace. Nul noute : ce sont
les maîtres qui, apprenant que leur domestique a
hérité, l’ont supprimé pour s’emparer de l’héritage.
Ils ont la main lourde, ils passent pour brutaux. De
la brutalité au crime le passage est facile : un voi-
sin les dénonce, et voilà ces gens accusés d’assas-
sinat.

» II n’y a point de preuves matérielles contre eux.
Attendez. Un témoin se lève, et quel témoin! Leur
enfant même. Ce n’est, il est vrai, qu’un enfant de
cinq ou six ans. 11 a vu son père et sa mère saisir
le domestique, lui enfoncer la tête dans le purin
jusqu’à ce qu’il fût étouffé. On s’est arrangé ensuite
pour faire disparaître le cadavre. Il a vu la scène, il
la raconte, et toujours avee les mêmes détails pré-
cis, irrécusables. Qui accusera de mensonge ce té-
moin, alors surtout qu’il dépose contre son père et
sa mère ? »

Voilà le premier acte du drame.

Passons au second :

« Au moment où l’instruction est terminée, au
moment où ils vont passer en cour d’assises, un
bruit singulier se répand. Le domestique qu’ils ont
assassiné n’est pas mort. On l’a vu, il est revenu
au pays, on l’a reco nu, et son signalement no
permet pas l’équivoque. C’est lui qui était parti
pour recueillir l’héritage auquel il croyait avoir
droit, et qui revient sans autre résultat que d’avoir
dépensé ses économies. C’est bien lui; il ne reste
plus qu’à rendre une ordonnance de non-lieu, à
remettre en liberté les prévenus retenus depuis six
mois sous les verrous, en leur faisant des excuses,
ou même sans leur faire d’excuses.

»Oui; mais si leldomestique n’était pas revenu? Si
un accident l’eût fait disparaître en route, maladie
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